Port de transbordement ou terminal pétrolier ? Les officiels semblent avoir finalement tranché quant à la vocation du projet titanesque «Nador West Med». Le conseil d'administration de «Nador West Med S.A», société gestionnaire du projet de complexe portuaire situé sur la baie de Betoya, à l'ouest de la ville de Nador, semble privilégier l'option d'un port pétrolier plutôt que celle d'un port de transbordement de conteneurs à Nador. Le premier noyau portuaire, dont les travaux de construction vont démarrer incessamment, sera principalement axé sur les hydrocarbures. Mais il reste toujours plusieurs questions en suspens, car à part la création de «Nador West Med S.A», société gestionnaire du projet de complexe portuaire de Nador, et la nomination de Mehdi Tazi-Riffi comme directeur général de ladite société, la configuration du port et le coût ne sont pas encore déterminés. Mais surtout qui va financer la nouvelle infrastructure (budget de l'Etat, endettement, construction par un privé et concession d'exploitation...). Dans un communiqué officiel, on annonce que «Nador West Med S.A» supervisera en 2010 la commercialisation et la recherche de partenaires industriels pour le développement de la zone franche. Un port de stockage méditerranéen Qu'en est-il du port lui-même ? En 2008, des rumeurs avaient fait état d'un accord entre le ministère de l'Equipement et la compagnie chinoise Hutchinson, numéro 1 mondial de la manutention de conteneurs en vue de la construction d'un «port pivot global pour l'éclatement des conteneurs transitant par les lignes est-ouest le long de la route équatoriale». Même un premier coût d'investissement circulait dans les coulisses (1 milliard de dollars). Valeur aujourd'hui, il n'en est encore rien. L'option d'un port de transbordement de conteneurs exclue (pour le moment ?), le soutien de la compagnie chinoise comme partenaire ne serait plus à l'ordre du jour. Selon ce spécialiste des infrastructures portuaires, le choix d'un port pétrolier est difficile à financer, notamment en temps de crise. Rappelons qu'au départ l'ambition du Maroc était de se doter d'une plateforme à Nador de «stockage de produits pétroliers pour approvisionner non seulement le Maroc mais les pays de la région».L'idée était que les opérateurs et raffineurs mondiaux acheminent directement les cargaisons au Maroc, les stocker et les distribuer par la suite vers les pays clients. Une étude a été réalisée et a chiffré les besoins d'un tel trafic dans le pourtour méditerranéen (en 2015, les besoins en termes de capacités de stockage pour les produits raffinés en provenance de pays méditerranéens et à destination de pays d'Afrique et d'Amérique du Nord seraient de l'ordre de 38,5 millions de tonnes). Le port de Nador devrait aussi approvisionner le marché national. Selon le département de l'Energie, les besoins en capacités de stockage supplémentaires seront de 100.000 tonnes en 2012, 200.000 tonnes en 2020 et 500.000 en 2030. Lors des dernières assises de l'Energie, la ministre de tutelle, Amina Benkhadra, avait parlé de 850.000 tonnes de capacité de stockage dont dispose notre pays.Plus de 80% de ces capacités sont concentrées dans quatre villes : Mohammédia (36%), Casablanca (20%), Agadir (15%) et Jorf Lasfar (10%). Ces capacités devraient atteindre 1,2 million de tonnes courant cette année, avec l'entrée en service de nouvelles installations en cours de réalisation à Tanger Med et à Mohammédia. Nador, un choix stratégique C'est le 2 juillet 2009, lors d'une séance de travail consacrée à la planification des aménagements portuaires du Royaume, que le Souverain avait donné son accord pour la réalisation du complexe intégré portuaire, industriel, énergétique et commercial «Nador West Med». Moins d'une année après, la société gestionnaire du projet de complexe portuaire a vu le jour. Le Conseil d'administration y a nommé à sa tête Mehdi Tazi-Riffi, un ex-cadre de Tanger-Med. Les premières étapes fixées pour le démarrage de ce projet étaient la création de la zone franche de Nador West Med et la création d'une société gestionnaire du projet. Mais pourquoi un complexe aéroportuaire à la ville de Nador précisément ? Il s'agirait d'un des meilleurs sites en Méditerranée qui se prête à l'aménagement d'une telle infrastructure. Selon le ministère de l'Equipement, le site est aussi facilement connectable aux grands axes. La voie ferrée Taourirt-Nador est à quelques kilomètres seulement, l'autoroute Fès-Oujda, elle aussi, n'est qu'à une centaine de kilomètres, sans oublier la rocade méditerranéenne déjà en grande partie en service.