La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) devra élire aujourd'hui, 16 mai, son nouveau président, lors d'une assemblée générale. Dans les coulisses de la CGEM, c'est Meriem Bensalah Chaqroun, coresponsable du groupe familial Holmarcom, et directrice générale des Eaux minérales d'Oulmès, qui est l'unique candidate pour occuper ce poste puisqu'elle a le soutien des candidats hommes, à l'instar du président sortant, Mohammed Horani, et d'Abdelillah Hifdi, président de la Fédération Nationale des Transports Routiers. « J'ai déclaré plusieurs fois, en toute sincérité, que mon souhait était de voir une femme chef d'entreprise à la tête de la CGEM. Aujourd'hui, et pour la première fois dans l'Histoire de la CGEM, qu'une femme marocaine a osé présenter sa candidature à la présidence, je ne peux que m'en réjouir. Tout en félicitant Madame Meriem Bensalah Chaqroun et en lui apportant tout mon soutien, je déclare que je n'ai plus aucune raison de présenter ma candidature », avait déclaré récemment M. Horani lors d'une rencontre. Pour M. Abdelillah Hifdi, « ce sera la première fois dans la région arabo-africaine qu'une femme prendra les commandes du patronat. C'est donc un signal très fort à l'extérieur du Maroc », s'est réjoui M. Hifdi. Ce qui renforce aussi son dossier de candidature : de nombreuses voix dans les milieux d'affaires soutiennent Meriem Bensalah, classée 21ème du Top 50 des entrepreneuses arabes par le célèbre magazine américain Forbes. Diplômée de l'Ecole supérieure de commerce de l'Université Paris 9 Dauphine et de l'Université de Dallas aux Etats-Unis, où elle a obtenu un MBA en finances, la future patronne des patrons, qui serait la première femme marocaine à briguer le poste, est aussi membre du Conseil monétaire de Bank-Al Maghrib. Elle est également présidente du Conseil euro-méditerranéen pour la médiation et l'arbitrage, et administrateur de la Fondation Mohammed V. Dans un contexte de crise économique mondiale, la future présidente sera appelée à renforcer la CGEM dans son rôle de représentation et de défense des intérêts des entreprises, et d'agir dans le sens de la levée des clivages entre entreprises, sans oublier l'amélioration du climat des affaires, ou encore la réforme du Code du travail et la loi sur la grève… « La CGEM est une institution démocratique et représentative qui fonctionne correctement, et ce, grâce au travail accompli par l'ensemble de mes prédécesseurs. Ceci étant, notre ambition est de permettre à la confédération d'accompagner activement les grands changements en cours dans notre pays. Les entreprises ont une responsabilité qu'elles assument et continueront d'assumer pleinement, et ce, en partenariat avec les pouvoirs publics et les partenaires sociaux. La CGEM devrait agir encore plus pour les PME et s'ouvrir également davantage sur celles-ci et les jeunes entrepreneurs pour leur permettre de se développer, de créer de la richesse, de l'emploi et donc de la croissance. Cette ouverture lui permettra de se renforcer et de développer sa base », avait-elle souligné dans un entretien accordé récemment à un confrère casablancais. Pour ce qui est des priorités de l'unique candidate à la présidence de la CGEM, Mme Bensaleh Chaqroun avait indiqué : « C'est simple, nous voulons réhabiliter l'acte d'entreprendre. Il faut libérer l'initiative privée, rehausser le moral des patrons et des entrepreneurs marocains pour qu'ils soient fiers d'être ces locomotives que l'on doit célébrer à leur juste valeur. La conjoncture que nous traversons est difficile, mais on doit l'accepter sans combattre. Nous devons être offensifs. Dans ce nouvel esprit de consultation constitutionnelle, nous voulons impliquer la CGEM dans la conception, le pilotage et la mise en œuvre de programmes sectoriels comme le pacte national pour l'émergence industrielle, destiné à renforcer notre industrie que nous avons, malheureusement, trop longtemps négligée. Il faut par ailleurs être un élément actif de la régionalisation économique. Il est également primordial de développer la compétitivité de l'offre Maroc en travaillant sur la fiscalité, le cadre juridique et l'ouverture sur de nouveaux marchés, notamment en Afrique. La formation de notre capital humain et l'adaptation de cette formation aux besoins du marché revêtent une importance primordiale aux yeux des entrepreneurs. Il faut améliorer l'environnement juridique de l'entreprise marocaine en adoptant, au plus vite, les textes et les réformes à même de doper sa compétitivité et améliorer ses performances. Nous devons être pragmatiques et nous atteler à la promulgation du décret d'application de la loi sur les délais de paiement qui déséquilibrent et mettent en péril toutes nos entreprises ». S'agissant de sa vision pour le dialogue social, elle avait noté que celui-ci « est un élément nodal de la croissance et du développement économique d'un pays. La CGEM est un partenaire responsable et engagé aux côtés du gouvernement et des partenaires sociaux dans le cadre du dialogue social. Le climat de confiance qui s'est peu à peu instauré au fil des ans entre les trois partenaires est un acquis qu'il faut préserver. Cela dit, nous devons travailler tous ensemble pour sortir de la logique des tensions récurrentes et du dialogue de sourds. La nouvelle Constitution a clairement consacré un ensemble de droits tels que le droit syndical, le droit d'entreprendre et le droit de grève. Mais il faut savoir que notre future et forte insistance à légiférer sur la réglementation du droit de grève est une revendication forte et légitime, non seulement pour nos entreprises, mais également pour nos cadres, employés et ouvriers ». Pour la vice-présidence de la CGFEM, c'est Salaheddine Kadmiri, PDG de Schiele Maroc, qui est candidat au poste. « La plate-forme de la candidature repose sur sept axes majeurs: booster l'industrie, développer la compétitivité de l'offre Maroc, développer le capital humain, faciliter l'accès aux financements, améliorer l'accès aux marchés publics, promouvoir l'environnement juridique de l'entreprise, aider l'entreprise à assurer sa responsabilité sociale et rendre opérationnel le partenariat public-privé », avait-il noté récemment à Tanger, lors d'une rencontre avec les acteurs économiques et membres de l'Union régionale Nord du Patronat. Une rencontre qui a été une opportunité pour lui et Mme Bensaleh Chaqroun d'exposer une plate-forme d'idées traçant les grands axes de l'action de la CGEM pour le prochain mandat, ainsi que de communiquer de manière directe avec les entrepreneurs locaux et s'enquérir de leurs problèmes et attentes. Créée le 20 octobre 1947, la CGEM est une association privée regroupant les entrepreneurs du Maroc. La Confédération représente des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs (industries, commerce et services) sur l'ensemble du territoire, 95 % de ses adhérents sont des petites et moyennes entreprises (PME). Elle constitue, à ce titre, un interlocuteur de poids auprès des pouvoirs publics et des partenaires sociaux. Force de proposition pour la compétitivité des entreprises et la prospérité de l'économie marocaine, la CGEM s'attelle, au niveau national, à promouvoir l'initiative privée. Sur la scène internationale, elle participe activement à la promotion de l'économie marocaine et des investissements étrangers en direction du Maroc.