Contrairement à Abbas El Fassi, le nouveau chef du gouvernement a plusieurs cordes à son arc. Des cordes à même de lui faciliter la mission de constituer une équipe. En plus de la Koutla, l'UC et le MP sont dans l'antichambre. Sans surprise, c'est Abdelilah Benkirane qui conduira le premier gouvernement islamiste. Hier, le roi Mohammed VI a chargé le secrétaire général du PJD de former une nouvelle équipe. Une nomination conforme à l'article 47 de la la loi fondamentale adoptée lors du référendum du 1er juillet, lequel stipule que «le roi nomme le chef du gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants, et au vu de leurs résultats. Sur proposition du chef du gouvernement, il (le roi, ndlr) nomme les membres du gouvernement». Il n'en demeure pas moins que cette mission confiée à Benkirane est une consécration pour lui, sachant qu'il a toujours soutenu qu'il méritait ce poste. C'est sa propre façon de répondre à ses détracteurs qui affichaient leur préférence pour Saâdeddine El Othmani. Cette page donc définitivement tournée, place maintenant au jeu des alliances, en vue de la constitution d'une équipe solide, à même de faire oublier aux électeurs – notamment ceux du PJD – la majorité de Abbas El Fassi, avec ses multiples divergences et dissensions. Priorité à la Koutla Pour la concrétisation de cet objectif, le secrétaire général du PJD compte sur l'adhésion des trois composantes de la Koutla (USFP, PPS et Istiqlal).Il s'est même dit plus proche de ces partis. Pour mémoire, Benkirane, Daoudi et Ramid ont sollicité l'intégration au Bloc démocratique. Si du côté de la la Balance, les choses ne s'annoncent guère difficiles – sachant que PJDistes et Istiqlaliens se targuent d'être les défenseurs de l'identité nationale -, à la Rose et au Livre, des réticences se font jour dans la perspective d'une alliance avec les islamistes. Le projet sociétal de la Lampe n'est pas partagé par ces deux membres du Bloc démocratique. C'est dire que les contacts avec l'USFP et le PPS ne seront pas une mince affaire pour le chef du gouvernement ; même si, au final, la « raison » finira par l'emporter sur les divergences de points de vue. En plus des trois partis de la Koutla, Abdelilah Benkirane peut compter, en cas de besoin, sur le Mouvement populaire et l'Union constitutionnelle. Après le revers électoral, Mohand Laenser, a pris ses distances avec le G8 : le MP n'a pas encore rejoint l'opposition comme l'ont fait le PAM et le RNI. Une participation au gouvernement de Benkirane est une bouée de sauvetage pour Laenser et ses amis, sachant que ces derniers ne manquent pas de détracteurs, au sein de la Haraka. De son côté, l'UC espère intégrer l'équipe de Benkirane, pour ainsi rompre avec plus de treize années, passées dans les rangs de l'opposition.