Avec la bénédiction, ce week-end, du comité central du PPS, le cabinet Benkirane entame sa dernière ligne droite. Le chef du gouvernement est toutefois appelé à jouer l'arbitre entre les ambitions de sa majorité. Sans surprise, le dernier verrou à la participation du PPS au cabinet Benkirane a sauté. Samedi, la session du comité central a donné son feu vert aux camarades de Benabdellah pour figurer sur la photo de famille du premier gouvernement dirigé par les islamistes du PJD. Les très criantes divergences idéologiques, séparant les deux formations, ont donc été mises sous le boisseau pour des considérations pragmatiques. A l'issue de discussions parfois vives, l'opération de vote a donné une écrasante majorité au courant participationniste mené par le secrétaire général. Ses opposants n'ont guère pesé sur le cours du vote. Le chef du gouvernement est appelé à jouer l'arbitre entre les composantes de sa majorité. Saïd Saâdi, fervent défenseur de l'opposition, présent samedi à Salé à la réunion du comité central, a lu devant l'assistance une sorte de plaidoyer invitant ses camarades à rejoindre les autres composantes de la gauche ayant choisi l'opposition au gouvernement à dominance conservatrice. Visiblement, son appel n'a pas eu l'écho escompté. Seules 53 personnes sur un total d'environ 700 membres du comité central se sont prononcées en faveur d'un retour aux bancs de l'opposition au Parlement, alors que sept s'en sont abstenus. Sous couvert d'anonymat, un membre du comité central, attribue ce revers aux amis de Saâdi « au manque d'organisation et de coordination entre les membres du PPS qui se retrouvent autour des mêmes principes et qui sont contre la ligne prônée par l'actuelle direction ». La position hostile de Saïd Saâdi à la participation de sa formation à un cabinet dirigé par les islamistes du PJD est bien compréhensible. Entre ces derniers et l'ancien ministre, les relations sont très froides. Son plan de développement de la femme, durant le gouvernement El Youssoufi I, était très contesté par les frères et les sœurs de Benkirane. Un sifflet d'arbitre pour Benkirane Après ce vote du comité central du PPS et celui, très attendu, du conseil national de l'Istiqlal, les tractations pour la formation du cabinet Benkirane entament leur dernière ligne droite. Le chef du gouvernement est appelé à jouer l'arbitre entre les composantes de sa majorité, notamment le PI d'Abbas El Fassi et le Mouvement populaire de Mohand Laenser. Les deux partis convoitent deux postes clés : le ministère des Affaires étrangères et la présidence de la Chambre des représentants. L'Istiqlal souhaite que ce département revienne à Mohamed El Oufa, ancien ambassadeur du royaume en Inde et au Brésil, alors que le MP défend les chances de Hassan Abouayoub, diplomate et ancien ministre sous le règne de Hassan II, pour succéder à Taïeb Fassi Fihri. En plus du maroquin des Affaires étrangères, la Balance et l'Epi lorgnent le perchoir du Parlement. La Haraka ne cache pas son ambition d'occuper ce poste qui pourrait revenir à Laenser. De son côté, le PI entend bien ajouter ce titre à son escarcelle. Les noms de Hanine et Moudiane sont présentés, côté istiqlaliens, comme de possibles concurrents au secrétaire général du MP. Abdelilah Benkirane doit paratager le gâteau entre les membres de sa majorité sans grand remous. Le quatuor du gouvernement Contrairement aux précédents gouvernements, celui présidé par Benkirane sera formé, sauf coup de théâtre, de quatre partis : PJD, Istiqlal, MP et PPS, l'Union constitutionnelle, au fil des jours, voit ses chances de rejoindre le navire des quatre se réduire. Un atout indéniable à même d'assurer la cohésion entre les composantes de la majorité. Une qualité qui a fait grand défaut à l'équipe sortante d'Abbas El Fassi.