Le gouvernement espagnol remet une couche. Il est confronté à l'obligation de renouveler, le 15 juin prochain, les lourdes aides financières octroyées jusque-là aux opérateurs de la pêche (45 euros par jour pour plus de 660 marins pêcheurs, et 100 euros pour les armateurs et propriétaires de navires touchés), depuis le rejet en novembre dernier du projet d'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne (UE). Miguel Arias Cañete, le ministre espagnol de l'Agriculture, vient de lancer un pavé dans le jardin des autorités communautaires en lançant un message d'urgence, suite à la dernière visite de la Commissaire européenne de la Pêche, Maria Damanaki, à Rabat le mois dernier. L'Espagne, officiellement en récession budgétaire depuis le début de cette année, espère en effet ne pas avoir à proroger ce soutien financier auprès des professionnels espagnols. L'Espagne va même plus loin et propose à la Commission européenne une mise en œuvre d'un «accord provisoire» avec le Maroc, histoire de sauver ses caisses publiques. «Nous souhaiterions que ce partenariat soit rapidement conclu et qu'il puisse s'appliquer de manière provisoire, de telle sorte que nos pêcheurs puissent reprendre leurs activités, avant la date d'échéance des aides que nous leurs octroyons jusqu'à maintenant», a déclaré Cañete, en marge d'une récente rencontre des ministres de la Pêche des pays membres de l'UE, au Luxembourg. Cette déclaration a très vite été reprise et a fait le tour de la presse électronique espagnole et même locale. Cañete se dit toutefois confiant de la démarche «positive» opérée récemment par les autorités européennes auprès de celles du royaume, en perspective d'une relance dès le mois prochain des négociations pour un nouveau partenariat de pêche. Intransigeance marocaine maintenue Sur ce sujet, la partie marocaine demeure fidèle à ses intransigeances. «Les intérêts du secteur de la pêche, de sa compétitivité, ainsi que ceux du pays en général, seront au sommet de nos priorités», fait-on savoir auprès du département de la Pêche maritime. Un son de cloche en phase avec celui des professionnels de la fédération de la Pêche maritime. Ces derniers revendiquent toutefois une meilleure implication dans l'élaboration de la position marocaine, en vue de prochaines négociations pour une éventuelle relance d'un nouveau partenariat liant le royaume et l'UE. Ils s'attendent également, dans le cadre d'un réexamen des clauses de cet accord, à une révision substantielle de la contrepartie financière versée par l'UE au Maroc, en échange de 119 licences d'activité de pêche. Sur la rive d'en face, le discours est tout aussi conciliant, «Nous souhaitons un accord qui respecte l'environnement, qui soit rentable pour les deux parties et qui soit en conformité avec le droit international», déclarait Damanaki à l'issue de sa dernière visite officielle au Maroc.