Cette année sera sans doute l'une des plus dynamiques que connaîtra le secteur éolien au Maroc. Particulièrement cette semaine, qui a connu deux grandes actualités de taille. La dernière est encore toute frétillante : faisant suite au partenariat signé en mai dernier, en marge des assises de l'énergie, Theolia et l'Office national de l'électricité (ONE) ont lancé, hier et conjointement, le premier appel d'offres, portant choix des fournisseurs et entreprises pour la construction de la première phase du projet de 300 MW (Mega Watts), situé près de Tanger. «Cette première phase est une opération de repowering, qui portera la puissance installée du parc d'Al-Koudia al-Baida de 50 à 100 MW», explique-t-on auprès de l'enseigne française. À l'instar de son «homologue» EDF Energies Nouvelles, spécialisé dans le même créneau et qui vient de concrétiser sa première intervention sur le pays à travers un projet à Taza, Theolia mise gros sur le marché marocain comme relais de croissance d'une filière, qui tend déjà à la saturation sur le marché européen. Ce projet intervient donc a point nommé, pour remettre dans le vent la croissance des activités du groupe français. «Nous avons posé les bases de notre croissance future, avec deux développements structurants majeurs : la création d'un véhicule d'investissement pour accélérer à la croissance dans nos marchés historiques et le lancement de ce projet exceptionnel de 300 MW au Maroc», commente Fady Khallouf, directeur général de Theolia. En sus du Maroc, le groupe compte également sur ses activités de développement, de construction et d'exploitation de parcs éoliens dans trois autres pays que sont la France, l'Allemagne et l'Italie. Ces dernières économies et bien d'autres d'Europe et d'Asie sont déjà bien avancées en termes de capacité éolienne, ce qui laisse des craintes de surcapacité des installations sur le moyen terme. Au sud de la Méditerranée, le Maroc fait partie de ces territoires où il serait favorable d'investir dans le secteur éolien. Le potentiel est important, et les projets en cours sont encore loin de pouvoir l'épuiser, ce qui suppose une marge de croissance assez importante sur le long terme. Cela est, justement, en substance ce qui ressort du tout dernier rapport du Global Wind Energy Council (GWEC). Le retour du cash L'instance internationale parle surtout d'un «retour des investisseurs» vers ce marché, secoué en 2011 par une instabilité politique relativement partagée par les pays de la région. Au terme de 2011, le Maroc est toujours la deuxième plus grande économie de la région en termes de capacité éolienne installée. Celle-ci est estimée à un peu plus de 290 MW, dont seulement 5 MW nouvellement rajoutés au cours de 2011. Le Royaume est devancé par l'Egypte, qui mène le Top 5 africain, avec un cumul de 550 MW en capacité installée. Il faut souligner qu'aucun nouveau projet n'a été livré dans ce pays en 2011. Cette situation est évidemment expliquée par les perturbations politico-militaires, qui y prévalaient et qui ont ralenti plusieurs grands projets économiques lancés sur ce marché. «Nous nous attendons toutefois à ce que l'Egypte et le Maroc puissent relancer leur marché éolien respectif et atteindre leurs objectifs de capacités installées aux échéances initialement fixées», commente les experts du GWEC. Pour le cas spécifique du Maroc, l'Etat continue de veiller sur la mise en œuvre de son programme éolien intégré, qui vise une capacité de 2.000 MW en 2020. La seconde phase de réalisation de cette stratégie concerne la création de cinq parcs éoliens d'une puissance totale installée de 850 MW. La phase de préqualification des sociétés et/ou des groupements de sociétés pour la conception, le financement, la construction, l'exploitation et la maintenance de ces projets, est en cours de finalisation. Mais la concurrence devrait rapidement se corser... sur la période 2012-2016. Le continent africain devrait connaître de nouveaux marchés éoliens. «Plusieurs nouveaux projets d'envergure sont en développement en Ethiopie, au Kenya et en Tanzanie», projette le GWEC. Ces récentes émergences ont été favorisées par le Printemps arabe et la fragilité de la stabilité des marchés nord-africains. Ce qui a poussé plusieurs grands groupes d'investisseurs du secteur vers la partie australe du continent. Croissance mondiale soutenue 237.669 MW, c'est exactement le cumul mondial des capacités éoliennes installées à la fin de l'année dernière. Partant du local au mondial, force est, en effet, de constater que le dynamisme que connaît actuellement le secteur éolien n'est pas exclusif aux marchés du sud de la méditerranée. Sur ce total, ce sont près de 40.000 MW qui ont été rajoutés au courant de l'année dernière, dont près de la moitié ont été livrés sur le marché asiatique. Ce continent concentre en effet l'essentiel du dynamisme du secteur éolien à l'international, avec 20.000 MW nouvellement installés en 2011. La Chine et l'Inde sont plus précisément les principaux artisans de cette performance, avec respectivement 17.631 et 3.091 MW réalisés rien qu'en une année. L'Empire du milieu domine à lui seul le marché mondial - Le géant asiatique affiche un cumul de 62.364 MW en capacité éolienne à fin 2011. Les Etats-Unis d'Amérique lui ferment la marche avec 47.000 MW développés à fin 2011. L'Allemagne a bouclé la même année avec 29.000 MW en puissance installée et figure ainsi à la troisième position des plus importants potentiels développés dans le monde et première sur le Vieux continent.