Les agriculteurs espagnols auront désormais une raison de plus de se révolter contre les produits marocains. Après la tomate, c'est au tour de la courgette espagnole de "pâtir de la concurrence des productions marocaines". Le légume est aujourd'hui un des produits qui enregistre un très bas cours de prix dans la campagne agricole espagnole. C'est en tout état de cause ce qui ressort d'une évaluation menée par les organisations agricoles ibériques. Selon Manuel Arévalo, directeur commercial de Nature Choice, «les courgettes comme celles d'Almería, disponibles en grande quantité sur le marché national, étaient jusque- là rares et les prix qu'elles affichent aujourd'hui sont de l'ordre de 0,30 euro le kilo, au moment où ce produit était vendu à l'origine à 0,15 euro le kilo». Les conditions actuelles, dans lesquelles la courgette espagnole est produite et commercialisée, laissent entendre une augmentation des prix de vente à hauteur de 0,90 ou 1,00 euro par kilo, et loin des 0,60 euro qui priment actuellement. Vers une nouvelle guerre des tranchées ? Cette fourchette de prix s'annonce donc très peu compétitive, d'autant plus que le spectre du concurrent marocain plane toujours. Le gel de la production locale n'arrange pas la situation. «Bien que, la valeur de marché n'ait pas considérablement augmenté en raison de l'entrée dans l'Union européenne de ce produit, principalement en provenance du Maroc, la compétition n'en est pas moins féroce», selon le directeur commercial de Nature Choice. Les conditions météorologiques vont générer, selon Manuel Arévalo, une augmentation de la production de courgettes à Almería, et les agriculteurs espagnols en déduisent donc qu'il en sera de même de l'autre côté du détroit. D'autre part, le manque de données de production du secteur au Maroc mine la visibilité des professionnels espagnols, qui ne peuvent anticiper les effets des importations de leur concurrent direct. C'est à juste titre ce que confirme Andrés Góngora, secrétaire provincial de Coag-Almería : «il est assez difficile d'obtenir des chiffres fiables sur l'agriculture au Maroc». L'heure est donc grave pour les espagnols, qui craignent «la très forte concurrence marocaine, qui pourrait même dépasser celle de la tomate». Quand nous savons que la tomate a déjà fait de nombreux remous, voire même des guerres ouvertes entre les professionnels des deux rives, la suite des événements risque alors d'être aussi tumultueuse.