Omar amine Président de l'Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB). Les ECO : Votre association vient de signer une convention de partenariat avec l'Association marocaine pour les professionnels de la finance participative. Quels en sont les objectifs pour l'APSB ? Omar Amine : L'APSB est une association réglementée regroupant tous les opérateurs du marché. Ses missions et ses prérogatives sont bien définies. Celles-ci comprennent entre autres tout ce qui a trait à la promotion des métiers de la Bourse, des produits, des nouvelles techniques et l'accompagnement des acteurs quand il y a de nouveaux produits. Aujourd'hui, le corpus réglementaire de la finance participative se met en place et des acteurs internationaux arrivent au Maroc, que ce soit sur le secteur bancaire ou autre. Il est donc tout à fait normal, en tant qu'association, de se préparer à ce nouvel élan de développement sur les marchés. Nous avions besoin d'un partenaire scientifique, sérieux et crédible pour nous aider à travers des workshops, des ateliers, des formations et des certifications à nous préparer à ce nouveau segment de marché à potentiel pour nous. On entend souvent parler des produits qui seront proposés par les banques participatives. Quels seront ceux qui seront commercialisés par les sociétés de Bourse ? Les métiers des sociétés de Bourse sont réglementés. Nous avons le monopole des transactions boursières. Nous exécutons des opérations et nous pouvons éventuellement vendre des portefeuilles-types aux clients. Nous pourrons ainsi commercialiser les OPCVM Sharia compliant et les Sukuks. Nous pourrons également nous occuper de la vente d'indices Sharia compliant que la Bourse pourra construire ou la vente d'ETFs, qui sont des fonds indiciels. Nous allons rester sur notre sphère réglementaire. Nous ne pourrons pas vendre d'autres produits Sharia compliant qui ne rentrent pas dans notre sphère. Il est à noter que quand on parle de Sharia compliant, on exclut de facto tout ce qui est produits dérivés et marché à terme et tout ce qui est vente à découvert. Tous ces produits qui arrivent avec le prêt emprunt de titres n'entrent pas sur ce périmètre. Existe-t-il une vraie demande pour ce type de produits ? S'agissant de la question de la demande, nous voyons certes circuler beaucoup d'études dans ce sens, mais personnellement, je pense qu'il est très prématuré de parler de besoin ou de perception par rapport à ces produits parce qu'ils sont très peu connus. La majorité des personnes qu'on interviewe dans les études ne connaissent pas les produits de la finance participative. Je précise que ceux du marché boursier sont les plus simples à présenter par rapport aux produits bancaires ou de leasing qui sont beaucoup plus compliqués. Par ailleurs, quand on parle d'indices, de fonds, de sociétés cotées ou d'ETF Sharia compliant, il faudrait qu'on soit capable de répondre à des interrogations d'investisseurs locaux ou étrangers du Moyen-Orient par exemple. Il faudrait qu'on puisse leur fournir des réponses avec les mêmes standards que ceux des brokers, qu'ils peuvent contacter en Malaise ou en Indonésie et qui sont très avancés aujourd'hui. L'univers des actions Sharia compliant de la Bourse de Casablanca est-il intéressant aujourd'hui ? Je souligne que l'AMFP a fait un travail dans ce sens. Aujourd'hui, il y a en effet 25 sociétés cotées Sharia compliant qui ont été identifiées. Maintenant, les indices internationaux ont leurs propres méthodologies de sélection. À titre d'exemple, le Dow Jones ou le Footsie ont leur propre Sharia board, leurs propres approches. Une chose est sûre : Le marché marocain, avec 50 milliards de dollars de capitalisation, reste petit par rapport à tous les billions de dollars qui circulent sur la sphère internationale. Si nous captons une petite part de cette épargne, ce serait bénéfique pour notre marché. Nous n'avons pas l'ambition de concurrencer d'autres marchés plus matures comme la Malaise, qui a 30 ans de finance islamique et qui est à un niveau de technicité extrêmement élevé. Toutefois, je ne vois pas un chantier comme Casablanca Finance City (CFC) se développer sans ce flux d'investissements et d'épargnes qui peut venir des pays du Moyen-Orient, orientés par l'Afrique et qui passera nécessairement à travers des véhicules Sharia compliant. Nous aurons affaire à des agences gouvernementales et des fonds souverains. Nous ne sommes pas sur des produits de masse comme ceux des banques participatives. Ce sont plutôt des produits de niches avec une certaine technicité. On parle d'un lancement effectif de la banque participative courant 2015. Qu'en est-il des marchés des capitaux Sharia compliant ? Je pense que ça va aller beaucoup plus vite que le secteur bancaire parce que c'est moins compliqué. Les sous-jacents sont là et les capitaux aussi. Il faudrait juste que le corpus réglementaire soit finalisé, que le Sharia board soit mis en place et que le processus d'habilitation soit connu.