La présence du Trésor sur le marché de la dette devrait être moins importante l'année prochaine. 2015 consacrera le retour de l'action comme placement par excellence. «Baisse des taux» est le principal fait marquant caractérisant le marché des titres souverains cette année. Il s'agit là d'une tendance qui n'est pas près de s'estomper. En effet, est attendue une poursuite de la correction de la courbe sur toutes les maturités suite à la deuxième baisse opérée par Bank Al-Maghrib sur le taux directeur. «Sachant que la maturité de 13 semaines a déjà bien corrigé pour se caser au niveau de 2,50%, il y a de faibles chances que les taux baissent en dessous du taux directeur, supposé être un niveau plancher. Toutefois, en se référant à la situation du marché suite à l'avant-dernière baisse du taux directeur, les taux allant du 13 au 52 semaines ont baissé jusqu'à se rapprocher du taux directeur; on peut dire qu'il y a encore un potentiel de baisse à considérer sur le 28 semaines qui traite actuellement à 2,60%, et pour le 52 semaines qui traite à 2,66%», nous affirme d'emblée Mouhammed Mariane, directeur de la société de gestion Marogest. «Concernant les maturités moyen et long termes, il y a eu certes des corrections sur le marché, mais sur certains segments, elles ont été faibles», poursuit notre expert. C'est le cas pour la maturité de 5 ans qui n'a corrigé que de 0,5 point de base. C'est dire que le potentiel baissier est significatif sur les maturités moyen et long termes. Un Trésor absent sur le marché intérieur Concernant les perspectives de 2015, pour analyser la tendance de la courbe des taux, il est primordial d'examiner la situation du financement du Trésor. Ce dernier aura à faire face, l'année prochaine, à une tombée de la dette qui devrait s'élever à 80 MMDH. Toutefois, cette tombée est moins importante que la tombée de 2014 qui se chiffre à 90 MMDH. La présence du Trésor sur le marché de la dette devrait par conséquent être moins importante en 2015. «Ceci est corroboré par ses objectifs de réduction de déficit budgétaire, mais également sa stratégie adoptée dès 2014 consistant à rallonger la durée moyenne de sa dette», souligne à ce propos notre expert. Le deuxième facteur plaidant en faveur d'une absence du Trésor sur le marché des adjudications est l'annonce d'un financement extérieur en 2015 qui devrait avoisiner les 24 MMDH. Ce montant représente près de 57% des besoins de financement du Trésor pour l'année prochaine. À l'évidence, la part de l'endettement extérieur dans le financement du Trésor sera ainsi plus importante qu'en 2014. En conséquence, sur le marché local, l'on devra s'attendre à ce qu'il y ait une exacerbation de la demande sur les titres du Trésor. En effet, la demande des investisseurs sur les bons du Trésor restera toujours très importante en 2015. Les taux de satisfaction de la demande sont restés à des niveaux très faibles, avoisinant les 14%, cette année. Il y aura encore toujours de l'appétit pour les bons du Trésor en 2015. Tous ces éléments plaident pour une poursuite de la tendance baissière des taux sur le marché obligataire. «La baisse sera bien évidemment moins importante que celle enregistrée en 2014», argue le même expert. Embellie des émissions obligataires S'agissant du marché de la dette privée, 2014 a d'abord été caractérisée par une baisse de l'encours des titres de créances négociables (TCN). Cette situation découle sans aucun doute du fait de l'amélioration de la situation de la liquidité sur le marché, en relation avec l'embellie observée au niveau de la balance commerciale et la révision du taux de réserves monétaire obligatoire. Deux facteurs qui ont plaidé en faveur d'un retour des liquidités sur le marché. En revanche, l'année 2014 a marqué le retour en force des émissions obligataires, et l'on parle d'un chiffre d'émissions de 10 MMDH contre 1,2 MMDH en 2013 et 9,3 MMDH en 2012. «La baisse des taux ayant laminé l'intégralité de la courbe, les émetteurs de la dette privée se sont en toute logique jetés sur l'occasion en multipliant leurs sorties. La batterie d'instruments de financement dont ils disposent et qui vont des certificats de dépôts aux billets de trésorerie, en passant par les bons de sociétés de financement et les obligations, ont pour l'occasion accusé une hausse importante de leur encours», nous assure un expert du marché. «De même, les arbitrages qui sont faits par les entreprises, de sorte à optimiser leur coût de financement, ont fait qu'elles ont opté pour les émissions obligataires, moins onéreuses cette année en raison de la baisse des taux obligataires. Quant au financement classique, il s'est avéré cher cette année car les banques n'ont pas baissé les taux débiteurs», nous explique notre expert. En termes de perspectives, les émissions obligataires devraient continuer à prendre le dessus si le financement classique demeure cher, sachant par ailleurs que, le coût du risque ayant augmenté ces dernières années, les banques sont plus regardantes sur la qualité des emprunteurs et le niveau du ratio d'endettement. À ce stade, quelques interrogations s'imposent : quel sera l'impact de la poursuite de la baisse des taux sur les placements obligataires cette année et l'année prochaine ? Quel sera le comportement des actions ? 2015, année de l'action Une chose est sûre: 2014 a été l'année des placements obligataires par excellence. En effet, a été constaté, cette année, un retour des investisseurs sur les OPCVM obligations court terme (OCT) et les OPCVM obligations moyen et long termes (OMLT). À fin octobre, les actifs ont progressé de de 57% sur l'OCT et de 22% sur l'OMLT. En revanche, l'actif des OPCVM monétaires a baissé de 8% au terme de la même période. «La baisse des taux constatée depuis le début de l'année a poussé les investisseurs à s'orienter vers des segments plus sensibles pour capter le plus possible l'effet de correction baissière des taux», nous explique à ce propos un analyste du marché. Même situation pour les OPCVM actions, qui ont vu leur actif de 9% à fin octobre 2014. Pourtant, le marché boursier a été très performant cette année. «Le fait que le marché ait freiné son ascension durant les mois de novembre et décembre constitue un potentiel à ménager en 2015, d'autant qu'il y a un nombre important de facteurs catalyseurs qui plaident pour un retour de l'action en 2015», affirme, à cet effet, le même analyste. S'agissant des OPCVM OMLT, les analystes estiment qu'une bonne partie de leur potentiel a été consommée en 2014. «Même si on anticipe aujourd'hui une baisse des taux, elle sera de moindre ampleur que celle réalisée en 2014. Cette année est celle des placements obligataires par excellence. Il sera difficile de réaliser les mêmes niveaux de gains l'année prochaine», nous confie notre analyste. Certes, la tendance actuelle sur le marché obligataire augure d'un potentiel de gain modéré pour les placement de taux, mais nous ne sommes pas à l'abri d'une surprise, car il est difficile d'anticiper avec exactitude les intentions du Trésor !