La filiale d'Attijariwafa aurait été retenue par le gouvernement pour arranger un emprunt obligataire d'un montant de 76 millions d'euros à émettre courant décembre 2013. Selon des informations concordantes, la Société commerciale de banque au Cameroun (SCB Cameroun), filiale d'Attijariwafa Bank, préparerait en ce moment, en qualité d'arrangeur, un emprunt obligataire que l'Etat du Cameroun s'apprête à lancer sur le compartiment obligataire de la Douala Stock exchange, la Bourse des valeurs mobilières du Cameroun. Si aucune communication officielle n'a encore été faite à ce propos par les autorités, l'agence d'informations économiques en ligne, Ecofin, croit savoir que l'opération visera à lever un montant de l'ordre de 50 milliards de FCFA (76,22 millions d'euros) à un taux d'intérêt de 5,9%. Cette dernière source ajoute d'ailleurs que SCB Cameroun s'emploie actuellement à réunir le pool de banques devant constituer le syndicat de placement pour cette initiative.Le choix porté sur SCB Cameroun pour arranger cette opération confirmerait le capital de confiance et de sympathie dont jouit de plus en plus cette banque sur le marché obligataire de l'Afrique centrale. Il y a quelques semaines en effet, la filiale d'Attijariwafa Bank était également choisie par le gouvernement tchadien pour co-arranger l'emprunt obligataire émis par ce pays pour collecter la bagatelle de 85 milliards de FCFA (129,6 millions d'euros). «La SCB Cameroun est sollicitée parce qu'elle est très active», expliquait récemment le Marocain Jamal Ahizoune, directeur général de SCB Cameroun, dans une interview accordée à Les ECO. Et il poursuivait : «Nous avons mis en place une salle des marchés depuis un an et demi. En outre, la SCB Cameroun est aujourd'hui réputée comme étant faiseur de marchés». Il y a quelques semaines pourtant, l'établissement avait décliné l'invitation de participer à un exercice similaire fait par la banque gabonaise BGFI Bank. «Nous avons été approchés pour un mandat d'arrangeur que nous avons décliné (...) simplement parce que nous avons un certain nombre de sujets importants, justifie Jamal Ahizoune. Et quand nous nous engageons pour faire une opération, nous préférons la mener à bien. Nous manquions de temps à consacrer à la qualité de l'exécution de cet emprunt». Pour ce qui est de ce nouvel emprunt obligataire du Cameroun, on ne sait pas grand chose sur la destination des ressources qui seront ainsi collectées. Toutefois, on sait qu'elles pourront avoir au moins deux destinations possibles : la poursuite du financement des grands projets dits structurants et le comblement du déficit budgétaire de l'Etat. En effet, le bilan des émissions d'obligations du Trésor pour l'exercice en cours est loin d'être satisfaisant. Alors que la loi de finances 2013 prévoyait la collecte de quelques 150 milliards de FCFA (228,7 millions d'euros) par ce moyen, le Trésor public n'a recueilli que près de 25 milliards de FCFA (38,11 millions d'euros) à ce jour. Une contreperformance qui contraste avec le succès qu'avait connu la première émission d'emprunt obligataire au Cameroun, en 2010. En quelques jours, l'Etat avait recueilli un peu plus que les 200 milliards de FCFA (305 millions d'euros) recherchés. La SCB Cameroun, alors contrôlée par le français Crédit agricole était ensuite passée sous le giron d'Attijariwafa Bank, avant de participer à cette opération pour environ 35 milliards de FCFA, 53,35 millions d'euros. Cependant, en août dernier, la Commission des marchés financiers rendait des décisions indiquant que les banques qui avaient pris part à cette opération avaient touché des commissions indues d'un montant total de 2,58 milliards de FCFA (environ quatre millions d'euros), dont 76,836 millions de FCFA (117.137 euros) pour la SCB Cameroun. Pourtant, seules les trois banques du syndicat de placement (Afriland First bank, SGBC et Citi Bank) avaient été condamnées à verser une amende, tandis que les autres n'écopaient d'aucune sanction. Mais, à l'instar de la SCB Cameroun, ces banques rejettent ces accusations. Elles ont d'ailleurs formulé un recours, dont l'issue reste attendue. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Craintes Lorsqu'en fin 2012, le Cameroun évoque ses prévisions de croissance pour l'année 2013, il se projette vers un taux de l'ordre de 6,1%. Alors que le Fonds monétaire international (FMI) lui, voit un taux d'à peine 5%. En milieu d'année, le gouvernement revoyait ses prévisions à la baisse en parlant d'un taux de l'ordre de 5,5% pendant que le FMI le situait à un peu plus de 4%. Rendu pratiquement à la fin de l'année maintenant, les deux protagonistes se rejoignent presque autour d'un taux de l'ordre de 4,5% de croissance du produit intérieur brut camerounais en 2013. Le comble étant qu'entre les prévisions du gouvernement et le taux réel en cette fin d'année, il y a un fossé de presque 2 points, et un point d'écart avec les prévisions en milieu d'année. Comment les statisticiens camerounais ont-ils pu à ce point s'éloigner d'une réalité qu'ils sont censés maîtriser. Simple erreur ou manipulation d'un gouvernement voulant marquer les esprits avec un taux élevé et masquer ainsi l'immobilisme dans lequel s'est enraciné le régime de Yaoundé ? En tout état de cause, personne n'est dupe et l'on constate aujourd'hui comme un retour au réalisme. En effet, dans le projet de loi de Finances 2014 déposé mardi dernier au Parlement, le gouvernement table sur un taux de croissance de 4,8% en 2014. Presque le même taux que prévoit le FMI, qui l'estime à 4,9% dans un tout récent document sur les économies de l'Afrique subsaharienne.