Pour notre consultation hebdomadaire en ligne, réservée aux placements financiers envisagés pour le second semestre, 64% des 725 internautes ayant répondu ont affiché leur préférence pour les produits taux contre 36% pour les actions. En effet, ramadan fini et avant les vacances estivales, il est temps pour plusieurs investisseurs d'ajuster leurs placements financiers. Surtout, plusieurs épargnants ont tendance à se baser sur les performances historiques pour prendre leurs décisions. Ainsi, en se basant sur l'indice de performance des OPCVM calculé par l'AMMC, qui offre l'homogénéité et la gestion active, les variations annuelles YtD au 25 mai (données disponibles à la clôture de la consultation) sont proches avec un avantage pour les produits taux dont le rendement n'est pas annualisé. Ainsi, le monétaire affichait à cette date une performance de 0,86% contre 1,06% pour l'obligataire court terme et 1,30% pour l'obligataire MLT, ainsi que 1,38% pour la catégorie actions. Sur un autre registre, selon les statistiques de BAM, le taux moyen pondéré des dépôts bancaires à terme sur 1 an a atteint 3,1% en mars 2018. Au 1er juin, le monétaire a offert une performance de 0,9% contre 1,1% pour l'obligataire court terme et 1,28% pour l'obligataire MLT, et surtout -0,23% pour la catégorie actions. En effet, après un bon début d'année, le MASI a dévissé, affichant au 1er juin une variation annuelle de -1,14%. Pour les produits taux, la courbe du marché secondaire épouse quasiment celle de fin 2017. En particulier, sur le marché obligataire, la pression est minime au niveau du financement intérieur du Trésor avec une levée nette de 11,6 MMDH au 30 avril 2018 contre 8,6 MMDH un an auparavant. Ainsi, en se basant sur les performances historiques, l'avantage a aux produits taux, surtout qu'entre-temps, le MASI a annulé ses gains annuels. De plus, au niveau des produits des taux, les choix sont plus variés avec la possibilité de recourir à des placements à faible risque au niveau de la catégorie monétaire, en attendant d'y voir plus clair. Toutefois, au niveau des perspectives, le choix est plus mitigé car la correction du marché actions ne semble pas obéir à des critères exclusivement fondamentaux quand l'équilibre du marché obligataire paraît plus fragile. En effet, la confirmation de la poussée inflationniste risque de toucher les taux réels et de pousser, ainsi, les taux nominaux à la hausse. En particulier, en se basant sur la moyenne des 4 premiers mois de 2018, l'inflation s'est établie à 2,2% contre 0,7% en 2017 et une prévision de BAM de 1,8%. Sur cette période, les prix des produits alimentaires ont augmenté en moyenne de 2,7% contre 1,6% pour le non-alimentaire. Aussi, pour le moment, le marché de change ne connaît pas de turbulences malgré l'élargissement de la bande de fluctuation. Or, la remontée des taux en dollar aurait dû peser même à la marge. En effet, le taux du 10 ans américain a pris près de 60 pbs en 2018, atteignant un niveau avoisinant les 3%, soit quasiment le niveau des bons du Trésor au Maroc. Par ailleurs, l'atonie des crédits semble peser sur le niveau des taux des DAT qui affichait, à fin mars 2018, une baisse de 1 pbs par rapport à décembre 2017, de 20 pbs par rapport à fin 2016 et de 84 pbs par rapport à fin 2015. Quant au marché actions, au niveau top down, tous les indicateurs sont au vert avec une croissance économique satisfaisante, une hausse de la masse bénéficiaire, un environnement bas des taux en plus de la bonne tenue des groupes internationalisés. Ainsi, c'est la psychologie collective morose des investisseurs qui a amplifié une correction bottom up, dont les origines sont diverses. Citons le désengagement partiel des investisseurs internationaux des marchés frontiers markets, les difficultés du secteur du ciment ou certains couacs liés à la communication financière. Par ailleurs, comme pour le marché obligataire, le marché actions ne prend plus en compte la flexibilité partielle du dirham, écartant tout scénario de volatilité de change ou de dépréciation de la monnaie nationale. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Faut-il se positionner sur l'action ou sur les produits taux ? Farid Mezouar : Tout d'abord, cette décision dépend en grande partie de l'aversion au risque et du couple rendement-risque visé et souhaité. À titre d'exemple, sur un horizon d'un an, il est plus prudent de se placer sur les produits taux. À l'inverse, pour un horizon moyen/long terme, le placement actions demeure le plus judicieux à mes yeux. Pourquoi êtes-vous favorables au placement en actions ? Au-delà des arguments développés sur le papier, je rajouterai deux autres points. Le premier est celui du rendement dividende qui est souvent oublié. Or, le D/Y du marché est de 3,8%, soit plus que le taux du 10 ans. Le deuxième point est la probabilité nulle accordée par les marchés au scénario de pression sur le dirham dans le cadre de l'élargissement de la bande de fluctuation. Naturellement, un tel scénario n'est pas complètement improbable car c'est le propre d'un basculement du régime de change dans la flexibilité.