Le nombre d'actions pouvant faire partie du portefeuille des OPCVM Sharia compliant est très réduit. Ce qui pose à la fois un problème de diversification et de liquidité. Les OPCVM Sharia compliant, en particulier ceux investis dans les actions, devraient être les parents pauvres de la finance islamique au Maroc. «L'étroitesse du marché marocain le pénalise», souligne à cet égard Abdelilah Nghaizi, associé à Al Maali Islamic Finance Consulting (Maroc) avant d'ajouter : «les OPCVM, en tant qu'instrument financier comportent déjà bon nombre de risques. S'agissant des OPCVM sharia compliant, la notion de risque est beaucoup plus importante, en raison d'un certain nombre de contraintes imposées de par la nature de ces fonds». En effet, les contraintes des fonds sharia compliant excluent l'investissement dans un certain nombre de secteurs (alcool, tabac, jeux de hasard, armement, services financiers, etc.). Les actions des sociétés intervenant dans ces secteurs ne seront donc pas éligibles. En marge de ce premier filtre «sectoriel» majeur, un deuxième filtre a été défini, visant à exclure les sociétés fortement endettées, disposant d'une trésorerie importante et non investie, ainsi que toutes celles ayant une part significative de leurs revenus issus de produits financiers prohibés (revenus issus des produits dérivés, d'instruments de taux, etc.). De plus, un suivi permanent doit être effectué pour éliminer certaines actions dont les ratios ont dépassé les normes et introduire les actions devenues éligibles aux portefeuilles du gérant de l'OPCVM Sharia compliant. La deuxième contrainte, elle, réside dans la nature des montages des fonds investis dans les sukuk (complexité du montage juridique). «Il est ainsi plus difficile pour un épargnant d'investir dans un marché sharia compliant, que de le faire dans un marché conventionnel, où les montages sont plutôt classiques», ajoute l'expert. Seulement 10 valeurs sont éligibles Si l'on prend l'exemple de la Bourse de Casablanca, la mise en place des OPCVM Sharia Compliant devient plus compliquée. La capitalisation du marché marocain est de 445 MMDH représentée par 74 valeurs. Du point de vue de la Sharia, les banques, les sociétés de financement, les sociétés qui produisent et commercialisent de l'alcool sont à exclure, ce qui réduit de moitié la taille du marché. «Aujourd'hui, on dispose d'un univers d'investissement de moins d'une vingtaine de valeurs liquides. Si on exclut les banques, les assurances et les sociétés de financement, on réduit considérablement le champ d'intervention des OPCVM Sharia compliant à une dizaine de valeurs représentant moins de 170 MMDH», précise Abdelilah Nghaizi. Cela pose deux risques majeurs, celui de la diversification et celui de la liquidité. L'activité d'investissement des OPCVM est régie par des rations réglementaires. Un gérant d'OPCVM ne peut pas investir plus de 10% de son actif dans une valeur donnée. L'OPCVM Sharia compliant serait dans ce cas là obligé d'aller sur des valeurs moins liquides, alors que l'avantage pricipal des OPCVM de manière générale est leur liquidité même.