Des milliers d'étudiants manifestent mardi à Alger, scandant "silmiya" (pacifique) face à un important dispositif policier qui leur interdit l'accès au parvis de la Grande Poste, bâtiment devenu le point de ralliement de la contestation qui agite l'Algérie depuis le 22 février. La police restreint de plus en plus la liberté d'action des manifestants, sauf le vendredi, jour de repos hebdomadaire en Algérie et de mobilisations monstres depuis près de deux mois. Le mardi précédent, les policiers avaient, pour la première fois depuis le début du mouvement, tenté de disperser une manifestation d'étudiants, ne se contentant pas de l'encadrer. "Libérez l'Algérie!", "Le peuple veut qu'ils partent tous", clament les étudiants à l'adresse des dirigeants algériens, issus de l'appareil mis en place par le président Abdelaziz Bouteflika dont la contestation a obtenu la démission. Depuis la rentrée des vacances universitaires, début avril, des mouvements de grève ont débuté dans plusieurs campus. "Les étudiants algériens veulent un gouvernement de transition", peut-on lire sur une banderole. Le président par intérim Abdelkader Bensalah a annoncé l'organisation d'un scrutin présidentiel le 4 juillet pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril sous la pression conjuguée de l'armée et de la rue. Pour les contestataires algériens, le maintien à la tête de l'Etat des structures et personnalités issues du "système" mis en place par Bouteflika durant les 20 ans qu'il a passés au pouvoir ne permettent pas de garantir un scrutin libre et équitable.