Au lieu de soigner un problème, il vaut mieux prendre le taureau par les cornes et adopter des méthodes radicales pour éliminer le mal à la racine. C'est le cas en situation de crise, la politique de destruction permet de repartir sur de nouvelles bases. Tous les indicateurs annoncent une année 2016 difficile. La conjoncture n'est en effet pas des plus reluisantes, et les scénarios 2016 les plus pessimistes laissent entendre que les patrons les plus avertis ont tous certainement des projections sur les plans d'austérité qu'il va falloir se résigner à adopter. Dans ce sens, la nécessité de se résoudre à entreprendre pro-activement dans un écosystème de «destruction créatrice». Cette expression très connue de l'économiste autrichien Joseph Schumpeter a fait de ce dernier un des pionniers de la prédiction de la régularité des crises cycliques (de 3 à 60 ans selon les catégories de crises). Plusieurs travaux résument cette dynamique qui façonne notre existence depuis des millénaires. Les destructions peuvent être des crises financières, des faillites, des guerres, des renversements de régimes ou des catastrophes naturelles. Sans la destruction, la motivation des êtres humains n'est jamais aussi intense pour rebâtir, innover, resécuriser, redynamiser .... La conviction majeure que nous devons alors tous entrevoir dans le pessimisme des crises est qu'il faut savoir détruire pour mieux bâtir. En temps de crise, il est souvent nécessaire de revoir ses paradigmes et ses hypothèses de réussite et d'échec. Il est de plus en plus opportun de raser pour construire de nouveaux modèles. «Repartir à zéro» Oser partir d'un terrain vierge («green field») est aussi l'opportunité de se débarrasser des freins et des lourdeurs qui ne vont jamais nous laisser évoluer. Cette démarche est très pratique et rationnelle chez les promoteurs immobiliers chevronnés qui évitent souvent de lancer des travaux de rénovation sur des œuvres anciennes, car le coût et la complexité de démolition et de reconstruction sont plus intéressants que continuer à vivre avec un mal nécessairement contraignant, limitant et risqué à gérer. Détruire pour mieux bâtir s'applique aussi bien aux pensées humaines qu'aux actes et stratégies. Penser autrement, et reconnaître qu'il faut souvent enterrer nos pensées pour en bâtir d'autres est essentiel. Il faut reconnaître que nous sommes souvent sous conditionnement limitateur et qu'il ne faut pas toujours croire ce que nous pensons. La destruction créatrice ne se limite pas à une utopie philosophique. Il s'agit plus d'une audace de défaire l'existant et de le refaire sur les bonnes bases. Savoir défaire la complexité des crises personnelles, professionnelles ou du business passe par la volonté de se détacher ce qui nous freine. Un pilier de cette audace est l'agilité de la conduite du changement. Une démarche d'accompagnement dans ce sens est la clé de la transformation ou du redressement des projets et des business en difficulté. Ceci devra s'articuler autour des bons leviers de transformation qui méritent souvent un suivi et un savoir-faire interne renforcé par la contribution et l'encadrement de consultants externes capables d'apporter des solutions innovantes et agiles. Ces derniers ont l'avantage du benchmarking, mais ont surtout le détachement émotionnel de l'organisation pour oser proposer des démarches avant-gardistes. Des symboles de réussite «inspirants» La confiance dans le futur va sûrement au-delà de votre conviction de la destruction créatrice et l'accompagnement au changement qui y est associé. En effet, un élément central de notre existence en tant qu'individus, mais aussi en tant qu'organisations, est la confiance et les croyances que nous accordons à certains symboles de réussite. Warren Buffet le disait souvent et pertinemment : «Dites-moi qui sont vos héros, je vous dirai qui vous serez !». Cette citation nous pousse, en temps normal mais surtout en période de crise, à choisir avec soin nos héros car c'est à partir de notre projection et de notre admiration pour ce que nos ancêtres ont fait et défait que nous serons en mesure d'innover. Une résolution majeure pour 2016 est de choisir nos héros qui feront de nous ce que notre vie mérite de mieux. Farid Yandouz DG du cabinet iCompetences