L'architecture du futur gouvernement est au cœur des négociations, qui ont débuté hier, entre Abdelilah Benkirane et ses trois partenaires. La désignation des futurs ministres n'est pas chose aisée et chaque formation politique a ses critères d'éligibilité. La deuxième phase des tractations pour la formation du gouvernement Benkirane a débuté hier. Dans la matinée, le secrétariat général du PJD a tenu une longue réunion consacrée essentiellement à l'organigramme du prochain cabinet. Les islamistes souhaitent, en effet, instaurer une équipe composée de trois grands pôles ministériels : économique, réunissant des secteurs fondamentaux et techniques comme la finance, l'économie ou encore le commerce et l'industrie ; social, regroupant la santé, l'éducation et la solidarité ; et un troisième, stratégique, dans lequel seront intégrés l'Intérieur, les Affaires étrangères, les Affaires islamiques et le Habous. « Une fois que le secrétariat général du PJD aura adopté cet organigramme, commenceront alors des réunions, programmées à partir d'hier soir, entre le chef du gouvernement désigné et les directions des partis de l'Istiqlal, du PPS et du MP », nous confie Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du parti de la Lampe. Et d'ajouter qu'au cours de ces négociations, «Abdelilah Benkirane et son adjoint, Abdellah Baha, vont présenter à nos partenaires notre vision de l'architecture du prochain cabinet. S'ils y sont favorables, nous entamerons immédiatement la troisième phase des tractations à savoir, la répartition des portefeuilles ministériels, sinon il nous faudra alors plus de temps pour aboutir à cette dernière». Au PJD, la procédure de la désignation des candidats aux maroquins risque de prendre du temps. La session du conseil de ce week-end adoptera la liste finale des ministres de la Lampe. Future ministre : à qui le dernier mot ? Concernant la répartition des portefeuilles, force est de constater que le PJD et ses trois alliés ne sont pas sur la même longueur d'onde. « Lors des premiers contacts, les directions respectives de la Haraka, de l'Istiqlal et du PPS ont présenté au chef du gouvernement désigné une liste de ministrables. Benkirane a pris acte de ces noms tout en précisant à ces interlocuteurs qu'il était prématuré d'aborder cette question, précisant qu'il faut d'abord le feu vert de leurs conseils nationaux à la participation au gouvernement et ensuite se mettre d'accord sur l'organigramme du gouvernement », poursuit la même source. Au PJD, la procédure de la désignation des candidats aux maroquins risque de prendre du temps. Comme c'est la première fois que la Lampe s'apprête à occuper les bancs de la majorité au parlement, une commission composée notamment de Hamieddine Et Habib Choubani, planche actuellement sur les critères exigées d'un PJDiste pour prétendre au titre de ministre. « Pour le moment, deux options s'offrent à nous : soit que la commission valide les candidatures et les présente ensuite, pour son adoption, à la session du Conseil national de dimanche prochain. Ou alors, c'est le secrétariat général qui soumettra les noms à l'approbation des membres du parlement du parti. Dans tous les deux cas, le dernier mot revient au conseil national pour la désignation des futurs ministres du PJD », explique Hamieddine. Des considérations internes Contrairement au PJD, la procédure de désignation de futurs ministre au sein des autres formationsa obéira à des considérations internes. A l'Istiqlal, Abbas El Fassi animé par le souci de défricher au maximum le terrain à son gendre Nizar Baraka pour sa succession lors du 13e congrès prévu en 2013 entend présenter à Benkirane des istiqlaliens qui lui sont totalement acquis. Du côté du Mouvement populaire, Mohand Laenser devrait plaidé, cette fois, la cause de Lahcen Haddad. Le nom de ce membre du bureau politique du MP a était pressenti pour occuper un maroquin en août 2009, lors du premier remaniement au cabinet Abbas El Fassi avant d'être écarté dans les ultimes tractations. Au PPS, Nabil Benabdellah entend bien revenir au gouvernement. Le ministère du Tourisme serait une belle consécration pour ce « communiste » allié des islamistes.