Les entreprises marocaines et françaises enregistrent une croissance soutenue de leur chiffre d'affaires en Afrique subsaharienne. Tel est le principal constat de la troisième édition du Baromètre du développement international élaborée par BearingPoint et l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX). Selon la troisième édition du Baromètre du développement international du cabinet international BearingPoint, intitulée «Se développer en Afrique: regards croisés d'entreprises marocaines et françaises», réalisée avec l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX), l'Algérie, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Sénégal sont les cinq pays dans lesquels les 250 entreprises marocaines et françaises interrogées sont les plus implantées. Le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Gabon arrivent en tête pour les entreprises marocaines du panel qui sont essentiellement présentes en Afrique de l'Ouest. La Côte d'Ivoire, le Maroc et le Cameroun occupent les trois premières places pour les groupes français interrogés qui se déploient aussi dans certains pays anglophones (Nigeria, Afrique du Sud et Kenya). 50% du chiffre d'affaires Concernant la nature des opérations menées par les entreprises du panel, plus de 60% des répondants marocains exportent et distribuent leur production en Afrique subsaharienne, souvent à travers un réseau de partenaires, ce qui constitue la première étape avant d'envisager une implantation sur place. Avec un temps d'avance, les entreprises françaises sont plus implantées localement, notamment dans la transformation et l'industrie. Il y a cinq ans, pour 86% des entreprises marocaines interrogées, l'Afrique représentait moins de 5% de leur chiffre d'affaires. En 2016, le continent pèse pour plus de 5% sur les revenus pour près de la moitié des répondants, et 20% d'entre eux estiment que l'Afrique constituera plus de 50% de leur chiffre d'affaires global dans les cinq prochaines années. Classe moyenne Cet optimisme se confirme en France également. En 2011, l'Afrique représentait moins de 5% du chiffre d'affaires pour 49% des entreprises interrogées. Elles ne seront que 14% dans ce cas en 2020. En dix ans, la part de l'Afrique dans le chiffre d'affaires global du panel va augmenter de 75%. «Ces chiffres marocains et français confirment une tendance lourde, le «risque africain» lié aux situations politiques et à l'environnement des affaires ne constitue plus un obstacle rédhibitoire. Le potentiel et les opportunités du continent avec ses 2 milliards d'habitants en 2050, dont plus de 900 millions appartenant à la classe moyenne, sont des paramètres autrement plus puissants dans la définition des stratégies de développement international des entreprises», analyse Jean-Michel Huet, associé chez BearingPoint. Jean-Michel Huet Associé chez BearingPoint On constate un effet de rattrapage des entreprises marocaines, finalement assez nouvelles sur le continent, par rapport à leurs homologues françaises présentes pour certaines depuis plus de cent cinquante ans. L'afro-optimisme est, à présent, très clairement partagé par les patronats marocain et françai, et cela se décline dans les stratégies de croissance et les investissements engagés Hassan Sentissi Président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) Nous assistons depuis quelques années à une impulsion très forte du secteur privé marocain vers la région subsaharienne. L'appui des autorités du pays et les exemples de réussite portés notamment par les services financiers et l'immobilier ont accéléré le mouvement. Le textile marocain s'exporte en Côte d'Ivoire La présence marocaine en Côte d'Ivoire se renforce. Une convention de partenariat portant sur un projet d'installation à Abidjan, d'une unité industrielle de confection intégrée de tenues et uniformes pour les services de sécurité et de défense ivoiriens, a été paraphée jeudi 8 décembre dans la métropole économique ivoirienne par le groupe marocain SEFITA et son homologue ivoirien SEIFA. D'un coût global de 700 millions de FCFA (environ 1,06 million euros), ce projet compte deux lignes d'assemblage d'uniformes et de tenues pour le personnel et les effectifs du secteur de la défense et de la sécurité intérieure de la Côte d'Ivoire, pour une capacité de production prévue de 12.000 vêtements par mois. Cette unité industrielle démarrera ses activités début 2017 et permettra de développer le «Made in Côte d'Ivoire» en générant 150 emplois directs et 75 indirects. Le partenariat comprend un second volet crucial pour la Côte d'Ivoire, à savoir le transfert de technologie et de savoir-faire du groupe marocain au profit du la société SEIFA.