Le dernier rapport de la Banque mondiale, intitulé «Incertitudes et vulnérabilités», a été l'occasion de constater enfin les effets de contagion, assurément en action, des marchés internationaux matures vers les marchés émergents. Le monde de la finance, au cœur de la crise actuelle, ne sera donc pas épargné. Sur le continent, le comportement et le niveau actuel de certains fonds d'investissement, adossés à certains indices boursiers africains, montrent la fragilité des marchés africains les plus développés, en matière de capitalisations et de titres actifs. À première vue, le Maroc n'échappe pas, lui non plus, aux méandres de la crise financière ni à celle relative à la confiance des investisseurs. Un des principaux indices régionaux de référence, le «MSCI Emerging and Frontier Markets (EFM) Africa ex South Africa Index» est un indice pondéré par la capitalisation boursière ajustée du flottant, élaboré de manière à mesurer la performance et le rendement des marchés boursiers des pays émergents et frontaliers en Afrique (hors Afrique du Sud). L'indice se compose actuellement de titres émanant de 6 marchés africains suivis par les investisseurs internationaux : Egypte, Kenya, Ile Maurice, Nigéria, Tunisie et Maroc. Dans les 10 plus grandes positions de l'indice, on retrouve à la seconde place Maroc Telecom, pour un positionnement à hauteur de 7,70%. À la date du 20 janvier dernier, cet indice phare était sur une contreperformance annuelle de -20,58%, comparée à la même date en 2010. Sur les 6 derniers mois, cette dernière ressort à -6,07%, un redressement notable, dû en grande partie à la performance réalisé sur le dernier mois (+7,34%) et sur les trois derniers mois (+3,17%). Cette contreperformance a naturellement exercé un impact sur tous les fonds d'investissement qui le prennent comme référence. C'est le cas du «RBS Market Access», une SICAV domicilée au Luxembourg, lancée en septembre 2011. Depuis son lancement, la performance se situe dans une fourchette comprise entre 36,36 euros et 40,25 euros. À la date du 20 janvier dernier, la performance à 6 mois ressortait à près de -0,10%, bien qu'elle soit, depuis le début de l'année, positive à près de 0,42%. Le «prescient Africa Equity Fund», lancé en mars 2011, affiche le même comportement volatile. Parti sur une contreperformance sur le premier mois de -0,81%, il n'a eu de cesse d'alterner, mois après mois, bonnes et mauvaises performances, pour finir, à fin octobre 2011, sur une variation positive de 3,79%. Dernier fonds recensé, le «Invest AD-Emerging Africa Fund», lancé en avril 2009, est plus aisé à analyser, vu que sa performance, depuis la date de lancement, suit un trend baissier continu, interrompu l'année dernière, par quelques sursauts d'orgueil. À la date du 19 janvier 2012, la performance depuis la date de lancement, ressort à -10,23%, même si, depuis le début de l'année, elle s'affiche comme plutôt positive, avec +1,39%. Compte tenu de la volatilité et de la frilosité de ces trois références indicielles, il apparaît clairement que le marché boursier africain, et à plus forte raison le marché marocain, auront peu de marge de manœuvre durant l'année 2012 si, avant même la diffusion des effets de contagion annoncés par la Banque mondiale, il peine à redresser la pente. Si on ajoute à cela les mauvaises nouvelles annoncées par certaines sociétés cotées en Bourse dernièrement, on ne pourra donc se fier qu'aux seuls «grosses» capitalisations de la place. Mais vu leur interconnexion avec les marchés européens et en l'occurrence africains, les cartes risquent de se brouiller davantage.