À fin 2018, MASEN table sur une capacité installée des EnR de 3.785 MW. Un objectif qui sera rendu possible grâce à une production solaire portée à 827 MW, une production éolienne qui atteindra 1.178 MW et une production hydraulique qui plafonnera à 1.780 MW. L'engagement du Maroc, devant la communauté internationale, de porter à 42% la part de sa production d'électricité dans son mix énergétique à partir de sources renouvelables à l'horizon 2020 sera largement dépassé. C'est Mustapha Bakkoury, président du directoire de l'Agence marocaine de l'énergie durable (MASEN), qui l'avait annoncé à la presse en début d'année, à l'issue d'une séance de travail présidée par le roi Mohammed VI au Palais royal de Casablanca. Celle-ci était consacrée à l'examen de l'état d'avancement de la mise en œuvre par MASEN des plans de développement des énergies renouvelables (EnR) du royaume, ainsi qu'à l'évaluation de leurs différentes phases de réalisation. «À fin 2017, nous sommes parvenus à 34% de capacités installées de sources renouvelables en ce qui concerne le mix électrique, et ce niveau va continuer à grimper compte tenu de plusieurs facteurs exogènes et endogènes liés notamment au modèle de développement énergétique spécifique à notre pays», avait-il notamment indiqué, avant de donner le détail des contributions de chacune des trois sources d'énergie renouvelables (solaire, éolienne et hydraulique) sur lesquelles le Maroc entend s'appuyer pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé de porter la contribution de ces énergies à 42% du mix énergétique national en 2020 et à 52% en 2030. 34% d'EnR produites à fin 2017 À fin 2017 donc, la capacité installée d'EnR se situait déjà autour de 2.965 MW dont 1.015 MW de source éolienne, 180 MW d'origine solaire et 1.770 MW de source hydraulique. Dans l'éolien, où le plan de développement national prévoit un objectif de 2.000 MW à l'horizon 2020 assorti d'une économie annuelle d'émission de gaz à effet de serre de 5,6 millions de t CO2, plusieurs fermes éoliennes implantées le long des côtes sont entrées en service, dont la plus grande la centrale éolienne d'Afrique inaugurée fin 2014 à Tarfaya. Dénommée Tarrec, elle affiche une capacité totale de 300 MW et constitue une première étape vers un développement beaucoup plus important de la filière. En effet, le «Projet éolien intégré», dont l'appel d'offres a été lancé en 2014, devrait aboutir à la réalisation de cinq parcs éoliens supplémentaires d'ici 2020 pour une puissance cumulée de 850 MW. Dans le solaire, dont le plan a été lancé en 2009, avec pour objectif de mettre également en service 2.000 MW à l'horizon 2020 et une économie annuelle d'émissions de gaz à effet de serre de 1,85 million de t CO2, le Maroc avait déjà inauguré en février 2016 le projet Noor I. Il avait ensuite lancé la construction des volets II et III de la plus grande centrale solaire thermique du monde qui affichera, à terme, une capacité de 582 MW et s'étendra sur 30 km2. Dans l'hydroélectricité, troisième filière de production d'EnR du Maroc, MASEN compte dynamiser l'exploitation des 148 barrages que compte le royaume et les stations de transfert d'énergie par pompage (STEP) que l'ONEE construit en bonne entente avec elle pour atteindre l'objectif du Plan hydraulique national, qui consiste aussi de parvenir à 2.000 MW à l'horizon 2020. À signaler que ces STEP ont produit 460 MW en 2017. Le Maroc à 3% de son objectif à fin 2018 Pour l'année en cours, comme l'a annoncé le président du directoire de MASEN, la dynamique de production d'électricité à partir des sources d'EnR va se poursuivre voire même s'accélérer. En effet, pour la période 2018-2021, le plan d'équipement électrique prévoit une capacité additionnelle de 6 690 MW dont 5283 MW en EnR (soit 78,9%). À fin 2018, MASEN table sur une capacité installée des EnR de 3.785 MW. Cela portera la part des EnR à 39,26% dans le mix énergétique et situera le Maroc à moins de 3% de son objectif de produire 42% de son énergie à partir de sources renouvelables, à deux ans de l'échéance de 2020. La chose sera rendue possible par, notamment, une production solaire portée à 827 MW, une production éolienne qui atteindra 1.178 MW et une production hydraulique qui plafonnera à 1.780 MW. Dans le solaire, l'année 2018 connaîtra la mise en exploitation de plusieurs centrales. Noor Ouarzazate II, qui est doté d'une capacité de 200 MW, sera très prochainement mis en exploitation. Il sera suivi en automne de Noor Ouarzazate III, d'une capacité de 150 MW, et plus tard de Noor Ouarzazate IV, ainsi que de Noor Laâyoune I et Noor Boujdour I. L'année en cours sera également marquée par l'extension des centrales Noor Laâyoune I et Noor Boujdour I, pour les porter aux capacités initialement identifiées à l'horizon 2020. Ceci, sans oublier le «Grand projet de Midelt», dont la construction des centrales solaires démarrera début 2019. Concernant l'énergie éolienne, l'année 2018 connaîtra la mise en exploitation de centrales développées dans le cadre de la loi 13-09 pour des capacités qui avoisinent les 300 MW, ainsi que le lancement de nouveaux projets, notamment ceux de Midelt (éolien) et Taza (éolien) qui viendront renforcer la dynamique dans cette filière. S'agissant de l'hydroélectricité, 350 MW de la nouvelle centrale hydraulique de Abdelmoumen et plus de 100 MW de petites centrales hydrauliques viendront s'ajouter aux 460 MW produits par les STEP. L'ONEE s'apprête également à lancer des STEP marines. Ceci, sans oublier les initiatives locales et le travail des associations et ONG pour favoriser le développement des énergies renouvelables de proximité. 2019, l'année de la moyenne tension Pour 2019, l'année charnière qui mènera à l'échéance de 2020, la loi 13-09 entrera pleinement en vigueur, ce qui permettra aux industriels et investisseurs de jouer leur partition dans la production d'électricité en développant de petits projets de small grids, off grids, etc. C'est en tous cas ce qu'espèrent MASEN et sa tutelle qui travaillent d'arrache-pied à l'ouverture du réseau MT aux énergies renouvelables, «un dossier compliqué» où des pas ont quand même été effectués. En effet, comme l'indique Aziz Rabbah, ministre de l'Energie, des mines et du développement durable, dans l'interview qu'il nous a accordée (Voir pages 4&5), «un décret autorisant l'accès au réseau électrique national de MT a été adopté en concertation avec les parties concernées. Nous accompagnons cette ouverture par la mise en place d'une Autorité nationale de régulation pour assurer un cadre transparent, non-discriminatoire et stable pour les investisseurs. C'est dans ce cadre que nous avons engagé un dialogue constructif avec les opérateurs». Quid du surplus de production électrique ? Le surplus de production électrique qui sera généré par les énergies renouvelables sera stocké pour un usage parfois interne et pour être exporté. Un système de stockage dénommé Power to Ammoniac est en cours de développement dans les laboratoires de l'Iresen à Benguerir. Il permettra notamment une meilleure flexibilité pour répondre, à la fois, aux pics de demande et aux besoins de nos partenaires hors des frontières nationales. En effet, le Maroc a l'ambition d'exporter son énergie verte vers l'Europe (Portugal, Espagne, France, Allemagne) et vers l'Afrique via la Mauritanie, avec laquelle il a été décidé de mettre en place une ligne d'interconnexion électrique. Un modèle marocain unique en son genre Selon le patron de MASEN, le modèle marocain est unique en son genre. Il a été bâti grâce à l'implication constante de la plus haute autorité de l'Etat. C'est un modèle basé sur la vérité des prix, donc loin de toute logique de subvention. Ses promoteurs ont compris que 5% de croissance économique génèrent un besoin d'électrification supplémentaire de 6 à 7%, ce qui signifie qu'il faut doubler la capacité installée tous les dix ans. Enfin, il s'est inspiré de la série de stratégies sectorielles lancées à partir de 2008 pour introduire l'intégration/compensation qui crée des leviers de croissance économique.