CMC : «Cette situation de l'inflation dans le monde, si elle persistait, pourrait avoir des répercussions comme le risque de pénurie ou l'explosion des prix ». Il faudrait s'attendre à des dépenses de compensation de l'ordre de 24 à 26 milliards de dirhams. L'accélération de la réforme de la caisse de compensation s'impose aujourd'hui et plus que jamais de manière urgente. L'année 2011 s'annonce mal pour l'économie nationale. Déjà les prémices d'une nouvelle vague d'inflation sont là. En atteste largement l'envolée des prix des produits pétroliers et ceux alimentaires, enregistrée à l'échelle mondiale, à partir du quatrième trimestre 2010. Les derniers chiffres disponibles, laissent dégager une hausse de l'inflation mondiale estimée à 3,8% à fin novembre 2010, au lieu de 3,7% un mois plus tôt. «Cette situation de l'inflation dans le monde , si elle persistait, pourrait avoir des répercussions sur l'indice des prix à la production et par ricochet sur celui de la consommation au Maroc, suite aux tentions qu'elle ferait peser sur les unités productives nationales, notamment à travers les risques que ces dernières encourent à court et moyen terme, sur leurs approvisionnements (risque de pénurie, explosion des prix…)», estime le Centre marocain de conjoncture(CMC), dans son dernier numéro du Profil de la conjoncture. Cette tendance haussière remet encore une fois en question les pronostics établis pour la loi de finances 2011, à savoir, un taux d'inflation à 2% et un budget de 18,5 milliards de dirhams alloué à la caisse de compensation. Sommes nous alors en présence d'un appareil statistique de prévisions économiques en dysfonctionnement? Ou plutôt d'un jeu d'hypothèses ayant pour finalité en premier lieu, de retrouver un équilibre comptable?Déjà en 2010, les dépenses de compensation avaient atteint un chiffre record de plus de 26 milliards de dirhams. Il faudrait alors intervenir à chaque fois et en cours d'année par le biais d'une loi rectificative.« Toute la question est là! », se demande l'économiste Mohamed Karim, professeur universitaire, et d'ajouter que l'accélération de la réforme de la caisse de compensation s'impose aujourd'hui et plus que jamais de manière urgente. Pourtant la loi votée par les deux chambres constitutionnelles ne prévoit rien dans ce sens. Cette question épineuse de la caisse de compensation et son esprit avait fait déjà l'objet d'une étude effectuée par les conjoncturistes (Cf : www.lesoir-échos.com), qui n'ont pas manqué de reconnaître solennellement que cette caisse semble avoir atteint ses limites, pénalisante pour le budget de l'Etat, et ne profitant pas à la vraie cible(couches démunies et nécessiteuses vivant dans l'arrière pays). De l'avis de Karim, si le niveau d'inflation observé un peu partout dans le monde continue à croitre au même rythme actuel, il faudrait alors s'attendre à des dépenses de compensation de l'ordre de 24 à 26 milliards de dirhams. Depuis le mois d'août 2010, les cours mondiaux des matières premières ont subi de fortes fluctuations à la hausse. Allant de ceux du pétrole, qui aujourd'hui tournent autour des 90 dollars le baril, jusqu'au cours du blé « qui n'a pas connu d'accalmie » tout au long de l'année précédente pour se situer à 279 dollars la tonne. Sur ce dernier chapitre, la volatilité du marché du blé expliqué en gros par les fortes spéculations en ligne avec les intempéries enregistrées à l'échelle mondiale(inondation, incendies…) porte à croire que cette année qui vient de commencer ne serait pas la meilleure. D'autant plus que les perspectives d'une bonne récolte au Maroc ne sont pas encourageantes. Ce « même élan » observé au niveau du prix du blé a caractérisé aussi bien le marché du sucre que celui du thé. Il s'agit là, de deux produits phares, composant le panier des ménages. Les chiffres avancés par le CMC font ressortir une hausse brutale du prix du thé Calcuta qui est passé de 243,7 cents le kilo au mois de janvier 2010, à plus de 318,3 cents le kilo à fin novembre de la même année. Ces fluctuations ne vont pas sans grever le pouvoir d'achat des ménages . Et de là, les finances publiques. Force donc, est de constater que la nécessité de rectifier le tir et de freiner ce processus cumulatif de problèmes est d'urgence.