Les mesures proposées par la CGEM pour la création de l'emploi attaquent frontalement l'IS, plutôt que les charges sociales. Le patronat marocain semble vouloir prendre à bras le corps la problématique de l'emploi. La commission emploi et relations sociales, relevant de la CGEM, vient de dévoiler aux représentants de la presse nationale ses idées pour lutter efficacement contre ce fléau, avec l'ambition de susciter un large débat national. En somme, ce ne sont pas moins de 20 mesures constituant l'ossature de ce que la commission présidée par Jamal Belahrach appelle un pacte national pour l'emploi. « Il est inacceptable de tolérer que 18% de nos jeunes diplômés soient au chômage. Il s'agit d'une non-assistance à des diplômés en danger», martèle M. Belahrach, lors d'une conférence de presse tenue mardi 1er février au siège de la CGEM. Autre chiffre révélateur de la précarisation de l'emploi au Maroc : sur 11 millions de salariés recensés, seulement un million est déclaré à la CNSS sur 12 mois consécutives. Effarant ! Un CPE marocain Parmi les mesures phares préconisées par la commission emploi et relations sociales/CGEM, l'on retient notamment la création d'un contrat d'intégration professionnelle (CIP) avec période d'essai de trois mois renouvelables. Ciblant les Bac+3 et plus, cette mesure doit être accompagnée, aux yeux du patronat, par une réduction de l'IS de 50% du coût annuel total du salarié, sur une durée de 24 mois. Pour les jeunes titulaires d'un bac ou d'un bac +2, la CGEM propose la création d'un contrat première expérience (CPE) en CDD avec période d'essai de 6 mois. Pour une durée maximum de 24 mois et pour un salaire supérieur au SMIG, le CPE stipule une réduction forfaitaire de l'IS de 15 000 dirhams par an et par jeune diplômé. Pour la CGEM, le CIP et CPE doivent garantir tous les droits sociaux, y compris la CIMR. « Nous voulons créer de nouvelles conditions de dialogue direct avec les partenaires sociaux et vaincre l'idée selon laquelle le chômage serait une fatalité », souligne le président de la commission emploi de la CGEM. Haro sur le chômage ! La création de l'emploi passe aux yeux de la CGEM par d'autres actions, telles que la promotion de la formation en alternance et des formations courtes (Bac+2) dans les filières technique, de gestion et de commerce, l'incitation des chefs d'entreprise et des cadres à enseigner dans les écoles, la mise en place des crédits d'impôt formation pour les entreprises et des chèques de formation au profit des demandeurs d'emploi. Et ce n'est pas tout, la lutte contre le chômage, assimilée par Jamal Belahrach à une guerre, est fonction aussi de la réduction du taux de la CNSS (de 20% à 15%), de la révision des contrats Anapec (conférer le statut de salarié et non de stagiaire aux jeunes recrues) et de l'obligation d'effectuer des stages en entreprise au cours du cursus scolaire et universitaire (avec un minimum de 25 % du temps de scolarité). Et pour marquer son engagement citoyen et responsable, la commission emploi de la CGEM a pensé aussi aux personnes en situation d'handicap, pour qui elle propose des contrats d'insertion garantissant l'ensemble des droits sociaux, avec à la clé, une réduction de l'IS de 70% du coût annuel total du salarié et des subventions pour tout investissement lié à l'adaptation des postes de travail. Sur l'ensemble de ces mesures, le président de la commission emploi espère qu'au moins 5 ou six soient retenues dans le cadre du projet de loi de finances 2012. La balle est dans le camp du Gouvernement. Said El Hadini (Le Temps)