Dans la vie d'une société cotée en Bourse, il arrive un moment où elle décide d'en sortir. Si les éléments justifiant cette décision sont nombreux et palpables, seulement 26% des internautes sondés par Flm parviennent à comprendre une telle décision. 26% des 616 internautes ayant répondu au sondage online de Flm ont affirmé comprendre les émetteurs qui quittent la Bourse. Toutefois, une large majorité de 74% ne comprend pas cette attitude. En effet, entre 2013 et 2017, Sofac, SCE, Fertima, Mediaco et la CGI ont quitté la Bourse quand Taqa Morocco, Dar Saada, Total Maroc, Afma et Marsa Maroc ont rejoint la cote. Ainsi, les radiations ont été compensées par les nouvelles IPO. Aussi, depuis 2000, 21 sociétés ont quitté la Bourse, ce qui pose la question de la motivation de ces sociétés qui veulent quitter la cote. Surtout, l'hémorragie se poursuit avec AXA Crédit qui a convoqué, pour le 16 février, une AGE devant ratifier la radiation de ses actions cotées en Bourse. Ce désir de sortie de la Bourse est souvent lié à la volonté d'éviter la publication des comptes qui peut s'avérer triplement négative pour les actionnaires. Premièrement, même si la DGI dispose des liasses fiscales, la publication des comptes des émetteurs cotés lui permet de suivre en temps réel les commentaires et d'analyser les comptes pro-forma ainsi que toutes les autres informations stratégiques contenues dans les notes d'information. Deuxièmement, les concurrents d'une entreprise cotée ont tout le loisir de calculer les marges, d'affiner le calcul des parts de marché et de localiser -le cas échéant- les failles de l'entreprise. Troisièmement, en cas de phase de redressement ou de restructuration, la publicité faite autour des pertes peut nuire au niveau commercial et/ou au niveau des relations avec les fournisseurs. De même, le redressement amène parfois des changements stratégiques et une divergence entre les actionnaires majoritaires et les minoritaires. Ainsi, la décision de sortie de la Bourse est prise surtout quand l'enjeu du flottant est faible ou quand la société peut facilement lever les capitaux nécessaires auprès de ses actionnaires majoritaires, et n'a donc pas besoin de l'argent des épargnants. Pour ceux qui ne comprennent pas les émetteurs qui quittent la Bourse, la raison est liée aux avantages à long terme de la cotation qui dépassent souvent l'aspect négatif de la publication des comptes. En effet, une entreprise cotée jouit d'une publicité gratuite ainsi que d'une meilleure image de marque au niveau des partenaires comme les banquiers. Aussi, le suivi gratuit de la part des analystes financiers ou des journalistes spécialisés constitue une veille permanente pouvant pousser l'entreprise à améliorer ses performances et à affiner sa stratégie. De même, la pression de la variation du cours boursier est saine au niveau de l'appréciation des réalisations financières. Enfin, il est plus facile de financer une croissance externe avec des actions cotées. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Que faire quand une société est radiée de la Bourse? Farid Mezouar : Tout d'abord, le petit porteur doit se rappeler que rien ne l'oblige à vendre ses actions et qu'il peut très bien demeurer actionnaire d'une société non cotée, s'il pense que le business-plan post-radiation est créateur de valeur, notamment avec un rendement de dividende qui compense le manque de liquidité. Ceci est d'autant plus vrai, quand l'émetteur quittant la Bourse dispose d'un actionnariat de premier rang. Que faire pour éviter les OPR? En direct, rien ne peut être fait car les AGE sont souveraines et que certaines OPR sont obligatoires. Toutefois, dans l'absolu, la vie des sociétés cotées peut être facilitée en harmonisant par exemple les règles du profit warning. Aussi, le visa d'une note d'information d'une société cotée qui lève des capitaux peut être traité à part, dans un délai plus rapide. Enfin, pour éviter le biais de transparence, les placements privés peuvent faire l'objet d'un minimum de communication publique.