L'appel du ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Abdelkader Aâmara à une ouverture des négociations à propos des prospections pétrolières que compte entreprendre la compagnie espagnole Repsol dans les eaux proches de l'archipel canarien ont suscité l'intérêt de l'Espagne. Interrogé par plusieurs médias sur les prospections marocaines, Aâmara a préféré garder le silence sur l'état d'avancement des recherches en réfutant être en possession de données sur les résultats des explorations menées par le Maroc. Aâmara a su tirer son épingle du jeu sans tomber dans la polémique. D'ailleurs, cette même attitude avait été adoptée lors de l'entrevue avec son homologue espagnol. En effet, les deux ministres n'ont pas évoqué le sujet des prospections lors de leur rencontre autour d'un déjeuner. L'homologue espagnol d'Aâmara, José Manuel Soria, avait indiqué auparavant que les explorations dans les Îles Canaries se feront à 61 km des côtes. Et d'ajouter à cette occasion que l'Espagne ne peut pas se permettre le luxe d'abandonner une capacité de production que les pronostics donnent pour importante. «C'est une opportunité en or pour les habitants des Îles Canaries», a-t-il lancé en direction des contestataires. 100.000 barils visés Ceux-ci ont détourné la déclaration du ministre marocain à leur profit pour montrer que la course vers l'or noir risque de plonger les deux pays dans une tension diplomatique. À cet effet, les médias des Îles Canaries, dont les autorités s'opposent à ce projet, ont joué sur les mots pour parler de menaces proférées par le Maroc au cas où l'Espagne déciderait de faire cavalier seul et entamerait les prospections sans le feu vert du royaume. D'autre part, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Saez Santamaría avait déclaré que les prospections que compte mener l'Espagne s'effectueront dans la même poche de pétrole où le Maroc réalise depuis des années des recherches. La main droite de Rajoy a expliqué, vendredi dernier, que la décision de l'Exécutif espagnol de mener des recherches ne peut en aucun cas porter atteinte à des relations de «longue durée et historiques qui ne peuvent changer du jour au lendemain». Cela en réponse à ceux qui présagent une crise entre les deux pays sur fond de pétrole. Néanmoins, pour le gouvernement de Rajoy, le jeu en vaut la chandelle. Celui-ci table sur une production quotidienne de 100.000 barils, soit 10% de la consommation espagnole par jour selon les prévisions les plus pessimistes, a-t-il souligné. L'Espagne aspire à passer du statut de pays dépendant de l'importation d'hydrocarbures «à un pays producteur de pétrole», a estimé le ministre Soria. La vague de contestation ne fléchit pas malgré le tableau très reluisant dressé par le ministre de tutelle, quant aux retombées économiques sur l'archipel en cas de découverte de gisements. Samedi, des centaines de manifestants ont exprimé leur refus à travers des marches et des sit-in observés dans les principales villes de l'Archipel. L'impact environnemental des activités de prospection, le risque de pollution et de dégradation écologique sont les grandes hantises des habitants de l'archipel canarien.