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Migration irrégulière. Salé, Dakhla, Mehdia, nouveaux points de départs
Publié dans Les ECO le 01 - 10 - 2019

Les signes avant-coureurs du drame de Zenata étaient déjà visibles. Les côtes atlantiques du Maroc ont été investies par des passeurs sans scrupule. Zoom sur un nouveau phénomène.
Le naufrage de ce zodiac parti des côtes de Casablanca, le 29 septembre, causant la mort de 12 Marocains candidats à l'émigration irrégulière -outre 41 autres portés disparus- a été précédé de tentatives similaires. Il y a an, pareille catastrophe avait été évitée de très près. En septembre 2019, la Marine royale a sauvé la vie de 19 Marocains candidats à l'émigration irrégulière, dont une femme et un enfant, avaient annoncé les Forces armées royales (FAR) dans un communiqué.
Naufrage à Casablanca
Cette tentative téméraire avait été menée à bord d'une embarcation en bois «dépourvue de tout moyen de propulsion», poursuivent les FAR. «Ils ont été abandonnées par leur passeur au milieu de l'océan», précise l'armée. Ils ne doivent leur salut qu'à un appel des familles à la Marine royale. L'embarcation de fortune avait pris l'eau et coulé juste à la fin de l'opération de sauvetage. Malheureusement, le «groupe de Zenata» n'a pas eu cette chance. Cette opération de migration irrégulière a démarré le 25 septembre. «Une première tentative avait eu lieu ce jour-là, mais a été annulée pour cause de mauvais temps», indique le quotidien Assabah. Le groupe, avec ses passeurs, tente une nouvelle fois la traversée vers l'Espagne le dimanche 28 septembre. Cette tentative se soldera par un bilan humain très lourd. Parmi les 56 personnes embarquées dans le zodiac, on compte seulement trois miraculeux survivants. Douze corps ont été retrouvés échoués sur la plage de Zenata, entre Aïn Sbaâ et Mohammedia. Parmi les victimes, une femme âgée de 27 ans. Ces jeunes sont originaires de Kelâat Sraghna, ainsi que de la région de Beni Mellal.
«Partir depuis les côtes de Casablanca et atteindre les îles Canaries ou le Sud de l'Espagne est mission impossible, surtout avec le type d'embarcation qu'utilisait le passeur», souligne Abdelkabir Taghia, président de l'Association Sakia El Hamra pour l'immigration et le développement, qui suit l'évolution des mouvements migratoires en Atlantique depuis des années.
Même son de cloche de la part de Hassane Ammari, d'Alarm Phone, ONG d'assistance de migrants en détresse en mer ou au Sahara: «Ces personnes ont vraisemblablement été victimes d'une escroquerie de la part d'un réseau de trafiquants. Les politiques européennes sont les premières à blâmer dans ces drames». Le Parquet général à Mohammedia a ouvert une enquête. L'intermédiaire a été arrêté à Mediouna; le passeur et ses complices sont toujours en cavale. Les recherches se poursuivent aussi pour repêcher les corps des autres personnes portées disparues. Ce drame rappelle la multiplication des routes migratoires depuis le Maroc. En plus des côtes méditerranéenne du royaume, les candidats à l'émigration irrégulière, qu'ils soient marocains ou étrangers, tentent de passer depuis les côtes atlantiques. Une route particulièrement périlleuse.
Nouveaux départs attendus
Les passeurs jettent leur dévolu sur les côtes de Salé, de Mehdia ou de Sidi Ifni, avec un lot de drames que l'on peut imaginer. «Un départ de Sidi Ifni est extrêmement dangereux. Il faut savoir que le point le plus proche du Maroc vers les îles Canaries est Tarfaya, à environ 80 km de celles-ci, cela suppose une certaine quantité de carburant à bord d'un bateau. Or, depuis Sidi Ifni, il faudrait une citerne pour arriver aux côtes espagnoles», compare Taghia. Malgré ces risques, en 2018, la route atlantique depuis les côtes du Sahara vers les Îles Canaries a été réactivée. Le nombre de personnes ayant atteint cet archipel depuis les côtes marocaines et sénégalaises a progressé de 264% en une année, selon les données de l'Agence européenne de contrôle des frontières (FRONTEX). «Il s'agit de Marocains qui ont des parents dans les îles. La moitié des départs se font depuis le Maroc», précise FRONTEX. Pour Taghia, les nouveaux départs des Marocains connaissent des changements inquiétants: «les embarcations transportant les Marocains comptent plus de candidats. L'an passé, on en comptait une vingtaine par embarcation. Ces derniers mois, les départs se font avec une cinquantaine de candidats à bord, ce qui met en péril la vie de ces migrants», alerte Taghia. En cette période de l'année où la mer est la plus calme, d'autres départs sont attendus, depuis l'Atlantique comme depuis la Méditerranée.
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Les haragas marocains, la grande évasion
Le week-end dernier a eu lieu le grand départ de migrants irréguliers marocains et subsahariens. Sept embarcations ont atteint les côtes espagnoles depuis les côtes méditerranéennes du Maroc. Selon les données d'Alarm Phone, ce sont 173 personnes qui ont atteint l'Espagne. Pour Ammari, «d'anciens points de départ datant des années 90 et du début des années 2000 sont désormais actifs comme Cap de l'eau et Saidia», précise-t-il. Deux autres embarcations ont atteint les îles Canaries depuis Dakhla et Laâyoune. Pour rappel, 15.000 migrants ont atteint les côtes espagnoles depuis le Maroc entre janvier et août 2019. Un chiffre en baisse de 50% par rapport à la même période de l'an dernier.


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