Malgré la fin d'Ebola, l'économie libérienne continue de souffrir des conséquences de cette épidémie. L'agriculture est l'un des rares secteurs à générer une croissance. Le Libéria peine à se remettre des effets néfastes du virus Ebola qui a frappé le pays en 2014. Avec la Guinée Conakry et la Sierra Léone, ce pays a été le plus affecté des trois Etats d'Afrique de l'Ouest, par l'épidémie. Selon la Banque mondiale, les pertes de revenus sont estimées à 12% du PIB en 2015. Et apparemment, les conséquences seront encore ressenties durant l'année en cours. En effet, les pertes économiques liées à ce risque sanitaire, comme les dépenses de santé, la réduction des IDE et les fuites de capitaux, devraient continuer de peser sur la croissance en 2016. Elles seront, de plus, aggravées par les faibles prix du minerai de fer et du caoutchouc, représentant 75% des exportations du pays. La reprise progressive de la production minière, avec notamment celle de la China Union, seconde compagnie minière du pays, ainsi que le début de la production commerciale d'or, devraient néanmoins permettre de soutenir les recettes d'exportation. Croissance agricole Malgré les pénuries de main-d'œuvre et les restrictions de transport, la production agricole (53% du PIB) devrait aussi participer à la reprise de la croissance en 2016. La réalisation de certains projets miniers et d'infrastructures de transport et d'énergie, qui avait été reportée à cause de l'épidémie, devrait tirer les investissements publics et privés. Ils resteront cependant pénalisés par l'environnement difficile des affaires, d'autant plus que la résurgence de l'épidémie reste un risque à court terme qui ne peut être exclu. Du côté des prix, l'inflation devrait rester élevée, compte tenu des pénuries alimentaires qui entretiennent des pressions inflationnistes non négligeables. 45,6 millions de dollars du FMI Par ailleurs, les recettes de l'Etat resteront restreintes par la faible croissance (taxes, impôts, redevances minières). En parallèle, les dépenses resteront importantes, notamment les dépenses sociales pour venir en aide aux populations les plus démunies, les dépenses en infrastructures et les dépenses militaires pour combler le départ des troupes des Nations Unies. Des restrictions budgétaires ont été introduites dans le budget 2015/2016, à travers une restructuration de l'administration (baisse des salaires et suppression de postes). Le déficit budgétaire sera financé par les aides de certains gouvernements (Etats-Unis, Chine), par les prêts extérieurs concessionnels et par les emprunts obligataires de l'Etat. Le FMI a approuvé une aide de 45,6 millions de dollars, en vertu de la Facilité élargie de crédit (FEC). Celle-ci est étendue jusqu'en février 2016. En même temps, l'institution financière a procédé à un allègement de la dette de 36,5 millions de dollars sous forme de subvention, grâce au Catastroph Containment and Relief (CCR), son nouvel outil pour aider les pays à faibles revenus à faire face à des catastrophes naturelles majeures. Fin du mandat des forces onusiennes La situation politique s'est nettement améliorée depuis la fin de la guerre civile (2003), mais demeure fragile. Les nombreux remaniements ministériels témoignent de la fragmentation de la scène politique et de la précarité des alliances. La situation sécuritaire sera d'autant plus précaire que les troupes de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) devraient se retirer totalement d'ici juin 2016, après 13 ans de présence dans le pays. Au regard des tensions sociales à l'approche des élections présidentielles et législatives d'octobre 2017 et des anciens combattants désarmés qui seraient prêts à rejoindre des milices régionales, le départ des troupes laisse un vide sécuritaire qui présente un risque à court terme. La circulation transfrontalière, à grande échelle, d'armes et de mercenaires, restera une préoccupation, compte tenu notamment de l'influence des cartels internationaux de la drogue dans la sous-région.