L'USFP renoue avec les années de l'opposition. Son conseil national vient de refuser de participer au cabinet Benkirane. Une nouvelle configuration du champ politique se profile. Après plus de 13 ans au gouvernement, l'USFP est sur la voie de retrouver ses premières amours : l'opposition. La session extraordinaire du conseil national du parti, tenue dimanche, ne devait être qu'une pure formalité. Le bureau politique, réuni samedi à 18 heures à Rabat, a décliné l'offre du PJD de participer au cabinet de Abdelilah Benkirane. Ce dernier, depuis sa désignation par le roi Mohammed VI, n'a pas tari d'éloges sur le parti de la Rose, ses militants et son histoire. Mieux encore, dans des déclarations à la presse, le secrétaire général du PJD, a exprimé son souhait de voir les socialistes à ses côtés, comme les istiqlaliens et les camarades de Nabil Benabdellah. Les premiers ont donné, jeudi, leur accord pour intégrer l'équipe Benkirane alors que ne sépare les seconds d'une telle perspective que l'aval du comité central, sachant que le bureau politique et le conseil de la présidence sont pour une participation au premier gouvernement dirigé par les islamistes. Une mission qui ne représente aucune difficulté pour la direction du PPS. La Koutla : une longue histoire de divergences Depuis sa création, il y a plus de 20 ans, le Bloc démocratique ne s'est jamais, réellement, défait des divergences de points de vue entre ses composantes. Au début, c'était les dissensions sur la participation à un gouvernement que Hassan II voulait offrir. En 1993, à l'opposition : L'Istiqlal de M'Hamed Boucetta, en échange de son accord, exigeait le départ de Driss Basri du ministère de l'Intérieur. Une approche similaire à celle de l'OADP de Bensaid. L'USFP de Abderrahman El Youssoufi adoptait une position nunancée alors que le PPS de Ali Yata, était favorable à l'offre de Hassan II. Ces premieres fausses notes de la Koutla se sont nettement accentuées avec la Constitution de 1996. Si l'OADP appelait à voter contre, l'USFP s'est abstenue alors que le PI et le PPS étaient pour. En 1998, le gouvernement de l'Alternance, avec Basri toujours au ministère de l'Intérieur, marque une nouvelle fissure dans la Koutla. L'OADP avait choisi les rangs de l'opposition alors que les trois autres composantes s'étaient rangées dans la majorité. PAM, le grand gagnant Ce retour de l'USFP à l'opposition sonne, en effet, le glas de la Koutla. Mais rapproche, davantage, les socialistes du PAM. Le Tracteur semble même le grand gagnant du basculement du parti de la Rose dans les rangs de l'opposition. Depuis que le PAM a entamé sa mue, avec comme date phare, marquant ce changement, la réunion de sa commission des élections le 10 août dernier, il a fait le pari de pousser l'Istiqlal dans les bras du PJD. Désormais, c'est chose faite avec la très probable participation de la Balance dans le cabinet Abdelilah Benkirane. Du coup, cela isole davantage l'USFP pour qu'elle opère un retour aux bancs de l'opposition. Le prochain congrès du PAM, initialement prévu après les élections législatives, devrait le rapprocher de l'USFP avec l'adoption d'une nouvelle identité du parti proche de la social-démocratie. Par ailleurs, et sauf coup de théâtre, le cabinet Benkirane sera constitué de cinq formations : PJD, Istiqlal, PPS, MP et UC. Ces deux derniers partis ont pris leurs distances avec leurs alliés d'hier, le RNI et le PAM. Nous sommes en face, donc, d'une nouvelle configuration du champ politique avec un gouvernement dominé par les conservateurs et une opposition sociale-libérale réunissant le RNI (52 sièges), le PAM (47) et l'USFP (39). Cela promet de belles empoignades à la Chambre des représentants.