L'employabilité des jeunes figure parmi les dossiers explosifs qui attendent le gouvernement. En attendant la vision gouvernementale quant à ce sujet, l'ANAPEC, investie de la mission de la promotion de l'emploi, estime avoir atteint une bonne partie de ses objectifs à la veille de l'avènement du nouveau Exécutif. Un constat qui ne fait pas l'unanimité auprès du patronat. En effet, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) plaide, depuis un moment, pour la nécessité de la réorientation des missions de l'ANAPEC. Selon Jamal Belahrach, directeur de la commission emploi au sein de la confédération, «malgré les chiffres enregistrés par l'Agence, cette dernière a montré plusieurs défaillances en termes d'efficacité». Dans ce sens, la CGEM invite les partenaires sociaux, pouvoirs publics et centrales syndicales à entamer un projet de réforme de l'ANAPEC. Ce projet, qui a été appuyé par le rapport du Conseil économique et social, consiste en la mise en œuvre de cinq mesures principales. La première action consiste en l'élargissement des missions de l'ANAPEC. En effet, «cette agence a été créée par le gouvernement pour assurer l'insertion de tous les chercheurs d'emploi et non pas uniquement des diplômés», explique Belahrach. Un avis qui n'est pas partagé par l'ANAPEC. Cette dernière confirme qu'en dépit de l'inexistence d'une mesure mise en place par le gouvernement pour l'insertion des non-diplômés, actuellement, «12% des bénéficiaires de nos programmes font partie de cette population», lance Youssef Chikhi. La deuxième mesure proposée par le patronat, est celle du renforcement de la proximité des PME-PMI. Belahrach en veut pour preuve que près de 80% des insertions ont été réalisées grâce à des conventions signées avec les secteurs de l'offshoring, de l'automobile et de l'électronique. Un constat confirmé par l'ANAPEC. Toutefois, ce dernier déclare que l'Agence s'est donnée tous les moyens pour être proche des petites et moyennes entreprises ainsi que des industries. «Actuellement nous disposons d'un réseau étoffé de plus de 70 agences à travers le royaume. Nous avons également une force commerciale bien formée qui mène des visites récurrentes dans ces entreprises», déclare-t-il. Et de préciser que «si actuellement les PME ne profitent pas assez de nos services, ce n'est pas à cause de l'inexistence d'actions ciblées à l'attention de cette population mais plus à cause de leur désintérêt vis à vis de nos offres». Le troisième point évoqué par la CGEM, c'est la révision du contrat d'insertion professionnelle (CIP). Pour Belahrach, aujourd'hui le travail ne se traduit pas uniquement par un salaire. Bien au contraire, le salaire est, en premier lieu, un statut, de la stabilité et de l'évolution. Ces trois composantes ne peuvent être réalisées à travers le CIP connu sous l'appellation «Contrat ANAPEC». Un avis que rejette Chikhi en bloc. Pour lui, depuis le déploiement du CIP, ce dernier a assuré l'insertion définitive de 75% des bénéficiaires et a connu une évolution considérable, suite à l'activation de deux des 20 mesures pour l'emploi. Il s'agit de la prise en charge par l'Etat de la couverture sociale des bénéficiaires des contrats d'insertion et du contrat d'intégration professionnelle visant des diplômés universitaires en chômage depuis plus d'une année. S'agissant des deux dernières mesures, elles consistent à la création d'une structure des statistiques au sein de l'ANAPEC, ainsi qu'au déploiement des mesures gouvernementales avec plus d'efficacité. Dans ce sens, le directeur de la communication explique que la création d'un Observatoire national pour l'emploi est déjà prévu par le ministère de tutelle. Cette entité sera chargée de mener des études statistiques sur le marché de l'emploi. En ce qui concerne le rôle que pourrait éventuellement jouer l'ANAPEC dans ce sens «ce serait d'alimenter cet observatoire par les résultats de nos recherches», ajoute Chikhi. Il enchaîne, «s'agissant du déploiement des mesures du gouvernement, nous sommes une entité qui travaille sous la houlette de notre gouvernement». En d'autres termes, l'ANAPEC ne fait qu'exécuter les commandes du gouvernement. Ces déclarations expliquent en clair, le ton confiant de Jamal Belahrach, qui a confirmé que «la réforme de l'ANAPEC sera entamée dans les mois qui viennent». Les profils pointus ciblés L'ANAPEC vient de développer une approche spécifique destinée aux profils pointus. En effet, au cours de l'année 2011, il y a eu l'achèvement de plusieurs phases relatives à l'étude de marché portant sur le recrutement de ses profils pointus. La finalité de ce projet consiste aujourd'hui à définir et à mettre en place une offre de services spécifique à cette catégorie de chercheurs d'emploi. Dans ce sens, l'ANAPEC a réalisé une série d'actions pour réussir cette expérience, telle que l'analyse du dispositif interne en matière d'intermédiation dans le recrutement des profils en tension et des cadres et l'analyse externe du marché du recrutement de ses profils auprès des employeurs, des opérateurs de formation et des chercheurs d'emploi. Parmi les autres actions menées il y a lieu de citer l'étude documentaire de ce marché par les cabinets de recrutement et l'identification des bonnes pratiques. Enfin, l'identification des opportunités de positionnement de l'ANAPEC et le lancement d'expériences pilotes seront poursuivis dans les semaines qui viennent. Lire aussi : L'ANAPEC à l'heure des grands défis