Les partis de l'opposition qui forment la majorité au sein de la Chambre des conseillers ont décidé de soutenir l'action syndicale, en dehors du champs de la coupole. Aucune proposition, pour sortir de l'impasse n'a été formulée par les quatre centrales qui comptent sur un sit-in, aujourd'hui, en vue de forcer le retrait des projets. C'est un fait inédit dans l'histoire parlementaire que les partenaires sociaux s'apprêtent à vivre en cette journée du 30 mars, durant laquelle un premier examen de la réforme de la CMR et de la hausse de l'âge des retraites est programmé. Le comité de coordination contre le plan de réforme s'est réuni la veille de la programmation de l'entame du projet, en vue de réitérer les conditions posées conjointement par l'opposition et les quatre centrales, avant de mettre fin à leur refus de siéger au sein de la Commission des finances et de la planification. À l'heure où nous mettions sous presse, le sit-in prévu à 10h00 était attendu pour être appuyé par «tous les fonctionnaires qui se sentent lésés par ce plan de réforme destructeur», selon le communiqué final du comité de coordination. Ce dernier a enchaîné, depuis le début mars, ses réunions pour contrer la programmation de l'examen de trois projets sur les six déposés au sein de la Chambre des conseillers. Maintenant la seule solution, qui s'offre aux syndicats et aux partis qui les soutiennent, est la protestation ouverte jusqu'au 1er mai. Sans évoquer le recours à une autre grève générale, le comité de coordination préfère actuellement se focaliser sur l'impact attendu de l'entame des 3 projets. Une procédure qui risque d'être expéditive en cas d'application scrupuleuse des dispositions du règlement intérieur. Celui-ci instaure deux délais, l'un relatif à la fin du débat en commission et un autre portant sur la réception des amendements des groupes parlementaires. Pour l'instant, la fin de l'ajournement du débat est synonyme d'une adoption des trois nouvelles lois dans les délais arrêtés par le plan gouvernemental, qui impose d'intégrer les fonctionnaires ciblés par la hausse de l'âge du départ à la retraite à, successivement, 61, 62 et 63 ans en 2019. Le sort des projets Si les centrales syndicales jouent leur ultime carte, les moutures actuelles des trois projets de loi risquent de passer sans amendements majeurs. La séance inaugurale du débat, qui sera réservée à l'exposé par le ministre de la Fonction publique, des détails des nouvelles législations, devra également élucider les délais de passage du texte entre les deux Chambres, notamment à cause du renversement de la procédure après le dépôt en priorité des 6 lois au sein de la 2e Chambre. Ce fait, également inédit dans l'histoire parlementaire, pèsera lourdement sur les délais que nécessitent la double lecture, non pas des trois projets débattus aujourd'hui, mais de l'ensemble des mesures destinées à l'intégration de près de 5 millions d'adhérents formés par les professions libérales ainsi qu'aux autres catégories n'ayant pas de pensions, cités par les projets. Mohamed Yatim, vice-président de la Chambre des représentants Cette tentative de prendre en otage la vocation législative du Parlement intervient après que les syndicats et les gouvernements précédents se soient désistés de leurs responsabilités sous différents prétextes. Le jeu dans lequel sont entrés les syndicats et certaines parties au sein de la Chambre des conseillers montre jusqu'à quel point peut aller ce désistement des responsabilités, via les reports interminables de l'examen des projets de loi portant sur la réforme. D'un point de vue politique, le gouvernement pourrait laisser tomber cette réforme et placer la balle dans le camp du prochain gouvernement, vu que cette année est électorale. La Chambre des conseillers est mise à l'épreuve et des sérieuses questions se posent sur la vocation de la 2e Chambre, en tant qu'institution législative d'équilibre et non pas de freinage des réformes.