Ça bouge au ministère de la Santé, et la volonté politique d'améliorer la gouvernance ne manque pas. D'ailleurs, certains ne tarderont pas à passer à la trappe. Selon nos informations, l'inspection générale du ministère (IGS) donne un grand coup de balai visant un trafic peu scrupuleux portant sur des dizaines de millions de dirhams relatifs aux médicaments commandés par les centres hospitaliers et les grands hôpitaux du royaume. L'IGS aurait mis la main sur des factures fictives, des marchés opaques, des commandes gonflées, etc. En résumé, des hôpitaux, en accointance avec des distributeurs, facturent des quantités de médicaments qu'ils ne reçoivent pas. La différence entre les quantités commandées et celles reçues est détournée et se retrouve sur d'autres circuits. Résultat de ce trafic, des millions de dirhams sont payés avec les fonds publics pour gonfler des poches mafieuses. Le plus dangereux dans ce circuit, c'est qu'il prive des millions de Marocains des médicaments qui leur sont destinés, avec comme conséquences l'aggravation de maladies et même le décès de citoyens marocains non secourus du fait de l'indisponibilité des médicaments. Dans cette ambiance délétère, il faut saluer les équipes du ministère de la Santé, et surtout l'inspection générale, qui n'hésitent pas à mettre la main dans le guêpier en dépit des coups bas qu'ils essuient. Il faut aussi signaler l'étroite coordination avec l'équipe de la Primature en charge de la moralisation et de la lutte contre la corruption. Une synergie salutaire qu'il y a lieu d'encourager dans un environnement hostile, en attendant de passer de l'enquête à la véritable reddition des comptes. Il est important de transmettre des signaux à effet de dissuasion et de sévir, le cas échéant. Car la passivité, longtemps constatée dans les services publics, a exacerbé la prévarication, notamment dans des secteurs clés pour la société tels que l'enseignement et la santé.