Les concertations ont pris fin entre les quatre partis de la majorité à propos de la nomenclature finale, quatre semaines après la nomination du nouveau président du gouvernement. Même si toutes les composantes de la coalition ont toujours la phobie de révéler l'identité de leurs ministrables, les choses se sont quelque peu clarifiées, en attendant l'investiture constitutionnelle qui relève toujours des attributions royales. L'équipe de Benkirane sera composée de 28 ministères, sur lesquel le PJD s'adjuge 15 portefeuilles, selon Benkirane. Hier, au siège du parti de la lampe, une réunion du comité de candidatures était programmée pour finaliser la liste définitive des nouveaux responsables étatiques. Selon plusieurs sources, tous les leaders du parti seront présents au sein du prochain Exécutif. En outre Saâd Eddine El Othmani , Abdelaziz Rebbah, Mohamed Najib Boulif, et Lahcen Daoudi, d'autres membres, moins influents au sein du parti, intégreront également le nouveau gouvernement. A l'heure où nous mettions sous presse, plusieurs membres du conseil national semblent avoir l'aval de Benkirane, notamment Mustapha El Khalfi et Lahcen Amrani, qui étaient les deuxième et troisième candidats élus par le conseil national du 19 décembre. L'arbitrage de Benkirane s'est fait également en faveur des membres dirigeants du parti qui ne se sont pas présentés aux législatives du 25 novembre. C'est le cas de l'ancien président de la Commission de la Justice et de des Droits de l'Homme, Mustapha Ramid, qui semble être indétrônable pour le département de la Justice. D'ailleurs, c'est le seul membre du parti qui reste loin du spectre de l'incompatibilité évoquée par l'USFP lors de l'ouverture du nouveau parlement. C'est pourquoi l'entrée en exercice du nouveau gouvernement devra se faire dans les délais les plus proches possibles afin de lever toutes les ambigüités. Si Abbelaziz El Omari, le secrétaire régional du parti à Casablanca semble pour sa part se diriger vers la présidence du groupe parlementaire du parti à la chambre des représentants, d'autres noms sont attendus dans la liste de Benkirane, malgré leur entrée discrète sur la scène. C'est le cas de Abdelkader Amara, Mohamed Hami Eddine ou encore Abdellah Bouanou, choisi lui aussi par le conseil national du parti. La majorité a aussi mis en place un comité technique pour faire respecter les critères relatifs aux profils et aux compétences supposées pour chaque mission au sein du prochain gouvernement. L'avis final de ce comité a été très utile pour le chois final qui a été opéré par Benkirane. La procédure de la désignation des ministres, qui n'a pas été volontariste, a permis d'avoir une large entente autour d'autres leaders du PJD qui ont à leur actif une expérience parlementaire de plus de 12 ans, comme c'est la cas pour Jamâa El Moatasim qui serait aussi parmi les nouveaux ministres. Les candidats choisis par les membres du conseil national comprennent également les noms qui ont été proposés par la jeunesse du parti. Si la mise en place du nouveau gouvernement n'accuse aucun retard supplémentaire dû aux tractations de dernière minute, les composantes de la majorité se dirigent vers une investiture largement pressentie au cours de cette semaine. Les trois autres partis de la majorité ont, pour leur part, déjà une idée sur l'organigramme final et la composition de la nouvelle équipe. L'Istiqlal, le MP et le PPS se sont vus attribuer chacun un poste clé, respectivement le commerce, l'Enseignement Supérieur et l'Agriculture. Les empreintes du PPS seront aussi très présentes sur le Secrétariat d'Etat aux affaires Etrangères. La charte de la majorité activée En attendant l'investiture royale, le nouveau gouvernement a mis en place un échéancier précis pour l'activation de la charte de la majorité, au fur et à mesure que le nouveau gouvernement prend ses marques. La présidence du gouvernement reste pour l'instant un titre purement honorifique en attendant la nouvelle loi organique du gouvernement. Benkirane n'a aucun pouvoir hiérarchique sur les membres du gouvernement, y compris ceux issus de son propre parti. Les quatre alliés veulent rester dans la même logique de compromis et tentent dès maintenant de ne pas créer de hiatus, difficile à surmonter par la suite, au sein du prochain Exécutif. Le pacte de la majorité sera donc sous très haute surveillance, durant cette période d'attente de la confirmation royale. En parallèle, une forte activité diplomatique Le nouveau président du gouvernement a eu un agenda très chargé en termes de rencontres diplomatiques. Plusieurs ambassadeurs ont été accueillis par Benkirane au siège du parti, dont les plus récents sont ceux d'Irak et du Soudan. «La politique étrangère du Maroc sera l'une des grandes priorités, expliquent des dirigeants du PJD, que ce soit pour l'intégration au sein du grand Maghreb, ou encore de son soutien inconditionnel au peuple palestinien», insistent-ils. Les pourparlers des composantes au sein de la majorité au sujet du portefeuille des Affaires étrangères ont été très rudes, avant qu'une entente ne se dégage pour que ce portefeuille revienne finalement au parti de la lampe. Le travail du nouveau président du gouvernement a consisté à baliser le chemin durant cette étape transitoire et à tisser les premiers rapports avec les diverses représentations diplomatiques qui ont ainsi pu s'entretenir avec le nouveau chef de l'Exécutif.