La transition démographique est en voie d'être achevée dans les pays d'Afrique du Nord avec une fécondité de 2,4 enfants par femme et un rythme d'accroissement démographique de 1,4%. Au Maroc, le taux de fécondité s'est élevé à 2,19 enfants par femme en 2010 et le taux de croissance démographique à 1,1%. Ce qui est loin d'être le cas des pays du sud du Sahara qui continuent d'enregistrer des indices synthétiques de fécondité dépassant la moyenne africaine de 4,5 enfants par femme et des taux d'accroissement de la population supérieurs à 2%. C'est ce qu'a indiqué Ahmed Lahlimi, le haut-commissaire au Plan, lors de l'ouverture de l'atelier international sur les projections démographiques à Rabat. Toutefois, en raison de l'arrivée massive des générations issues d'époques passées à fécondité très élevée, le HCP prévoit une augmentation du nombre d'adultes en âge de travailler (15 à 59 ans). L'effectif de la population marocaine en âge d'activité qui se chiffrait à 21 millions en 2012 atteindra les 24,1 millions en 2050. Ce qui constituera un défi majeur pour l'emploi, en particulier celui des jeunes. Par ailleurs, une accélération de la baisse de la fécondité en Afrique aura pour conséquence une chute des taux de dépendance (rapport inactifs/actifs) et pourrait favoriser l'épargne des ménages et un investissement dans le capital humain. Selon M. Lahlimi, ce changement pourrait constituer une opportunité historique pour la croissance économique de l'Afrique. Cependant, cette aubaine démographique n'engendre pas mécaniquement des gains économiques. «Des politiques structurelles appropriées, notamment en matière de santé, d'éducation et de gouvernance, à même d'assurer une valorisation de ce capital humain et de créer une dynamique économique créatrice d'opportunités d'emplois productifs et décents, sont nécessaires pour que les opportunités et les fenêtres que cette aubaine ouvre se traduisent en plus de richesses et de progrès social», a déclaré M. Lahlimi. Lors de son discours, le haut-commissaire a mis en exergue l'importance des données des recensements en citant l'enquête démographique à passages répétés réalisée en 2009-2010. Ciblant un échantillon de 105.000 ménages, cette enquête avait fourni des informations de taille sur la mortalité, la natalité, les migrations et leurs structures. Des écarts significatifs avaient été constatés en matière d'espérance de vie (74,8 ans contre 73,1 prévu) et des migrations internes (solde migratoire des villes de 127.000 au lieu de 97.000 prévu) et internationales (solde migratoire de -86.000 personnes au lieu de -83.000 prévu). M. Lahlimi n'a pas manqué de relever la faible production statistique dans les pays africains. Une situation qui s'explique par les besoins financiers et le manque de ressources humaines qualifiées, notamment de démographes. Rappelons que le continent africain connaît l'évolution démographique la plus spectaculaire dans le monde. Selon les Nations Unies, il verra sa population doubler en 40 ans en passant de près d'un milliard d'habitants en 2012 à 2,2 milliards en 2050. Son poids démographique dans la population mondiale passera ainsi de 15 à 24% et constituera un véritable bouleversement démographique.