Actualité oblige, cette chronique sera internationale, à plus d'un titre. D'ailleurs, ce sera une occasion pour vous de découvrir mes talents d'analyste extra-nationaliste, preuve s'il en est, que je ne suis pas un simple et autochtone billettiste. Chères amies et chers amis, je crois que vous serez d'accord avec moi si je vous affirmais, comme ça, tout de go, que les derniers six mois ont été les mois qui ont provoqué le plus d'émoi dans le monde, et particulièrement dans nos contrées, qui ont été dirigées pendant longtemps par certains êtres immondes. Comme je le disais récemment à mes enfants, nous devons nous considérer comme de grands privilégiés d'avoir pu vivre en direct -«on line», m'a rectifié mon insolent rejeton- une immense page de l'histoire, à la fois exaltante et bouleversante, bien sûr, au sens positif du terme. Bien entendu, il y a eu, ces dernières années, de grands moments de chamboulement, quand certains peuples, en ayant ras-le-bol de leurs oppresseurs, locaux ou colonisateurs, décident de donner un grand coup de pied dans la fourmilière et, du même coup, se débarrasser de leurs persécuteurs et de leurs tyrans et prendre leur vie et leur avenir en main. Je pense plus particulièrement aux guerres de libération de l'Indochine et à la chute du mur de Berlin. Cependant, autant ces deux grands pans de l'histoire ont mis un temps fou et douloureux à accoucher d'une libération effective, autant ce qui est arrivé, pardon, ce qui est toujours en train d'arriver tout près de chez nous, lui, semble pressé d'en découdre avec l'histoire, une histoire jadis trop conciliante et trop lente à la détente. Alors, ainsi que, comme moi, vous l'avez vu, moi, les peuples, arabes de surcroît, ont décidé de mettre le turbo et d'en finir une fois pour toutes et vite, avec, notamment, cette réputation qui leur colle à la peau depuis toujours, de l'Arabe fataliste, fantaisiste et égoïste. «Les Arabes, disions-nous souvent, le sourire en coin et parfois le cœur serré, se sont mis d'accord pour ne jamais se mettre d'accord». Evidemment, les premiers à répéter ces stupides inepties et à les entretenir, c'étaient les tyrans arabes eux-mêmes, parce qu'ils étaient les premiers à en tirer profit. Mais, aujourd'hui, du fond de leur exil forcé et pas forcément doré, ou de leur cellule froide quoique fortement médicalisée, ou encore de leur cachette profonde, mais sûrement stupidement décorée, ils doivent tous se morfondre d'avoir cru dur comme fer, que les Arabes étant ce qu'ils croyaient qu'ils étaient, ils allaient pouvoir rester aux commandes jusqu'à... la fin des temps. Ce que j'aime bien dans l'histoire, c'est qu'elle adore -passez-moi l'expression- tourner en bourrique les dictateurs et les tyrans. Elle leur fait croire qu'elle a le pouvoir de les laisser aux commandes toute leur vie, et, après eux, toute la vie de leur «illustre» descendance, et, puis, un beau jour, sans les prévenir, elle les invite à déguerpir. Comme ils refusent toujours de partir de gaîté de cœur, elle leur donne un bon coup de pied au... postérieur. Oui, je me marre, et je suis sûr que vous aussi. D'abord, tout ce qui est arrivé ces derniers temps et, je le répète, qui est toujours en train d'arriver, devrait nous décomplexer définitivement et nous mettre une fois pour toutes dans notre caboche parfois dure et tordue, que nous sommes des peuples ni amorphes ni stériles, et que nous avons la capacité et le pouvoir de féconder l'histoire et de lui donner de très beaux bébés. Quand je dis «nous», je parle, bien sûr, de nous les Arabes, ou, si vous préférez, nous les Berbéro-arabes, nous les Africains, bref, nous les damnés de ce coin de la Terre qu'on croyait maudit, nous qui croyions jusqu'à il y a juste six mois, que nous étions juste bons à bouffer -ou à demander à bouffer- à dormir, et, bien entendu, à applaudir. D'ailleurs, à propos d'applaudir, je vais, pour la première fois dans la vie d'un chroniqueur qui aime bien faire du bruit, vous inviter tous et toutes, en direct, pardon, «on line», à faire une ovation à nos amis Libyens, mais aussi à nos frères Tunisiens et à nos cousins Egyptiens qui sont en train de nous donner une belle leçon de bravoure et d'héroïsme et de prouver, par A contre B, qu'au fond, on n'est pas si nuls que ça. Moi, en tout cas, je leur dis un grand Merci. Quant à vous, je vais vous dire bon week-end et comme je ne vais vous «revoir» que dans une semaine, je vous souhaite d'ores et déjà une très bonne fête et vous redis, comme d'hab..., vivement le changement et vivement vendredi prochain.