Plusieurs indices semblent confirmer que le PJD n'a d'autres choix que de s'allier à la Koutla. Ceci même si Abdelilah Benkirane déclare que son parti est ouvert aux discussions avec tous les partis à l'exception du PAM. Le PJD devra s'allier avec la Koutla pour diriger le futur gouvernement. Ce scénario semble le plus évident. Le PJD a obtenu la première place lors du scrutin avec 80 sièges selon les chiffres provisoires. Ces mêmes données indiquent que les trois partis de la Koutla démocratique pèsent 85 sièges : l'Istiqlal a obtenu 45 sièges, l'USFP 29 et le PPS 11. Ils ont par ailleurs une majorité confortable. Ce qui en fera des alliés pas faciles à soumettre et qui imposeront leurs conditions au PJD. Parti qui, malgré sa victoire, semble le plus vulnérable et manque d'expérience gouvernementale selon les observateurs de la scène politique. Toutefois, Abdelilah Benkirane, SG du PJD, a insisté dans ses déclarations à la presse sur le fait que c'est son parti qui gouvernera. Notons aussi que les partis de la Koutla avaient décidé avant les élections de rester liés ensemble face aux deux éventualités : l'opposition ou la participation à la majorité gouvernementale. Ces partis s'étaient quand même laissé une marge de manœuvre, ne misant sur aucun parti, reportant la question des alliances gouvernementales à l'issue des résultats des élections. Aujourd'hui après le scrutin, plusieurs indices semblent confirmer que le PJD n'a d'autres choix que de s'allier à la Koutla. Ceci même si Abdelilah Benkirane déclare que son parti est ouvert aux discussions avec tous les partis à l'exception du PAM. Samedi matin, Abbas El Fassi a déclaré à la presse l'attachement de son parti à la Koutla démocratique et son désir de s'allier avec le PJD. Aussi, à l'issue de la réunion du bureau politique de l'Istiqlal, M. El Fassi a évoqué l'impossibilité d'une alliance avec le RNI et le PAM. Cette décision trouve son essence dans le cafouillage qu'a connu la majorité gouvernementale à la fin du mandat de Abbas El Fassi, quand le RNI et le MP se sont alliés avec l'UC et le PAM, deux composantes de l'opposition. Pour sa part, Abdelouahed Radi, SG du l'USFP, avait déclaré à ALM le soir du scrutin que son parti n'a pas de lignes rouges. «En politique, il n'y a pas d'amitié ou d'animosité éternelles, il ne faut jamais dire jamais car les données et le contexte changent, il ne faut pas rester figé mais être capable d'évoluer et de s'adapter sans se renier bien sûr, et renier ses objectifs et ses valeurs. Si nous jugeons que le programme gouvernemental répondra aux attentes des citoyens nous participerons». Par ailleurs, au cas où le PJD n'arrive pas à former un gouvernement, il devra s'excuser auprès du Roi, ce sera donc au deuxième parti, notamment l'Istiqlal, d'assumer cette mission, scénario qui semble tout de même peu probable. Dans l'autre camp, Cheikh Mohamed Biadillah, SG du PAM, a dressé ses lignes rouges : «Le PAM ne participera pas à un gouvernement qui comprend le PJD». Il s'agit là d'une position ferme et claire de l'Alliance pour la démocratie (G8), puisque le PAM est lié par un pacte aux membres de cette alliance. Propos qui convergent avec ceux de Salaheddine Mezouar, président du RNI, dont le parti a obtenu 38 sièges. Il avait déclaré à l'issue de l'annonce des résultats provisoires que son parti envisageait d'assumer l'opposition, puisque, avait-il souligné, la nouvelle Constitution lui offre une place importante. Selon le politologue Mohamed Darif, «la composition de l'opposition par les partis du G8 qui, à vrai dire, est revenue à sa formule première G4, puisque ce sont le MP, le PAM, le RNI et l'UC qui sont les plus représentatifs, en fera une opposition homogène constituée de 4 partis libéraux et du coup, une opposition forte qui devrait être capable de contrôler le travail du gouvernement et tenir son rôle». Par ailleurs, selon les observateurs de la scène politique, la formule d'un gouvernement dirigé par le PJD en coalition avec la Koutla a des points positifs. C'est une formation homogène composée d'un nombre réduit de partis. Selon Mohamed Darif, «ce gouvernement donnera sens à l'alternance. Ce sera avec lui la deuxième fois que l'opposition accèdera au gouvernement». M. Darif note également une autre vertu de cet éventuel gouvernement, liée à la conjoncture géostratégique. Dans ce sens, selon lui chaque parti composant cette majorité pourrait servir d'interlocuteur à l'échelle internationale : le PJD face aux islamistes en Libye et en Tunisie, l'Istiqlal face au Parti populaire en Espagne. L'USFP et le PPS pourraient également être de bons interlocuteurs par rapport à l'éventuelle montée en force du Parti socialiste en France.