La stabilité sociale, cela n'a pas de prix! Encore plus lorsqu'il s'agit de calmer les esprits échauffés. C'est dans cet objectif, que le gouvernement a décidé une nouvelle ralonge à la Caisse de compensation. Ce sont donc 15 nouveaux milliards de DH qui viennent se rajouter au budget dédié aux subventions, ce qui porte l'ensemble des dépenses qu'a nécessitées ce poste, ces quatre dernières années, à 100 milliards de DH. Aujourd'hui, donc, Nizar Baraka, ministre des affaires économiques et générales, devra prendre son mal en patience, car son brulant dossier de réforme de la Caisse de compensation n'est pas pour tout de suite. Concrètement, et pour permettre de faire face à la flambée des cours internationaux des matières premières particulièrement depuis que les foudres de la riposte ont frappé sous d'autres cieux, il a été décidé de ramener le budget alloué à la compensation à 32 milliards de DH, au lieu des 17 milliards de DH préalablement budgétés lors de l'établissement de la Loi de finances 2011. En tout, la compensation représentera pas moins de 4% du PIB national cette année. Contenir le pouvoir d'achat En début de semaine, le Chef du gouvernement, Abbas El Fassi, a tenu une réunion avec les partis politiques. Le mot d'ordre était celui de sensibiliser, d'abord, mais aussi de rassurer. Une tactique pertinente si on considère le fait que les remous de la scène internationale et les impacts directs ou même indirects qu'ils peuvent avoir sur le volet social n'ont pas besoin que l'emballement de l'inflation vienne en rajouter. «C'est une mesure anticipative qui permettra de stabiliser les prix et partant, maîtriser le risque d'inflation qui pourrait naître de cette envolée des cours des matières premières», nous confie Hassan Bousselmam, directeur de la concurrence et des prix au ministère des Affaires générales. À titre d'exemple, «jusque là, l'Etat subventionnait 2 DH par kilo le sucre. Aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 5 DH par kilo qui sont supportés par l'Etat», ajoute la même source. Le même constat est aujourd'hui valable pour les prix du gasoil à la pompe où la part du prix de vente supportée par l'Etat, a atteint des sommets. Pour le blé tendre, la situation est telle que les stocks sont à leur plus bas niveau. Il faudrait donc s'attendre à des importations massives sur la base d'un prix unitaire élevé. «En subventionnant ces produits, d'autres le sont indirectement, notamment en maîtrisant le coût du transport et autres», ajoute la même source. Un nouveau discours, plus terre-à-terre qui interpelle toutes les couches sociales puisqu'il parle budget des ménages avec des termes directs: sucre, gazoil, butane, farine... Quid du financement ? Une rallonge donc inéluctable, pour laquelle le gouvernement a décidé de puiser dans les budgets de fonctionnement. Un redéploiement inter-rubriques dans cette catégorie du budget, accompagné de la rationalisation des charges annoncée préalablement par le ministère des Finances est donc de mise. D'ailleurs, ce dernier se penche actuellement sur cette question, afin de proposer son schéma de ré-allocation. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'un autre schéma aurait bien entendu été possible, mais non sans casse. En ce sens qu'à défaut de jongler sur la rubrique «fonctionnement», il aurait fallu compresser les budgets d'investissement, ce qui irait à l'encontre de la politique volontariste prônée par la Loi de finances 2011 et par le gouvernement lui-même pour cette dernière ligne droite de son mandat. Aussi, une autre Loi de finances 2011 est-elle aujourd'hui à l'étude au sein de département de Salaheddine Mezouar. Ce scénario pouvait pourtant être évité si l'argentier du royaume n'avait pas retenu une moyenne de 75 dollars le baril, lors de l'élaboration de la Loi de finances. À l'époque même, plusieurs opérateurs nous avaient confié que «l'hypothèse du ministère était trop optimiste». Aujourd'hui, le baril s'échange contre plus de 104 dollars et la situation n'est pas prête de s'estomper. Selon Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au Plan, «le pétrole devrait revenir petit à petit à ces niveaux de 2008» a-t-il souligné. YAT