Officiellement annoncée pour vendredi dernier, la structure du prochain cabinet gouvernemental ne sera validée que ce lundi soir, à l'issue de la réunion que tiendra le chef du gouvernement avec les secrétaires généraux des partis membres de la nouvelle majorité parlementaire. Les rencontres tenues toute la semaine et qui se sont poursuivies durant le week-end n'ont pas permis d'aboutir à une mouture définitive, mais, pour l'essentiel, l'organigramme du gouvernement est presque bouclé. Les principaux partis de la coalition gouvernementale ont consacré d'ailleurs leurs dernières réunions à la désignation des personnalités choisies pour figurer au sein du gouvernement et aux autres postes de responsabilités politiques. Vendredi déjà, la charte de la majorité a été signée par les quatre secrétaires généraux du PJD, du PI, du MP et du PPS. Un document que le chef du gouvenement, Abdelilah Benkirane, a qualifié de «contrat entre les composantes de la prochaine majorité gouvernementale». Une manière prudente pour le chef de gouvernement et son parti de s'assurer un brin de cohésion au sein de la coalition gouvernementale comme en témoigne, les principes cardinaux sur lesquels a été adossée la charte. Il s'agit de l'action commune, de l'efficacité dans l'exécution, la transparence dans la gestion et la solidarité dans la responsabilité. La charte, énonce, en effet, que la coalition s'engage «en tant que majorité parlementaire et gouvernementale, à promouvoir son action au sein de l'institution législative et dans le gouvernement, afin de contribuer à l'élaboration et à la mise en œuvre de politiques publiques tout en les défendant avec le sérieux et la crédibilité requis». Ministrables, à vos CV La rencontre de ce soir, sera, en principe consacrée à l'adoption finale de l'organigramme gouvernemental. Cette étape se déroulera en même temps que la désignation des ministres proposés par chaque parti. Le PJD, qui a réuni les membres de son conseil national, a fini par finaliser une liste définitive de 36 candidats choisis samedi par le conseil national, ainsi que les candidats suggérés par les 18 membres du secrétariat général du parti de la lampe. «C'est le président du gouvernement qui fera le choix final. La procédure validée durant la session extraordinaire donne au SG du parti le droit de départager entre les diverses propositions», explique un membre du conseil. Finalement, c'est une liste d'une cinquantaine de noms qui a été soumise aux mains du président du gouvernement, qui doit également tenir compte de l'avis de ses alliés au sein du gouvernement. Mohammed Hami Eddine, membre du secrétariat général du parti, explique pour sa part, à l'issue de la session extraordinaire, que «c'est ce lundi que le président du gouvernement en compagnie de Mohamed Baha et des autres composantes de la majorité doivent adopter le projet de l'organigramme et le nom des personnes à désigner pour chaque ministère». La majorité a aussi mis en place un comité technique pour faire respecter les critères relatifs aux profils et aux compétences supposées pour chaque mission au sein du prochain gouvernement. L'avis final de ce comité sera également livré aujourd'hui. Au sein du parti de la lampe, la procédure de la désignation des ministres n'a donc pas été volontariste et «aucun membre n'a présenté de demande pour être ministre», note-t-on auprès des membres du conseil national. Une large entente existe pourtant sur plusieurs leaders du parti, qui ont à leur actif une expérience parlementaire de plus de 12 années. Les militants du parti ont ainsi opté pour Saâd Eddine El Othmani, Abdellah Baha, Jamâa El Moatasim ou encore Lahcen Daoudi et Abdelaziz Rabbah. Les candidats choisis par les membres du Conseil national comprennent également les noms qui ont été proposés par la jeunesse du parti. Du côté des portefeuilles, le parti majoritaire au sein de la coalition gouvernementale a des visées certaines sur la Justice, les Relations avec le Parlement, les Finances et 7 autres départements à caractère social. Les discussions d'aujourd'hui devront pour leur part déterminer les portefeuilles que le président du gouvernement compte confier à ses alliés. Sur ce volet, les départements des Affaires étrangères et de la Coopération et celui de l'Intérieur devraient revenir respectivement à l'Istiqlal et au MP. Si le projet final de l'organigramme a fini par écarter la mise en place d'un vice-président du gouvernement, le cabinet comprendra un ou deux ministres d'Etat qui seront dévolus aux autres secrétaires généraux des partis composant la coalition, notamment le PPS et le MP. L'annonce, en fin de semaine dans les médias, de cette innovation dans l'histoire politique du Maroc, a déjà soulevé des polémiques puisque constitutionnellement, le poste de vice-chef du gouvernement n'est pas prévu. De l'avis d un constitutionnaliste que nous avons contacté, rien n'empêche, pourtant, la création d'un tel poste, qui n'aura, cependant, qu'une valeur honorifique et protocolaire, l'adjoint de Benkirane ne pouvant agir que par délégation expresse du chef du gouvernement. La valse des CV La course aux maroquins est ouverte ! Si jusque-là aucun parti ne se hasarde à décliner le nom de ses candidats, la valse des CV a démarré, depuis l'annonce de la coalition du PJD avec l'Istiqlal, le PPS et le MP. L'heure est donc à la guerre de positionnement au sein des partis qui disposent, chacun, de sa propre procédure de sélection. Au PJD, dont c'est la première expérience, un dispositif participatif a été mis en place pour se consacrer à la tâche, le dernier mot revenant au secrétariat général. Le parti de la lampe souligne d'ailleurs n'avoir reçu aucun CV ou candidature. Cela n'est pas le cas au niveau des autres partis de la coalition, rompus à la pratique et où les candidats se bousculent au portillon. Au sortir de la rencontre de ce soir, les premiers noms commenceront, certes à circuler sans pour autant qu'ils soient définitifs. Benkirane, qui validera la mouture définitive provisoire, soumettra par la suite sa liste au souverain, seul habilité, constitutionnellement, à nommer le gouvernement.