Aujourd'hui se tient le CA de la Confédération générale des entreprises du Maroc, avec, à l'ordre du jour, la validation des candidatures déposées. À l'heure où nous mettions sous presse, la course à la tête du patronat se résumait à la candidature unique de Meriem Bensalah Chaqroun. Le retrait de la course de Mohamed Horani, actuel président de la CGEM et d'Abdelilah Hifdi, président de la Fédération du transport, lui balise le terrain pour devenir la première femme à prendre la tête du patronat. Mais, quel projet a-telle pour la CGEM ? «Pour l'instant je ne peux pas communiquer tant que ma candidature à la présidence de la CGEM n'est pas validée par le Conseil d'administration», répond-elle courtoisement. Conseil qui se tient en principe aujourdh'ui. Concrètement donc la candidature de Meriem Bensalah Chaqroun n'est pas encore effective. Pour qu'elle le soit, la candidate doit se prévaloir du soutien de 100 entreprises affiliées à la CGEM. Encore faut-il que ces dernières soient éligibles dans le sens où elles sont en règle en matière de cotisations. La candidate doit aussi se prévaloir du soutien d'au moins trois régions. Redorer le blason de la CGEM Sur ce point comme sur celui de l'appui des entreprises affiliées, le pari semble d'ores et déjà gagné puisque la candidate semble dorévanant faire l'unanimité. Des régions comme Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech ou encore Agadir lui ont apporté leur soutien. Aucun doute donc sur le soutien pour la candidate même si elle préfère respecter les procédures et ne pas faire de sortie précipitée. Aussi, pour en savoir plus sur le programme qu'elle devrait mettre en œuvre, il faut chercher les priorités du côté de ses soutiens qui révèlent par la même occasion le secret du consensus autour de sa candidature. «Les dernières sorties du gouvernement, contradictoires avec le discours initial, ont déstabilisé les hommes d'affaires», avance un hommes d'affaire proche de Bensalah, avant d'expliquer que cette candidature est sensée ramener la confiance des investisseurs aussi bien marocains qu'étrangers, en réaffirmant le rôle de la CGEM en tant que contre pouvoir et par ricochet donc, de ramener la croissance. D'aucuns estiment que c'est d'abord une question d'image et la candidature de Meriem Bensalah Chaqroun va dans le bon sens, même si ce n'est pas gagné d'avance. Un membre du patronat, qui soutient la candidate, va plus loin en affirmant que l'un des principaux objectifs du prochain mandat sera d'affirmer l'autonomie et la force de proposition de la CGEM. Par ailleurs, les soutiens de Bensalah plaident qu'il faudra aussi trouver les moyens de créer des élites régionales. Une question cruciale à l'heure où la mise en œuvre du projet de régionalisation est imminent. Autre dossier chaud qui attend la candidate : Le rayonnement à l'international. «La CGEM est pour l'instant loin des centres de décision à l'international», confie un président de fédération donnant comme exemple la Tunisie qui peut se targuer de pas moins de 25 cabinets de lobbying à Bruxelles et 27 aux Etats-Unis. Il y aurait donc beaucoup à faire pour rattraper le retard en la matière. Or c'est avant tout une question de moyens. En effet, pour mener ce genre d'actions, il faut pouvoir y consacrer les budgets nécessaires. Aussi, faut-il pouvoir activer le recouvrement des cotisations, voire, mettre en place des actions créatrices rémunératrices pour accroître les ressources de la confédération. Réforme interne Un passage obligé pour ne pas retomber dans le scénario ou d'anciens présidents prenaient à leur propre charge les frais liés aux actions de la CGEM. Meriem Bensalah Chaqroun réussira-t-elle ce pari ? Il faut attendre ses premières actions pour s'en assurer comme pour s'assurer qu'elle n'éludera pas le dossier des réformes internes. Car, si la candidate est attendue sur ce qui concerne sa relation avec l'extérieur, le chantier interne et non moins important pour les membres. Une source en off avance que l'actuel président avait soigneusement évité cette question pour éviter les susceptibilités. La plus que probable nouvelle présidente a donc indéniablement du pain sur la planche, surtout que son mandat risque de s'ouvrir dans un contexte économique et politique tendus. Elle aura donc besoin de toutes les qualités que lui attribuent volontiers les acteurs du monde économique. Meriem Bensalah Chaqroun a su en tout cas fédérer autour de sa candidature et a fait preuve d'une capacité de mobilisation indéniable en un temps record. Hamid Benbrahim El-Andaloussi, président du groupement aéronautique et spatial des industriels marocaINs Meriem Bensalah est une femme de qualité et un chef d'entreprise exemplaire. À ce titre, elle a montré ses capacités de création de valeur économique et sociale, aussi bien à titre personnel que pour l'ensemble de la communauté. Je pense personnellement que la confédération vit aujourd'hui des moments plus opportuns que jamais pour démontrer que la femme participe pleinement au développement du pays. Je pense également que sa candidature aura le soutien du bureau sortant, dont celui du président Horani, auquel je rends hommage. Je suis convaincu qu'elle pourra grâce à son talent et ses qualités, rassembler les différents courants, les grandes et les petites entreprises au sein de la confédération. khair Eddine Soussi, président FISA Pour une CGEM forte, il faut des personnes de qualité. Aussi la candidature d'une femme de grande qualité telle que Meriem Bensalah, ne peut être que bénéfique pour la confédération et l'ensemble de ses entreprises. Néanmoins, c'est ce que j'ai pu déceler de l'entretien que j'ai eu avec Meriem Bensalah en marge du SIAM qui se tient à Meknès. Hassan Oukacha, président de la Fédération des pêches maritimes Je ne peux que saluer la candidature de Meriem Bensalah et ce pour plusieurs raisons. C'est une femme de poigne, qui a le sens de l'engagement et beaucoup d'expérience. Elle a du caractère et connaît les problèmes des opérateurs économiques, car elle les vit elle-même. Elle a également une réputation de femme crédible. Et cette crédibilité est extrêmement importante pour diriger la CGEM. Meriem Bensalah va défendre l'entreprise et le fait qu'elle soit une femme, est un plus. Cela ne fait que confirmer les changements profonds que vit actuellement le Maroc. Nous ne changeons pas les mentalités par des décrets mais par des actions. Si le patronat marocain ne le fait pas, alors qui le fera ? Nous comptons sur elle pour être auprès de nous et nous soutenir vis-à-vis du gouvernement. Dans notre fédération, nous avons de la visibilité grâce au plan Halieutis, mais nous avons encore besoin de soutien. Mostapha Sajid, président de l'Association marocaine des industries du textile et habillement D'abord, il faut savoir qu'il n'y a rien d'étonnant à ce qu'une femme de la trempe de Meriem Bensalah qui a fait se preuves, puisse prendre les commandes de la CGEM. Bien évidemment, il faudra attendre que le conseil d'administration de la CGEM qui se tient aujourd'hui, entérine les candidatures pour arrêter un agenda de réunions entre Bensalah et les fédérations sectorielles et régionales pour parler de son plan d'action. Abdelilah Hifdi, président de la Fédération nationale du transport Le dépôt de la candidature de Meriem Bensalah, est un signe très fort pour la nécessaire participation de la femme marocaine à l'effort de développement économique et social de notre pays, aussi bien à l'échelon national qu'international. Elle sera, j'en suis persuadé, la première femme présidente de la CGEM. Elle saura donner un nouveau souffle à la CGEM pour que celle-ci continue à jouer pleinement son rôle d'auxiliaire efficient pour le progrès du pays. Son action sera confortée par son colistier au poste de vice-président général, Salaheddine Kadmiri, président de la commission PME de la CGEM. Ce qui permettra à celle-ci d'allier les préoccupations des grandes entreprises leaders avec celles des PME, qui constituent la majorité dans le tissu économique du Maroc. Saad Sefrioui, président de la Fédération des entreprises d'artisanat Au sein de la Fédération nationale de l'artisanat, nous ne pouvons qu'être heureux de la candidature de Meriem Bensalah. Nous pensons également que vu ses compétences et son expérience, elle saura donner un nouveau dynamisme à la CGEM. Pour le moment, nous n'avons pas encore fixé une réunion avec Bensalah pour connaître son plan d'action notamment le volet qui concerne notre secteur, mais elle connaît très bien les tenants et les aboutissants de cette filière. Ali Ghanam, président de la Fédération nationale du tourisme Nous avons appris avec grand plaisir la candidature de Meriem Bensalah pour le poste de présidente de la CGEM. Bien évidement, il s'agit là d'une première dans l'histoire de l'association. Par ailleurs, nous avons évoqué avec Meriem Bensalah une éventuelle réunion avec notre fédération. Le but bien évidement est de parler de son plan d'action. Il s'agit également de faire connaissance avec le bureau de la fédération. Youssef Ibn Mansour, président de la FNPI La candidature de Meriem Bensalah constitue une première au sein de la confédération. Il s'agit d'une femme qui a fait ses preuves dans le monde des affaires. Elle jouit d'une bonne notoriété et les nombreuses responsabilités qu'elle a assurées lui confèrent un très bonne expérience. En somme, c'est une très bonne candidate. Sur le fond nous devons attendre qu'elle dévoile son programme pour s'en faire une idée. Priorité aux PME Dans ses déclarations aux Echos quotidien, Abdelilah Hifdi a expliqué que la priorité du prochain mandat devrait aller aux PME. Celles-ci représentent en effet 98% du tissu économique national et nul n'ignore qu'elles font face à des difficultés croissantes. Aussi, Bensalah semble consciente de l'importance de cette question à tel point que selon des sources officieuses, son binôme à la tête du patronat ne serait autre que le président de la fédération des PME, Salaheddine El Kadmiri. Plus encore et en attendant que le duo annonce son programme, des pistes commencent à être évoquées pour soutenir les PME. Il s'agirait d'agir à trois niveaux : La création, l'accompagnement et surtout le financement. Un membre de la CGEM explique que le potentiel de création est là mais qu'il faut être très attentif au taux alarmant de mortalité de ce genre d'entreprises. Deux actions concrètes sont évoquées. Il s'agît d'abord de la création d'un fonds d'amorçage public-privé qui aiderait à la création et l'accompagnement financier plus volontariste des banques. Par ailleurs, certaines voix se lèvent pour revoir les différents accords de libre-échange signés par le Maroc et qui pèseraient lourdement sur la viabilité des PME. L'idée est donc d'appeler à rééquilibrer ses accords pour éviter la disparition de pans entiers de l'économie.