Le dernier sondage du think tank espagnol Real Instituto El Cano témoigne du fossé existant entre les discours officiels sur la bonne entente maroco- espagnole et la perception qu'ont les Espagnols du Maroc. Les discours élogieux sur les bonnes relations bilatérales entre le Maroc et l'Espagne ne trouvent pas d'écho auprès du citoyen espagnol lambda. Selon le dernier sondage du think tank espagnol Real Instituto El Cano, les Espagnols ont placé le Maroc dans le top dix du centre de leurs préoccupations. Concrètement, le Maroc arrive à la 9e position des dossiers représentant «une menace pour l'Espagne». Certes, le Maroc est considéré comme «moins préoccupant» qu'avant; toutefois, le royaume continue à avoir mauvaise presse auprès des citoyens ibériques. De ce fait, la dernière livraison de ce baromètre consacre une partie intéressante au Maroc et aux relations de voisinage. Selon le think tank espagnol, le Maroc, comme l'expliquent les auteurs du baromètre, est une zone géographique prioritaire pour la diplomatie espagnole, après l'Union européenne. Or, en évoquant le Maroc, les sondés l'identifient comme une source d'importantes menaces pesant sur leur pays. Qu'il s'agisse du terrorisme islamiste, du trafic de drogue ou encore de la sempiternelle question de l'immigration irrégulière, les Espagnols estiment que ces menaces ont un lien étroit avec le Maroc. C'est dans cette optique que les sondés estiment l'importance du Maroc, c'est-à-dire en tant que gendarme pour contenir les potentiels dangers et non comme un allié stratégique. D'ailleurs, la recrudescence des menaces s'est accompagnée d'une prise de conscience de la nécessité de maintenir des relations stables avec le Maroc. En comparaison avec la précédente livraison du sondage, cet intérêt pour le Maroc a grimpé de 4,7 à 6,2, sur une échelle allant jusqu'à 10. Or, le Maroc «est perçu comme un interlocuteur nécessaire, avec qui les relations sont pires que ce qu'elles devraient être», estiment les interviewés. Appelés à se prononcer sur la qualité de ces relations, les Espagnols lui ont octroyé la note de 5,2 (sur une échelle allant jusqu'à 10). Un point en dessous de l'importance qu'ils accordent à notre pays. Selon la lecture faite par le rédacteur de ce rapport, «ceux qui accordent le plus d'importance au Maroc sont ceux qui le critiquent le moins, et qui sont satisfaits de l'état actuel des relations bilatérales». Enumérant les aspects positifs dans le registre des relations bilatérales maroco-espagnoles, les sondés estiment qu'au niveau du contrôle de l'immigration clandestine, Rabat donne entière satisfaction. D'ailleurs, le panel estime que c'est le dossier le plus positif entre les deux pays. À cet effet, ils étaient 16% à citer ce dossier de coopération comme le point fort des relations bilatérales. Toutefois, 18% n'arrivent pas à se prononcer sur les volets positifs entre Rabat et Madrid, tandis que 8% estiment que le commerce et les exportations sont parmi les sujets qui rapprochent les deux pays. De même, au sujet des taches noires dans le registre des relations bilatérales, les mécontents placent l'immigration en tête. De ce fait, ils sont 20% à estimer que ce dossier est l'un des aspects négatifs dans les relations maroco-espagnoles, alors que dans la catégorie portant sur les points positifs entre Rabat et Madrid, ce thème est cité comme un point fort. Un paradoxe qui traduit fidèlement la confuse perception du Maroc auprès de la société espagnole. Le sondage révèle aussi un problème de désinformation. En atteste le fait que 7% des sondés ont placé le dossier de la pêche dans le registre des dossiers négatifs, alors que le traité profite pleinement à la flotte espagnole. Pis encore, 20% des Espagnols consultés durant ce questionnaire jugent qu'il existe «de mauvaises relations bilatérales et un manque de coopération de la part du Maroc». Il est à souligner que cette étude a été réalisée entre le 10 et le 23 novembre sur un échantillon de 1.200 personnes réparties entre les différentes régions espagnoles, dont les enclaves Sebta et Mélilia.