Le programme Idmaj, jugé peu attractif pour les jeunes à la recherche d'emploi, a été récemment revu. De nouveaux contrats garantissant l'accès à la sécurité sociale sont mis en place. Les chiffres cachent souvent les réalités. Le taux de chômage n'en est pas une exception. Celui-ci bien qu'inscrit en baisse, dans le détail, certaines populations connaissent une tendance inverse. Chez les jeunes des «15-24 ans», près d'un sur trois (31,3%) est sans emploi. Dans cette catégorie on retrouve des jeunes diplômés en des domaines inadaptés à la demande sur le marché de l'emploi. Les diplômés ne disposant pas d'expériences sur le terrain sont également concernés. En effet, cette population est «boycottée» par les employeurs. Tout simplement car elle ne sera d'aucune utilité au sein de son entreprise. Que fera un spécialiste de transit d'un diplômé en histoire ? Ou encore une agence de communication d'un licencié en études islamiques ? L'inadaptabilité entre l'offre et la demande sur le marché de l'emploi a longtemps turlupiné les autorités. Afin d'y remédier, plusieurs solutions ont vu le jour. Entre elles, il y a ce que l'on appelle le contrat insertion lancé dans le cadre du programme Idmaj. Axé essentiellement sur l'obtention de compétences sur le terrain, il s'agit d'un contrat de stage facilitant l'insertion, et qui doit déboucher sur un recrutement. En contrepartie, l'employeur est exonéré des cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), de la taxe de formation professionnelle (TFP) et de l'impôt sur le revenu (IR). Les enquêtes que le ministère de l'Emploi a commanditées afin de mesurer la satisfaction des chercheurs d'emploi ont relevé plusieurs points de faiblesse au niveau des mesures adoptées pour promouvoir l'emploi. Parmi ces faiblesses, «l'absence de couverture sociale constituait un manque d'attractivité certain du dispositif de formation – insertion», avait précisé le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Jamal Rhmani, lors d'un point de presse tenu jeudi dernier. De même, ces enquêtes ont soulevé que les mesures publiques d'accompagnement à l'insertion ne suffisent pas à conduire vers une intégration dans l'entreprise. Pour toutes ces raisons, mais aussi en concrétisation de la convention signée entre le gouvernement et CGEM le 24 mai dernier, le ministère a dévoilé deux nouvelles mesures à même de régler ces problèmes et continue de travailler sur 17 autres. La première mesure consiste en la prise en charge de la couverture sociale. Elle permettra aux bénéficiaires d'un contrat insertion de profiter de la couverture sociale une fois leur contrat à durée indéterminée signé. Certes le régime de la sécurité sociale précise que tous les employés dans le privé sont assujettis à la sécurité sociale obligatoirement sauf dérogation. Or, la réalité du terrain est tout autre. Ainsi pour garantir un travail décent à ces jeunes diplômés, c'est l'Etat qui prendra en charge les cotisations correspondant à la part patronale à la CNSS pendant les 24 mois à partir de la conclusion du CDI. Autrement dit, tout au long de cette période c'est l'Etat qui cotisera à la place de l'employeur. La seconde mesure, quant à elle, a trait à la formation. Erigée sous forme de contrat d'intégration professionnelle (CIP), il s'agit d'un outil mis à la disposition des entreprises afin d'offrir aux chercheurs d'emploi ayant de grandes difficultés d'insertion une opportunité de formation et d'emploi. Ainsi après un stage de 6 à 9 mois, et une fois le CDI signé, avec couverture sociale, l'Etat verse à l'entreprise une indemnité de formation – intégration de 25.000 DH. Par ailleurs, le bénéficiaire aurait perçu une indemnité de stage tout au long de la période de sa formation. Ces deux mesures, pour lesquelles, le ministère mobilisera 2 milliards DH, seront opérationnelles dès le 15 octobre prochain. Elles devront d'ici à fin 2016 assurer l'intégration de 297.000 chercheurs d'emploi. Une troisième mesure, portant cette fois-ci sur la mobilité, sera présentée dans les semaines prochaines. Quant aux autres mesures, qui intègrent, entre autres, la dimension de régionalisation dans leur mise en œuvre, c'est le prochain gouvernement qui devrait les porter. Le patronat, en la personne de Jamal Belahrach, président de la commission emploi et relations sociales de la CGEM, est confiant «car même si les ministres ne seront pas les mêmes, dans les deux prochains mois, les techniciens qui travaillent derrière demeureront eux les mêmes». Jamal Belahrach, président de la commission emploi et relations sociales de la CGEM : «J'étais agréablement surpris par cette première collaboration avec le ministère. A la base, j'avais un avis négatif, mais au final j'ai découvert des personnes qui veulent faire bouger les choses. Ce sont ces techniciens qui travaillent dans l'ombre qui garantiront la pérennité de ces acquis». Kamal Hafidi, directeur général de l'ANAPEC : «Chaque année, l'agence enregistre 130 000 nouveaux dossiers de demandeurs d'emploi. Elle accompagne 150000 chercheurs d'emploi dans le cadre de ces programmes Idmaj, Taahil et Moukawalati. A la fin 57 000 sont insérés et 1 000 créent leurs sociétés». Jamal Rhmani, ministre de l'Emploi et de la Formation : «Le lancement des études est soumis aux procédures des marchés publics. Le timing de l'annonce de ces mesures n'a rien avoir, ni avec la durée de vie du gouvernement ni avec l'agenda électoral».