La décision des autorités marocaines de suspendre les contacts avec les instances européennes ne semble pas inquiéter l'Espagne, les dirigeants misant sur la solidité des relations bilatérales. La décision des pouvoirs publics marocains de mettre en veilleuse les contacts avec l'Union européenne ne semble pas inquiéter les autorités espagnoles. Le président du gouvernement autonome de Melilia, Juan Imbroda, a minimisé l'impact de cette décision sur la gestion des dossiers chauds tels que l'immigration irrégulière ou la lutte contre le terrorisme. À ce sujet, le baron du PP a jugé que ces dossiers revêtent un intérêt stratégique non seulement pour le Maroc et l'Union européenne, mais pour tout le monde occidental. De la sorte, «il n'y aura aucun problème pour que le voisin poursuive sa collaboration dans cette lutte conjointe», estime celui qui jadis accusait le Maroc de laxisme quand les avalanches de migrants s'abattaient sur l'enclave. Sur cette même lignée optimiste, le mandataire considère que ces tensions «sont logiques et normales», et sont le résultat des intérêts économiques entre le Maroc et l'UE. Imbroda a rappelé que ces situations se sont produites dans le passé et ont pu être résolues. De même, il a souligné que ces prises de position font partie du jeu politique et qu'à la fin, les deux partenaires finiront par s'entendre car il est «impossible que le Maroc ne soit pas du côté de l'Europe et que l'Europe ne soit pas du côté du Maroc», a affirmé la plus haute autorité de l'enclave. De son côté, Antonio Sanz, le délégué du gouvernement central en Andalousie, a appelé à la prudence devant cette situation. Le représentant de Madrid en Andalousie s'est félicité du fait que les relations maroco-espagnoles sont au beau fixe et a formulé le souhait de voir les relations euro-marocaines retourner à la normale. Toutefois, le responsable espagnol a considéré que la décision marocaine n'affectera en rien les relations entre Rabat et Madrid. De fait, l'Espagne pourrait être la première victime du gel des relations euro-marocaines, au vu des dossiers chauds qui unissent les deux pays. Or, Madrid a voulu se démarquer de l'attitude européenne en insistant sur le fait que cette affaire ne concerne que Rabat et Bruxelles. Selon des diplomates espagnols basés à Rabat, contactés par les médias de leur pays, les relations bilatérales suivront leurs cours car il s'agit de «relations entre l'Espagne et le Maroc» en dehors du cadre européen. À ce titre, le think tank espagnol Real Instituto El Cano avait publié, quelques jours seulement avant que le gouvernement marocain fasse part de sa décision, une recommandation dans ce sens. Dans son rapport annuel sur la politique de l'Espagne en 2016, l'institution recommandait à Madrid de promouvoir ses liens avec le Maroc, loin de la tutelle européenne, alors que dans un passé non lointain, les responsables espagnols et les chercheurs préconisaient à Madrid de déléguer à Bruxelles la gestion des relations avec le Maroc, afin d'éviter une confrontation directe. Cependant, le puissant syndicat agricole GOAC, qui mène toutes les frondes contre l'accord agricole, n'a pas manqué cette occasion pour diriger ses piques contre le royaume. Andres Gongora, le responsable de l'antenne andalouse du syndicat a considéré l'annonce de suspension des contacts comme «une tentative de pression» exercée sur la justice européenne, laquelle devrait se prononcer sur le recours présenté.