L'Etat marocain faisant face à une troisième année budgétaire difficile, le Trésor a dû s'endetter pour fonctionner. La levée nette du Trésor sur le marché des adjudications a atteint 59 MMDH en 2013. Elle est en nette hausse comparativement aux 42,6 MMDH levés en 2012 et pour cause: en 2013, l'Etat marocain a fait face à une troisième année budgétaire difficile. À fin novembre, les dépenses ordinaires dépassaient les recettes ordinaires de 18,1 MMDH et donc le Trésor a dû, pour la troisième année successive, s'endetter pour fonctionner. Les recettes ordinaires se sont établies à 175,3 MMDH (-2,6 MMDH ou -1,4% par rapport à novembre 2012) contre la quasi-stabilité des dépenses ordinaires à 193,4 MMDH, soit le même niveau que l'année passée. Après correction par le solde des comptes spéciaux du Trésor et les arriérés de paiement, le déficit public se situait au même niveau que celui de novembre 2012, à savoir 54,5 MMDH. «Le financement de ce déficit a été assuré principalement par des ressources intérieures, puisque les financements extérieurs promis par la loi de Finances 2013 n'ont pas été respectés», nous expliquent les analystes de Marogest, société de gestion d'actifs. Parallèlement au creusement du déficit budgétaire, «le Trésor devait quelque 116,1 MMDH de tombées au marché monétaire, contre 73,7 MMDH en 2012. Il a ainsi augmenté ses levées de 46% à 175,2 MMDH. Les investisseurs ont répondu positivement à cette tendance en relevant leurs soumissions de 2/3 à près de 413 MMDH contre 248,7 MMDH en 2012», précisent les mêmes analystes. Demande concentrée sur le court terme Notons que le marché obligataire marocain a évolué en deux phases durant 2013. Dans un premier temps, les investisseurs se sont montrés de plus en plus exigeants et courts. «Ils justifiaient leur position par les premiers chiffres décevants des finances publiques, le retard des financements extérieurs et la lenteur des premières mesures de réforme de la Caisse de compensation», nous expliquent les analystes. Les investisseurs exerçaient, de ce fait une pression sans précédent sur les taux obligeant l'argentier du royaume à payer un coût cher, notamment pendant le mois de mai. Ensuite, lors de la deuxième phase, alors qu'une sortie sur le marché international pour 750 MUSD venait d'être réalisée, que le système d'indexation partielle des prix des produits pétroliers liquides était décidé par le gouvernement et que les niveaux de taux devenaient intéressants, le Trésor a délaissé le segment du court terme au profit de ceux du moyen et du long termes. «Au moment où les taux courts se sont mis à corriger à la baisse, les niveaux moyen et long termes ont gardé un trend haussier», précisent nos analystes. Par conséquent, en fin d'année, la hausse des taux prenait plus d'ampleur sur les segments moyen et long termes, les ténors 5, 10 et 15 ans se sont bonifiés respectivement de 48,79 et 81 points de base à 5,08%, 5,67% et 5,82%. Sur le compartiment secondaire du marché obligataire, les investisseurs ont échangé près de 172,8 MMDH en 2013 contre 149,3 MMDH un an auparavant. Notons que la structure de la volumétrie a été dominée dans le même temps par le segment du court terme, lequel a polarisé 68% des échanges comparativement à 55% en 2012. Cette configuration du marché secondaire des BDT a traduit le besoin d'allocation important des investisseurs en particulier pour le segment du court terme. Un besoin d'allocation qui a fini par tirer vers le bas, à fin 2013, les ténors 13 et 26 semaines à 3,47% et 3,58% contre 3,70% et 3,66% respectivement en décembre 2012.