«Le style, c'est l'homme». Cette phrase de Blaise Pascal, devenue désormais légendaire est aujourd'hui conjuguée au féminin par la nouvelle patronne des patrons, en la personne de Meriem Bensalah Cheqroun. Celle qui vient de prendre les commandes de la CGEM est une patronne pas comme les autres. Celle qu'on appelle «Madame Bensalah» dans son entourage proche est une dame de fer au cœur de velours. Les témoignages qui se succèdent ces derniers jours pour parler de la nouvelle présidente de la CGEM l'esquissent en un portrait très spécial. Pour une première au Maroc, loin des clichés de la promotion de la femme et de la discrimination positive. Meriem Bensalah préfère parler de compétences, d'expérience et de rigueur, tout en gardant une touche presque naturelle de féminin. C'est ce qui pourrait alors justifier cette ambivalence sous forme d'équilibre, qu'elle semble cultiver. Discrète mais curieuse, dure mais généreuse, occupée, mais à l'écoute... Tout laisse finalement penser que la nouvelle patronne des patrons fait preuve d'un sacré sens de l'équilibre. Une répartition donc équitable entre Bensalah la femme et Bensalah la présidente. Beaucoup de femmes aux postes de responsabilité se reconnaîtront peut être dans ce dilemme, qui est parfois celui d'allier sentiments et décision, les deux étant souvent contradictoires. Toutefois, pour Meriem Bensalah, la contradiction sur ce terrain n'existe pas. Il n'est alors pas question de parler de spécificité féminine puisque pour elle, «il ne s'agit pas de faire des distinctions de genre, mais plutôt de compétences et la notion de chef d'entreprise doit être asexuée», explique-t-elle, avant d'ajouter : «Envisager le travail avec une femme d'une manière spécifique ne serait plus du business mais de la gestion d'humeur». Le ton est donc donné, madame Bensalah est une pragmatique ! «L'exigence est l'un des traits de caractère qui lui sied le plus», répètent ses proches collaborateurs et son côté battante fait qu'elle ne ménage jamais aucun effort pour atteindre ses objectifs. En deux mots, la nouvelle patronne a une façon d'être et de travailler qui a de quoi rassurer les plus pragmatiques. Interrogés, ses proches la qualifient de joyeuse, humaine, serviable et aimante. Rien de surprenant donc pour celle qui se veut membre de nombreuses associations et fondations telles que la Fondation Mohammed V, et l'Association Lalla Salma pour le cancer. Ajoutez à cela son sens de la disponibilité, avec de nombreuses mobilisation bénévoles, notamment dans le domaine de l'environnement, avec l'organisation de la journée de la terre ou encore le pilotage du festival de Casablanca. Engagement humanitaire Au-delà de la mobilisation de ses compétences pour des causes humanitaires, madame Bensalah sait donner ... Principale donatrice de nombreuses associations, elle aime assister les gens dans le besoin et aider les étudiants à réaliser leurs ambitions, en mettant à leurs dispositions des bourses, qu'elle finance à titre personnel. Les étudiants d'Al Akhawayn, dont elle est membre du conseil d'administration en savent quelque chose. Sur le plan familial, on la décrit comme une mère tendre et attentionnée pour ses 3 enfants. Son secret ? Aucun, si ce n'est de la conviction, de la rigueur et de l'organisation croit-on savoir autour d'elle. Etat très réservée, Bensalah est une femme d'affaire redoutable et déterminée mais qui n'aime pas trop parler d'elle. Elle préfère communiquer peu mais efficacement, parler des réalisations au lieu des objectifs et des espoirs. Les présidents de fédération qui l'ont rencontrée en début de semaine ont découvert une «courtermiste» qui refuse de faire de fausses promesses ou de se projeter trop loin dans le temps. «J'ai un mandat de trois ans et je vais fixer des objectifs réalisables dans ces délais», a-t-elle martelé. Ceux qui voulaient de la visibilité ont été servis. ses interlocuteurs ont également décelé chez elle «une capacité extraordinaire de travail» et ce n'est pas plus mal dans le contexte actuel. On l'aura compris, Meriem Bensalah est une fonçeuse et une mobilisatrice des énergies. Ceux qui auront affaire à elle, à l'avenir sont prévenus, la patronne des patrons ne badine pas avec ...le travail. Sa force de caractère, on la retrouve également dans ses passions. Celle plus partucilièrement des grosses motos, de la mer et des randonnées. Une passion qu'elle partage avec son conjoint et sa famille à travers des virées et des voyages. Ses amis racontent qu'elle a une grande admiration pour les pays scandinaves et pour leur modèle démocratique. Elle s'en inspirerait souvent dans sa façon de gérer ses affaires au quotidien. Elle ne craint pas le risque, ni l'aventure mais s'arrange toujours pour obtenir des résultats, en gros une baroudeuse. Kadmiri, la compétence d'un colistier Avec Meriem Bensalah, un fonceur... discret. Sans surprise, le PDG de Schiele Maroc, Salaheddine El Kadmiri, sera le bras de droit sur lequel la patronne des patrons devra compter. Retour sur le parcours du n°2 de la CGEM. Diplômé de l'Ecole centrale de Paris, l'ancien fonctionnaire du ministère de l'Industrie et du commerce est qualifié de «travailleur» et de «courageux» par ses proches. Ces deux valeurs qu'il partage avec sa colistière auront vraisemblablement été ses leitmotivs pour se lancer dans le défi de l'entrepreneuriat. Brillant, de par son parcours scolaire, il enchaîne école prépa à Nancy et Ecole Centrale de Paris pour finalement décrocher le titre «d'ingénieur généraliste». De retour au Maroc, après un bref passage dans le secteur public, Kadmiri ne choisit pas la facilité et au lieu de s'inscrire dans la continuité de son père, préfère se détacher pour créer sa propre entreprise, avec son frère et qu'ils baptisent Ceac. Très vite, il naviguera sur d'autres rives, en faisant l'acquisition en 1995 de Schiele Maroc, opérant dans le domaine de l'automatisme, de l'électricité industrielle, des armoires et des tableaux électriques. Pour se positionner en véritable homme d'affaires, Kadmiri n'aura pas beaucoup de secrets, si ce n'est la «rigueur». Ainsi en témoigne son combat encore inachevé contre les délais de paiement qui font preuve d'un manque de sérieux dans le travail. Du dynamisme ? Kadmiri en a aussi, ce qui lui a aussi valu le poste de président de la commission PME à la CGEM. En somme, chaque action de cet homme semble traduire un trait de caractère spécifique pour des résultats jusque là toujours honorables. Avec ce portrait à peu près dressé d'un homme très discret, tout laisse transparaître une relative compatibilité entre les deux nouvelles têtes, qui coiffent la Confédération. Pour l'heure, il n'y a pas de temps à perdre pour la présidente et pour son vice-président. Sur ce point, les deux violons s'accordent et les deux caractères s'entendent...