La liste des futurs aménageurs du port «Nador West Med» commence à se préciser. Des premières indiscrétions, on peut retenir les noms de sociétés espagnoles, françaises et chinoises qui seraient fortement intéressées par la future infrastructure. Selon nos sources, il s'agirait de mastodontes tels le français Bouygues (qui étudierait la possibilité de s'allier à un partenaire marocain), l'espagnol Acciona ou le hongkongais Modern Terminal. Les trois opérateurs auraient déjà retiré le dossier de candidature auprès de l'Agence nationale des ports (ANP). Vu le caractère confidentiel du projet, nous n'avons pu confirmer l'information auprès de l'ANP. Mais l'engouement d'autant d'opérateurs internationaux confirment le potentiel du futur port. Toujours selon nos sources, le français se positionne déjà comme le mieux disant pour remporter l'appel d'offres pour l'aménagement du port. Si Bouygues est adjudicataire, il aura à choisir entre ses deux partenaires marocains classiques : SGTM ou Somagec. D'après les experts, il ne faut pas «sous-estimer» l'espagnol qui peut s'avérer un sérieux challenger. Acciona est spécialisé, en effet, dans le BTP et l'immobilier sans oublier l'énergie, le groupe espagnol ayant construit le fameux «Nevada Solar One», troisième centrale électrique au monde, située aux Etats-Unis. «Les Chinois se sont positionnés depuis le début. Ils étaient fortement intéressés et avaient carrément réalisé une étude relative à la construction d'un port à conteneurs au niveau de Nador», indique une source proche du dossier. Face aux hésitations des officiels quant à la configuration du futur terminal de Nador, censé accueillir de gigantesques tankers et des navires de transbordement pétrolier, Modern Terminal aurait mis son étude en stand-by. En attendant l'ouverture des plis (d'ici la fin de l'année, selon nos sources), les responsables du projet seraient en train de boucler les études autour de l'impact environnemental du site. «Le potentiel du Maroc est énorme dans le secteur des infrastructures portuaires. L'Europe s'essouffle. Il n'y a pratiquement plus de place pour construire de nouveaux ports», croit savoir cet expert maritime. Un port deux fois Tanger-Med C'est en février dernier que les officiels semblaient avoir finalement tranché quant à la vocation du projet titanesque Nador West Med. Le conseil d'administration de Nador West Med S.A, société gestionnaire du projet de complexe portuaire situé sur la baie de Betoya, à l'ouest de la ville de Nador, semblait privilégier l'option d'un port pétrolier plutôt que celle d'un port de transbordement de conteneurs. Le premier noyau portuaire serait principalement axé sur les hydrocarbures. Sauf qu'il reste toujours plusieurs questions en suspens. Car à part la création de Nador West Med S.A, société gestionnaire du projet de complexe portuaire de Nador, et la nomination de Mehdi Tazi-Riffi comme directeur général de ladite société, la configuration du port et le coût ne sont pas encore fixés. Sans oublier la source de financement de la nouvelle infrastructure (budget de l'Etat, endettement, construction par un privé et concession d'exploitation...). À l'époque, dans le communiqué officiel, on annonçait que Nador West Med S.A superviserait en 2010 la commercialisation et la recherche de partenaires industriels pour le développement de la zone franche. Selon les spécialistes, le choix d'un port pétrolier est difficile à financer. Rappelons qu'au départ l'ambition du Maroc était de se doter d'une plateforme à Nador de «stockage de produits pétroliers pour approvisionner non seulement le Maroc mais les pays de la région». L'idée était que les opérateurs et raffineurs mondiaux acheminent directement les cargaisons au Maroc, les stockent et les distribuent par la suite vers les pays clients. Une étude a été réalisée et a chiffré les besoins d'un tel trafic dans le pourtour méditerranéen (en 2015 les besoins en termes de capacités de stockage pour les produits raffinés en provenance de pays méditerranéens et à destination de pays d'Afrique et d'Amérique du Nord seraient de l'ordre de 38,5 millions de tonnes). Le port de Nador devrait aussi approvisionner le marché national. Selon le département de l'Energie, les besoins en capacités de stockage supplémentaires seront de 100.000 tonnes en 2012, 200.000 tonnes en 2020 et 500.000 en 2030. Lors des assises de l'énergie de 2009, la ministre de tutelle, Amina Benkhadra, avait parlé de 850.000 tonnes de capacité de stockage dont dispose notre pays. Plus de 80% de ces capacités sont concentrées dans quatre villes : Mohammédia (36%), Casablanca (20%), Agadir (15%) et Jorf Lasfar (10%). Ces capacités devraient atteindre 1,2 million de tonnes courant cette année, avec l'entrée en service de nouvelles installations en cours de réalisation à Tanger-Med et à Mohammédia.