La sortie prévue à l'international ne manquera pas d'impacter le financement de l'économie et les réserves de changes, mais également les placements financiers. Depuis le début de 2014, nous assistons à un mouvement baissier de la courbe des taux. En effet, les maturités à 52 semaines, 5 ans et 15 ans ont cédé respectivement 54, 70 et 58 points de base. Une tendance appelée à persister en raison de la prochaine sortie de l'Etat sur le marché international de la dette. C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre Boussaïd, à l'occasion d'une rencontre des ministres des Finances des pays arabes à Tunis. Selon le ministre des Finances, les besoins d'emprunts extérieurs du Maroc pourraient atteindre 2,5 milliards d'euros en 2014 de sorte, notamment, à combler le déficit budgétaire qui devrait représenter 4,9% du PIB la même année. Cette sortie, si elle se concrétise, ne manquera pas d'avoir des impacts à la fois sur le financement de l'économie, les réserves de changes mais également les placements financiers. Impact positif sur le financement de l'économie En effet, en tant qu'emprunteur, l'Etat a deux options: s'endetter sur le marché intérieur ou lever des fonds sur le marché extérieur. Dans ce sens, les ratings obtenus ces dernières années et le confort de la ligne de crédit du FMI ont permis au Maroc d'améliorer sa signature à l'international et de ce fait, d'obtenir des taux d'intérêt intéressants. Ainsi, l'Etat est tenté d'aller de plus en plus vers un mix un peu plus favorable à l'endettement extérieur. Cela lui permet d'abord de diversifier ses sources de financement, mais aussi éviter l'effet d'éviction par rapport au financement de l'économie, surtout des PME, inhérent à une importante levée par le biais des bons du Trésor. Ensuite, dans une année jugée difficile pour ce qui est de la balance des paiements, accélérer l'endettement extérieur apporte des devises importantes. Par le passé, le déficit de la balance commerciale était contrebalancé par les recettes touristiques, les transferts des MRE et les IDE. Ces éléments ne suffisent plus et, chaque année, le Maroc s'appauvrit en devises étrangères. Une des façons de remédier au problème a été la privatisation des entreprises publiques par l'entrée d'actionnaires étrangers. Aujourd'hui, dans un contexte de crise chez nos principaux partenaires, seuls les dons des pays du Golfe et le recours à l'endettement extérieur permettent d'apporter une solution temporaire. Baisse des taux longs La sortie de l'Etat sur le marché extérieur ne manquera pas d'avoir également un impact sur le marché intérieur de la dette. Sa concrétisation confirmera un désintérêt de ce dernier pour les levées sur ce marché, ou du moins sur les maturités courtes et moyennes. La première conséquence est une poursuite de la détente des taux des bons du Trésor qui touchera désormais les maturités longues. Cette détente augmente la valeur des anciens bons du Trésor détenus en stock. L'on devrait donc voir un repositionnement des investisseurs sur les maturités longues pour que leurs portefeuilles soient mieux valorisés. Les maturités concernées sont les 10, 15 et 20 ans. Ainsi, la valeur liquidative des OPCVM obligations court, moyen et long terme augmentera consécutivement à la baisse des taux et générera par conséquent des plus-values aux investisseurs. En revanche, cette configuration serait moins favorable aux OPCVM monétaires (voir point de vue). Déjà, le Trésor, qui a communiqué son programme de financement, a annoncé que le recours au marché des adjudications des valeurs du Trésor au titre du mois d'avril portera sur un montant se situant entre 6,5 et 7 MMDH, contre des levées pour le mois de mars à 10 MMDH. Point de vue Bouchaïb Horma Gérant d'OPCVM chez Marogest Une année favorable aux OPCVM obligataires MLT Si la sortie de l'Etat sur le marché extérieur de la dette se concrétise, le mouvement baissier de la courbe des taux auquel nous assistons depuis le début de l'année est appelé à persister en raison d'une demande importante des investisseurs en BT. Notons par ailleurs que les taux obligataires courts et moyens ont atteint les niveaux de baisse limites et donc devront se stabiliser. En revanche, sur le long terme, il reste encore une petite marge de baisse. Un investisseur rationnel va donc privilégier les placements obligataires moyen et long termes pour profiter au maximum de la baisse. Cependant, le Trésor ne pourra pas satisfaire l'ensemble de la demande des investisseurs sur ces segments. La bonne nouvelle est qu'en conséquence de la baisse des taux obligataires, nous devrions assister au retour des émetteurs privés. D'ailleurs, tout le monde attend le retour des émissions privées pour pouvoir faire le plein sur les obligations privées avec des maturités entre 5 et 7 ans. De ce fait, nous pouvons conclure que l'année 2014 serait plus favorable aux OPCVM obligataires MLT. Elle le serait moins aux OPCVM obligataires et OPCVM monétaires. Soulignons à ce propos que les OPCVM obligataires MLT ont enregistré une performance de 3,5% sur les trois premiers mois de l'année. Cela représente un potentiel de performances sur l'année supérieur à 12%. Cela dépendra de la concrétisation de la sortie de l'Etat sur le marché international.