En matière de déficit, les vœux du nouvel an sont restés vains. L'année 2012 s'est en effet achevée sur un déficit de près de 30 MMDH faisant entrer notre pays de plain-pied dans la spirale infernale de l'endettement, aussi bien sur le marché interne que celui externe. Or, le début d'année n'a pas connu de relachement à ce niveau . À un moment où tout le monde s'attendait à un soulagement sur le marché interne, suite à la sortie du Maroc sur le marché du dollar, la dernière sortie du Trésor auprès du marché financier marocain a surpris tous les spécialistes de l'économie et de la finance. Pour le début de l'année 2013, le marché tablait donc sur une légère détente des taux résultant de la sortie du Trésor à l'international, mais l'effet de cet emprunt s'est rapidement estompé donnant à une sortie record du Trésor sur le marché financier, lors du mois de janvier. Ainsi, lors des dernières adjudications, le Trésor a effectué une importante levée de près de 10,5 MMDH, un montant qui a été adjugé sur une demande de 14 MMDH en enregistrant d'importantes hausses sur le court, moyen et long termes. Ce montant est jugé surprenant par son ampleur, qui a dépassé de loin le programme de financement prévisionnel du Trésor, lequel varie entre 12,5 et 13 MMDH, sachant que le mois de janvier n'est pas encore terminé. Les avis sur cette levée restent par conséquent mitigés ! En levant le ton, certains analystes ont tiré la sonnette d'alarme en estimant que l'endettement à franchi le seuil autorisé en se situant dans une zone assez minée. Sur le plan théorique, les spécialistes estiment que le recours au marché domestique présente un double objectif, d'abord il réduit la dépendance à l'extérieur, tirant vers le bas le recours du Trésor vers l'emprunt en devises, puis il permet également d'absorber la surliquidité des banques commerciales à travers la mobilisation de l'épargne par l'émission de bons du Trésor sur le marché financier. «L'importance des recours au marché des adjudications reflète la volonté de se financer aux conditions du marché aux dépens de financements administrés». En parallèle, l'Etat est considéré souvent comme l'émetteur d'obligations le plus apprécié, car garantissant le remboursement aux investisseurs. Une ventilation de la dette publique intérieure par type de créances permet de relever la prédominance des bons émis par adjudication qui affichent une progression soutenue depuis le début des années 90, soit environ deux ans après la création des bons du Trésor émis par adjudication. Depuis, ce type de créances est devenu «la principale source de financement intérieur du Trésor». Il faut rappeler que le Maroc a créé en 1988 un marché des bons du Trésor émis par adjudication qui avait pour objectif d'instituer un marché actif des valeurs du Trésor où les volumes et les taux seraient déterminés par les règles du marché. D'emblée, selon les experts du Centre marocain de conjoncture, l'encours de la dette du Trésor a représenté en 2011, 65% du PIB contre 61% en 2010 et seulement 57% en 2009. Les emprunts effectués par le Trésor sur le marché domestique ne cessent d'augmenter pour atteindre 41,3% en 2012 contre respectivement 38,2% et 36,2% en 2011 et en 2010. Une telle situation, marquée par la forte pression sur le marché financier, a engendré par conséquent une forte hausse des taux sur les marchés obligataires. Rien n'échappe à cette hausse et elle touche toutes les maturités confondues. Du coup, le marché secondaire a enregistré un manque de dynamisme et son volume transactionnel est passé de 48 MMDH pour le premier trimestre 2012 à 30,5 MMDH pour le 3e trimestre 2012. «Cette baisse est due principalement au manque de visibilité sur la variation des taux et une certaine crainte de la continuité de la hausse». S'agissant du deuxième trimestre de l'année 2012, l'effet de la baisse du taux directeur de la Banque centrale a fait joué à plein sur les deux marchés secondaire et primaire. D'un côté, l'évolution de la courbe des taux secondaires a affiché une détente après un trend haussier. De l'autre côté, les niveaux de la courbe des taux primaires ont été significativement impactés par la baisse du taux directeur affichant un recul sur les maturités courtes et moyennes et ceci parallèlement à une progression sur le long terme. Une situation qui n'a pas duré longtemps, puisque le troisième trimestre 2012 a connu une hausse des taux sur tous les segments de la courbe. Cette perspective compromettrait la soutenabilité des finances publiques et menacerait du même coup les équilibres macroéconomiques. Au final, c'est de relance économique qui risque d'en patir. point de vue Kawtar Hsaine, Responsable Desk Sales au sein de la Société Générale Pour l'année 2012, le marché obligataire a été marqué par une importante hausse des taux. Cette tendance haussière est le résultat du recours important du Trésor au marché local. En effet, les levées brutes du Trésor durant l'année 2012 ont atteint les 120,6 MMDH, soit 27,7MMDH de levées nettes. Ces levées ont concerné toutes les maturités, avec d'une part, une concentration sur le moyen terme d'un pourcentage de 45.46% et d'autre part le très court terme et le court terme, qui se sont accaparés respectivement 16.16% et 22.32% du volume transactionnel, tandis que le long terme s'est contenté du reliquat, soit 16%. En ce qui concerne la variation de la courbe primaire, les taux ont pris un train haussier lors du premier trimestre. Par la suite et en raison de la baisse de 25 pbs du taux directeur par Bank Al-Maghrib en fin mars 2012, le marché a connu une détente des taux. Cette baisse de la courbe a été constatée lors du 2e trimestre. En revanche, cette tendance à la baisse n'a été que temporaire. En effet, vu la tension importante sur la liquidité du marché, le Trésor a donc dû augmenter le niveau de la courbe tous segments confondus, pour pouvoir se financer sur le marché local lors du 3e trimestre. Au 4e trimestre, Le besoin du Trésor s'est accentué, ceci vient confirmer la tendance haussière du trimestre précédent. Au fil de cette année, le marché secondaire a connu un manque de dynamisme accusant une baisse de volume de 42.29%. Cette baisse résulte du manque de visibilité sur la variation de la courbe ainsi que la crainte de la continuité de la hausse des taux engendrée par les interventions du Trésor sur le marché. Pour ce début d'année 2013, le marché s'attendait a une légère détente des taux suite à la sortie du Trésor à l'international. Néanmoins, l'effet de cet emprunt s'est rapidement estompé vu la dernière levée du Trésor qui atteint un montant de 10.4 MMDH, en une seule séance, provoquant une hausse très importante sur la courbe. Les avis sur cette dernière levée restent mitigés.