La croissance de la population est un atout pour le décollage économique. Seulement, une transformation structurelle de l'économie s'impose pour pouvoir absorber les effectifs croissants de la population en âge d'activité. Le rapport du Haut-commissariat au plan (HCP) sur la population et le développement, financé par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), met en avant les réformes lancées par le Maroc mais aussi les contraintes qui persistent et nécessitent des «efforts pour accompagner les changements que connaît la démographie du pays». Le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi, estime que la modification du profil de la jeunesse, plus instruite aujourd'hui, pousse les pouvoirs publics à être plus engagés dans les réformes économiques et sociales, et ce en vue d'une meilleure répartition des revenus et pour la promotion des opportunités de participation politique. Il ressort du rapport du HCP que les défis sont de taille, à commencer par la nécessité de saisir l'aubaine démographique. Depuis la période 2005/2010, l'évolution du rapport de dépendance affiche une stabilité de 60%: une personne active prend en charge moins d'une personne inactive. Ce décalage «positif» diminuera avec le temps pour remonter à partir de la période 2035/2040, jusqu'à atteindre 70 personnes inactives à la charge de 100 personnes actives à l'horizon 2050. Le HCP précise que cette importance de la population active est bénéfique à la concrétisation du décollage économique du Maroc. Mais encore faut-il mettre en place les conditions nécessaires à ce décollage économique. Aussi, une transformation structurelle de l'économie nationale s'impose afin de répondre aux besoins des jeunes qui affluent sur le marché du travail. À cet égard, Lahlimi rappelle le problème du taux d'activité qui est en train de baisser, de même que le taux d'emploi. Les effectifs croissants de la population en âge d'activité s'accroissent de presque 400.000 personnes chaque année. Et uniquement 47% de cette population est sur le marché du travail. Ces données doivent interpeller les pouvoirs publics et constituer une «préoccupation pour la préservation de la cohésion et de la stabilité sociales». Toutes les voies doivent être explorées pour exploiter l'aubaine démographique. Celle-ci demeure sous-utilisée comme en atteste le taux de chômage, notamment celui des diplômés, qui a atteint 18%. Les données du HCP devront interpeller les pouvoirs publics sur la qualité de la formation et son adéquation avec les besoins du marché du travail. 51,03% des individus ayant un diplôme de faculté ont une longue durée de chômage dépassant 12 mois, suivis par ceux qui ont un diplôme secondaire (42,65%), alors que 86,7% des individus n'ayant aucun diplôme ont une durée de chômage plus courte, n'excédant pas six mois. Cette situation est en partie expliquée, par le Haut-commissariat au plan, par la flexibilité du marché du travail. Mais force est de constater que «d'autres contraintes structurelles de l'économie sont derrière ces insuffisances». Ainsi, sont proposés des mécanismes d'équilibrage entre la flexibilité et la sécurité de l'emploi à travers la mise en place de politiques alternatives telles que l'intervention de période de crise pour éviter les pertes d'emploi, l'extension de l'assurance chômage, le travail à temps partiel… Il est également recommandé de diversifier le tissu productif. Cette diversification doit être basée sur la valorisation des avantages comparatifs avec l'émergence de nouvelles spécialisations. Pour le HCP, cette diversification est un élément important qui doit être accompagné d'un effort d'adaptation des structures productives et du cadre institutionnel à l'exigence du choix de l'ouverture dans un contexte de mondialisation accélérée. Tous les efforts seront vains sans la valorisation du capital humain.