Des dizaines d'étudiants ont perturbé samedi une réunion de "l'instance de dialogue" chargée par le pouvoir algérien de sortir le pays de la crise, pour dénoncer la présence d'un syndicat étudiant qu'ils accusent d'être un soutien du pouvoir, selon des médias et des réseaux sociaux. Formée fin juillet, cette "Instance nationale de dialogue" est chargée de consulter partis politiques, société civile et représentants du "Hirak" (mouvement de contestation), afin de définir les modalités d'une présidentielle devant élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission par la rue le 2 avril. Le "Hirak", auquel les étudiants prennent une large part, refuse ce dialogue et réclame le démantèlement de l'appareil hérité des 20 ans de présidence Bouteflika avant tout scrutin et la mise en place d'institutions de transition, ce que refusent les autorités algériennes, civiles et militaires. Une "Union des étudiants Alger 1" avait appelé sur Facebook à protester contre une rencontre programmée samedi entre l'instance de dialogue et "un syndicat estudiantin (...) appelé UGEL" (Union générale des étudiants libres), "afin que ce dernier représente les étudiants et donc de légitimer ce dialogue". Les auteurs de l'appel, qui disent n'appartenir "à aucun parti et à aucun syndicat", qualifient les étudiants de l'UGEL de "larbins du système" ayant "soutenu TOUS les mandats de Bouteflika". "Nous ne pouvons laisser le pouvoir en place se jouer de notre mouvement populaire en propulsant ses larbins en tant que représentant des étudiants libres, afin de décrédibiliser le mouvement estudiantin et les marches du mardi", jour de manifestation hebdomadaire des étudiants contre le régime depuis le 22 février, début du mouvement de contestation inédit en Algérie, ajoutent-ils. Sur des vidéos publiées sur la page Facebook, on voit plusieurs dizaines d'étudiants pénétrer dans la salle de réunion aux cris "Pas de dialogue avec +le gang+" au pouvoir ou "les syndicats à la poubelle!". "Algérie libre et démocratique" et "transition obligatoire", ont-ils également chanté. Après des discussions avec des membre de l'instance, dont des universitaires, ils sont sortis de la salle sans incident et ont continué à manifester devant le siège de l'instance.