Le vent est-il plus rapide que les rayons solaires? Le Maroc a démarré, cette année, au quart de tour dans le cadre de sa stratégie énergétique, avec le lancement, en début de semaine dernière, de la seconde phase du programme d'investissement éolien. Mieux, cette opération vient au moins confirmer les récentes projections de Global Wind Energy Council (GWEC), et place le royaume en tête de la région maghrébine en termes de capacité installée déjà en développement. Le Maroc passe ainsi, dès cette année, devant l'Egypte - qui opère sur un cumul de capacités installées de près de 550 MW et se positionnait en leader du secteur – si l'on tient compte des 1.000 MW sur les 2.000 MW prévus dans la stratégie éolienne nationale. L'Egypte a surtout été handicapée par les récentes perturbations politiques que ce géant énergétique a connues. La réalisation de plusieurs projets a été soit ralentie, soit mise en veilleuse en attendant davantage de stabilité. Ces deux pays sont talonnés par la Tunisie, qui se trouve également en situation de stand-by pour ce qui est des investissements prévus dans ce secteur. En 2010, à la veille de l'éclatement de ce qu'il est convenu d'appeler le «Printemps arabe», ce pays venait de rajouter quelque 60 MW à sa capacité éolienne, pour totaliser 114 MW de puissance installée, à ce jour. Force est de constater une différence d'approche dans la mise en œuvre des stratégies respectives de ces différents pays. Si l'Egypte et la Tunisie semblent avoir adopté une croissance par «petits paliers successifs» de leurs infrastructures éoliennes, la stratégie marocaine est, quant à elle, partie sur de «grandes avancées, mais plus espacées dans le temps». «Cela pourrait notamment s'expliquer par les facilités de financement obtenues et les appuis des organismes internationaux. La situation politique maîtrisée qui a prévalu au Maroc pendant cette période, a permis de le placer parmi les pays prioritaires en matière de financement par ces organismes», estime un cadre de la Société des investissements énergétiques (SIE), commentant le rapport du GWEC. Dans le reste du classement de cet organisme, figurent par ailleurs, d'autres économies du sud du Sahara, telles que l'Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie et l'Afrique du sud, où des projets de développement de fermes éoliennes sortent progressivement de terre. Dans le vent... Pour revenir aux projets marocains, cette phase devrait porter sur la conception et l'exploitation d'un projet composé de cinq parcs éoliens, d'une puissance totale installée de 850 MW. Il comporte également la fourniture et la maintenance d'équipements nécessaires à la réalisation d'un parc éolien supplémentaire de 200 MW. Au total, c'est donc quelque 1050 MW de parcs de production d'énergie éolienne qui devraient voir le jour à terme, pour compléter les 1000 MW déjà en fonction ou en cours de développement. La phase de préqualification au projet est déjà rendue publique, ce qui devrait également être le cas, en mars prochain, pour l'appel d'offres international qui devrait suivre. Les cinq sites géographiques de production identifiés jusque là pour accueillir cette seconde série de projets, sont ceux de Tanger 2 (150 MW), de Koudia El Baida à Tétouan (300 MW), de Taza (150 MW), de Tiskrad à Laâyoune (300 MW), ainsi qu'à Boujdour (100 MW). Le concept de concession reposera sur du «Build Own Operate and Transfert», soit une offre globale allant de la conception, l'exploitation jusqu'à la commercialisation de l'énergie produite par l'opérateur attributaire. Une offre qui sera opérée dans le cadre d'un partenariat public privé, qui devrait inclure l'Office national de l'électricité (ONE), la SIE, le Fonds Hassan II et des partenaires stratégiques de référence dans le domaine de l'industrie éolienne. L'ONE, particulièrement, sera chargé du pilotage et de la maitrise du programme, la supervision de tous ces projets, ainsi que la coordination de l'ensemble des activités qui y sont liées. À termes, cette nouvelle phase devrait coûter une enveloppe d'un peu plus d'un milliard et demi de Dollars US, sur le total des 3,5 milliards de Dollars US alloués à l'ensemble du programme éolien.