Une large majorité de 95% des 561 internautes qui ont répondu à la consultation online de Flm, a estimé que la correction boursière actuelle est justifiée. A contrario, ils ne sont que 5% à estimer que cette correction est exagérée. Ainsi, après un bon début d'année en Bourse avec un pic de performance 2018 YtD de 6,6% à la mi-mars, qui avait porté les gains depuis le 15 décembre 2015 à plus de 50%, la tendance s'est retournée avec une chute du Masi de 12,2%. In fine, après deux bonnes années boursières, la variation 2018 YtD a viré dans le rouge à -6,4% au 11 juillet avec une configuration chartiste qui est devenue franchement baissière depuis le décroisement entre la MM 50J et la MM 200J. En effet, au départ, la baisse du Masi était davantage une prise de bénéfices après les gains cumulés importants. Cette prise de bénéfices, s'est toutefois transformée en mouvement de correction qui a coïncidé avec la campagne de boycott, qui a agi sur la psychologie collective négative. En particulier, depuis le 20 avril, le Masi a corrigé de 10,6%. D'ailleurs, ceux qui pensent que cette correction est justifiée, pensent certainement au fait que le boycott a eu un effet direct sur trois valeurs. Ainsi, Total Maroc a vu son cours baisser de 43,4% entre le 20 avril et le 11 juillet, sous l'effet de la conviction des investisseurs d'une baisse forcée de la marge des distributeurs pétroliers. Aussi, Oulmès et Centrale ont publié des profit warnings, même si leur effet sur le Masi est quasi-nul, vu le très faible flottant. Surtout, cette campagne a vraisemblablement agi au niveau de la psychologie collective notamment au niveau de la peur de l'extension du boycott à d'autres marques ou de sa transformation en crise politique au niveau de la majorité gouvernementale. De même, certains observateurs ont pu craindre un impact du boycott au niveau des investissements privés locaux ou étrangers. Un dernier argument est à considérer au niveau de la correction est celui de la désaffection des investisseurs étrangers envers les marchés émergents et les Frontier Markets à cause de la hausse des taux de la FED et de la fuite des actifs risqués. Ainsi, le MSCI FM affiche au 10 juillet une contreperformance annuelle de 11% contre 7,2% pour le MSCI Morocco. Toutefois, plusieurs arguments en faveur de la baisse, peuvent paraître contestables. Ainsi, au niveau de l'impact de la désaffection des investisseurs étrangers, la Tunisie constitue un contre-exemple parfait avec une performance 2018 YtD de 36,5% du MSCI Tunisia. Par ailleurs, au niveau du boycott, rien n'est garanti au niveau de la baisse inéluctable de la marge de Total Maroc car une marge fixe en dirhams, est positive quand les cours du pétrole, sont peu élevés. Idem, une marge fixe en pourcentage, dope la rentabilité quand les cours sont élevés. Enfin, au premier semestre, Total Maroc a dû profiter du boycott d'Afriquia même si cette dernière n'a pas communiqué sur ce sujet. Par ailleurs, la visite du P-DG de Danone au Maroc, témoigne de l'absence d'impact de la campagne de boycott sur les IDE. Aussi, dans l'absolu, plusieurs entreprises cotées avaient connu des grèves ou des événements sociaux sans pour autant annuler des investissements. Aussi, ceux qui trouvent la sanction boursière exagérée, pensent au niveau Top Down. En effet, la croissance économique est au rendez-vous avec un environnement bas des taux et un contexte de libéralisation progressive de change. Ainsi, selon BAM, la croissance non-agricole devrait passer de 2,7% en 2017 à 3,2% en 2018 et à 3,5% en 2019. Cet élément est important car souvent, le signe de la variation du Masi est le même que celui de la croissance économique et de la progression de la masse bénéficiaire. Aussi, le BDT 5 ans n'offre actuellement qu'un taux d'intérêt de 2,8% contre un taux des Comptes sur carnet de 1,88% alors que le D/Y du marché est de près 4%. De plus, les investisseurs ont subitement oublié l'avantage de l'exposition aux actifs réels dans un contexte de libéralisation progressive mais irréversible du change. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Est-ce que la sanction boursière est exagérée ? Farid Mezouar : Je dirais que le marché a raison même quand il a tort. Ainsi, à la décharge de ceux qui doutent du marché, en plus des éléments développés ci-dessus, nous pouvons rajouter la communication insuffisante de certains émetteurs sur des sujets importants comme l'IFRS 9 ou l'atonie du secteur BTP. Toutefois, d'un point de vue fondamental, cette sanction est sévère, car, comment un investisseur long-termiste peut refuser un D/Y de 4% quand le BT 5 ans ne rapporte que 2,8%, avec un risque non négligeable de hausse des taux. Comment réagir dans un tel contexte boursier ? Pour les long-termistes, le conseil est de suivre la démarche de Warren Buffet qui traite le marché comme un ami maniaco-dépressif auquel il faut acheter des titres quand il déprime et brade tout. Ainsi, c'est l'occasion de bâtir un portefeuille ou de le renforcer, en profitant notamment de l'amélioration des ratios de certains titres. Au passage, nous évoquons la notion du long-terme, car une moins-value latente ne devient réelle que quand les titres sont cédés. À l'inverse, le D/Y est un rendement réel avec un flux effectif.