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Insoutenable système de retraite
Publié dans Les ECO le 10 - 08 - 2012

Le rapport démographique des caisses de retraite «est passé de 15 actifs en moyenne pour un seul retraité en 1980 à 5,8 actifs en 1993 et à 4,6 actifs en 2009», et en 2050 le système de retraite dégagera un déficit de 7,4% du PIB. Le tableau dressé par le Haut-commissariat au Plan (HCP), sur la situation financière actuelle des régimes de retraite, hier après midi à Rabat, parle de lui–même. Les régimes de retraite ont le couteau sous la gorge. Mustapha Khalfi, porte-parole du gouvernement, avait réitéré, il y encore quelques jours, que «la réforme des régimes de retraite sera une des deux priorités du gouvernement l'année prochaine». Les syndicats s'y préparent depuis 8 ans déjà. Fidèle à la mission de son institution, Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au Plan entend lui aussi mettre la main à l'ouvrage. Un nouveau modèle d'équilibre général, dit «à générations imbriquées» (OLG), permet au HCP aujourd'hui de faire un diagnostic exhaustif de la situation du système global des retraites au Maroc et partant, «d'évaluer l'impact du choc démographique sur la viabilité financière du système de retraite, sur l'épargne, sur l'investissement et sur la croissance économique». Plusieurs scénarios se dégagent, de quoi donner de la matière aux politiques et une base de réflexion au gouvernement.
Soutenable ?
Le Maroc y est enfin et sérieusement cette fois–ci. La dégradation du rapport démographique des régimes de retraite a dépassé le stade de l'évidence, pour devenir une urgence absolue. Ce n'est pas que le temps manque pour certaines comme la CMR, mais la situation s'aggrave d'année en année à un rythme préoccupant. Sur la période récente 2000-2009, note le HCP, le nombre de bénéficiaires «s'est accru en moyenne de 6,3%, plus rapidement que celui de l'effectif des cotisants», amenant ainsi à «une dégradation continue du rapport démographique des caisses de retraite». Ce dernier était de seulement «4,6 actifs en moyenne pour un seul retraité» en 2009, alors qu'en 1993 le système en comptait 5,8 et 15 en 1980. Il était par conséquent fort attendu qu'il y ait à terme «un déséquilibre entre les dépenses et les ressources» des régimes marocains de retraites, explique Lahlimi. Ce qui se traduit dans la caisse des régimes par un excédent financier de l'ensemble des régimes qui a «tendance à diminuer, passant de 0,93% du PIB en 2005 à 0,23% en 2009». Pour les services de Lahlimi, cette situation renvoie directement au «niveau faible du taux de couverture», qui s'explique par la situation «structurelle» de l'emploi et la démographie. Pour qu'il y ait des cotisants, il faut qu'il y ait des emplois, et le faible niveau des taux d'activité, «notamment des femmes» insiste Lahlimi, n'arrange pas les choses. Le Maroc compte en effet un taux d'emploi de 45%, selon les dernières statistiques du HCP, et un taux de sous– emploi de 11%. «À cela s'ajoute», précise Lahlimi, «le poids du secteur agricole, avec plus de 40% des actifs occupés, mais avec une grande fréquence des emplois saisonniers». Néanmoins, c'est à toute l'activité industrielle et économique à laquelle devait penser Lahlimi quand il regrette les «rigidités entravant le développement du tissu productif (coût de production élevé, faible progrès technologique, etc.)», qui amènent le chômage et la baisse par conséquent du taux de couverture. Pour les services de Lahlimi, «la faible capacité d'absorption de l'offre d'emploi, particulièrement des qualifications» est un facteur explicatif déterminant et comme si la problématique de l'emploi n'était pas suffisante, Lahlimi pointe également du doigt le facteur démographique. Il semblerait que ce soit là le prix à payer de ces dernières années de croissance. En corollaire indispensable du développement économique, la transition démographique, soutenue par une amélioration continue des conditions de vie de la population nationale, est, selon le HCP, à un stade assez «avancé» aujourd'hui pour produire «un changement profond dans la pyramide des âges» qui finit par engendrer «une détérioration de la situation financière des régimes de retraite». Il y aura en effet à l'avenir davantage de retraites à financer par le système de retraite national, dès lors que l'effectif, par exemple, des personnes âgées de 60 ans et plus devrait passer, selon les projections du HCP, de 2,7 millions en 2010 à 10,1 millions en 2050. Un nombre croissant de retraités peu couverts du reste par l'évolution du nombre de cotisants. «Le nombre de personnes en âge d'activité par personne âgée de 60 ans et plus se situerait à 2,4 individus en 2050 au lieu de 7,7 en 2010», affirme Lahlimi. Le système de retraite au Maroc n'est malheureusement pas soutenable.
Un vieillissement irréversible.
C'est précisément pour contribuer à «la soutenabilité du système de retraite au Maroc», que le HCP, en collaboration avec le Centre d'études prospectives et d'informations internationales a élaboré un modèle d'équilibre à générations imbriquées, pour à la fois «analyser les impacts du choc démographique sur l'évolution de l'offre du travail et du capital» et «différencier les comportements des générations en termes de participation au marché du travail et en termes de consommation et d'épargne». «Le modèle est plus dynamique que les projections statiques de certains régimes de retraite», explique un consultant– chercheur, présent à la réunion du HCP, en ce qu'il prend en considération, comme l'affirme le HCP, «l'interaction entre la sphère économique et les régimes de retraite». Que se dégage-t-il alors de ce tout nouvel «acquis méthodologique pour le HCP» ? Un scénario de base qui introduit et analyse le choc démographique dans l'évolution projetée de l'équilibre et l'architecture du système de retraire national et 6 scénarios «alternatifs», correspondant à autant de simulations, selon par exemple le niveau du taux de cotisation, de remplacement ou d'activité retenus comme hypothèses de départ. Le scénario de base fait ressortir alors que «le nombre de travailleurs augmenterait légèrement au cours du temps, alors que le nombre de retraités serait multiplié par plus que quatre d'ici 2050». Avec quelques différences préoccupantes entre les différents régimes. La CMR verrait ainsi son ratio entre le nombre de retraités et le nombre de travailleurs passer de 0,38 à 0,90%, soit nettement moins de travailleurs pour couvrir davantage de retraités. Pour le RCAR, ce ratio passera, sur la même période, de 0,49 à 1,365. Ces chiffres qui «soulignent bien la gravité du problème du financement des retraites», confirme le HCP, montrent ainsi «l'évolution très préoccupante qui caractérise notamment la CMR et la RCAR». En termes financiers, «La situation la plus alarmante» pour les économistes du HCP «concerne la CNSS dont les dépenses devraient atteindre respectivement 4,5% du PIB en 2050» alors qu'elles étaient en 2010 à moins de 1%. Pour la CMR (en dessous de 1,5% en 2010) et la CIMR (moins de 1% en 2010), continue le HCP, «la dépense des retraites serait de 2,5% du PIB». Dans son ensemble, le système dégagera, si aucune réforme n'est entreprise aujourd'hui, un déficit de 7,4% du PIB en 2050. Bien évidemment, nuance le HCP, les revenus des réserves accumulées représenteront une recette supplémentaire qui pourrait, «au moins, en partie» compenser ces «déficits techniques». Le scénario retient alors des réserves devenues négatives «en 2023 pour la CNSS, en 2022 pour la CIMR et en 2025 pour la CMR». La RCAR en a elle jusqu'en 2052.
6 scénarios pour l'équilibre
Mettre le modèle en marche, c'est faire des simulations et dégager des orientations, plus que des certitudes. «Ce qui est important, c'est la tendance et non pas les résultats de tel ou tel scénario», met en garde Lahlimi. Il ne s'agit pas en effet de dire «Voilà ce qu'il faut faire», mais de mettre à disposition du débat sur la réforme des retraites un outil méthodologique pour mieux apprécier les tendances. Celles-ci, le modèle de base les a dégagées, vieillissement de la population, déficit financier des régimes, insoutenabilité finalement du système. Le HCP fait alors l'hypothèse que «deux types de réformes sont annoncées en 2012 et mises en place en 2015», l'ajustement du taux de cotisation et la réduction de la générosité des régimes. Les efforts risquent cependant d'être «colossaux». En 2050, le taux de cotisation devrait être «de 65% pour la CNSS (11,89% en 2010), 50,5% pour la CMR (20% en 2010), 72,7% pour le RCAR (18% en 2010) et 63,7% pour la CIMR (12,84%). «Cela serait jugé inacceptable par les travailleurs», commente Lahlimi. En cas de réduction par contre de la générosité des régimes, la valeur des retraites devra être, à l'horizon 2015, réduite de «23% pour la CMR, 20% pour la CNSS, 49,4% pour la CIMR, et près de 60% pour le RCAR». Le HCP s'inquiète que cela ne nécessite «des efforts (...) excessivement importants» de la part des retraités. Des retraités, qui pour la plupart d'entre eux, risquent de financer la retraite de mieux nantis qu'eux, au regard de la prise en considération des niveaux de salaires très bas. Augmenter l'âge de la retraite pourrait être une troisième piste intéressante - l'âge légal de départ à la retraite passerait de 60 à 62 ans - si ce n'était la présence d' «une fraction importante», «inactive» ou qui «n'est pas couverte», «parmi les individus âgés entre 60 et 62 ans». Son efficacité n'est pas prouvée donc. Rendre la couverture obligatoire pour les nouveaux entrants sur le marché du travail, s'interroge le HCP dans une autre hypothèse. Dans ce cas, le déficit du système n'est plus que de 4,9% au lieu des 7,4% dégagé par le scénario de base, et le taux de couverture pourrait aussi passer de 30% actuellement à 90% en 2050. L'avant-dernier scénario retient, lui, «une réorganisation du système de retraites», autrement dit deux possibilités de fusion. Une, entre la CNSS, la CMR et le RCAR, qui produirait un déficit de 3,5%, et 5,3% au total (y compris la CIMR) à l'horizon 2050. Et une seconde fusion entre la CMR et le RCAR, un nouveau régime qui présenterait un déficit à 0,9% sur la même période. Avec celà, on parviendrait à 6,3% pour l'ensemble du système, «soit un point de moins que le scénario de base», note le HCP. Une telle réforme fondée sur la fusion peut engendrer un risque de réduction du pouvoir d'achat, et une perte pour les retraités qui bénéficient d'un taux de remplacement supérieur à 60%. Il reste alors le «meilleur scénario» pour Lahlimi, celui qui donne une place importante aux femmes sur le marché du travail. En renforçant autant le contingent des travailleurs actifs que les hommes, l'augmentation du taux d'activité des femmes à partir de 2015 pourrait en effet augmenter le taux d'emploi de 21,5 points en 2050, avec un déficit du système avoisinant les 5,5% à la même période. Le taux de croissance serait meilleur que dans le scénario de base, mais le chômage risque de partir à la hausse. L'incapacité, en effet, du marché du travail, à absorber le supplément de population active, «notamment féminine», pourrait augmenter le taux de chômage de 2 % en 2050. L'équilibre a aussi un prix.
Point de vue
Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan
Nous avons abordé la situation du système de retraite dans le cadre des travaux que réalise le HCP sur la démographie au Maroc. Après la démographie et l'emploi, ou la démographie et la croissance, nous avons choisi dans ce cadre d'aller vers cette question de l'équilibre des retraites, par ailleurs posée nettement aujourd'hui sur la scène nationale. Il ne faut pas s'attendre à ce que nous venions dire, voilà la situation du système, et voilà ce qu'il faut faire. Ce qui serait le mieux, c'est ce qui se dégagera des discussions avec les partenaires sociaux. Il y tout un travail à faire pour réintégrer dans le système tous les travailleurs de l'informel, les saisonniers. Il faut aussi moderniser le système productif national. Tout ce travail de restructuration économique est important pour améliorer la viabilité du système de retraite. Revoir le taux de cotisation sera certainement au cœur des débats. L'intérêt finalement de l'outil d'analyse que nous présentons aujourd'hui est qu'il permet de ne pas s'arrêter seulement sur l'impact financier, mais de voir aussi les impacts économiques, sur l'emploi, l'investissement et la croissance.


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