Le Trésor a eu recours de moins en moins au marché des adjudications. Naturellement, les rendements concédés ressortent en forte baisse.. Le premier trimestre de 2014 a consacré le retournement du marché obligataire après des années de hausse des rendements. C'est ainsi que les analystes de Marogest résument la situation sur le marché obligataire en ce début d'année. «Ayant bien maîtrisé ses besoins de financement, le Trésor a eu recours de moins en moins au marché des adjudications en dépit d'une demande phénoménale de la part des investisseurs», expliquent les analystes de la société de gestion d'actifs. En effet, la situation des finances publiques est moins déficitaire à fin mars 2014 qu'à fin mars 2013. Les recettes ordinaires se sont établies à 50,6 MMDH contre 49,4 à fin mars 2013. Une hausse de 2,5% tributaire principalement du redressement des recettes de l'impôt sur les sociétés qui se sont établies à 13,4 MMDH à fin mars 2014 contre 12 milliards un an auparavant, soit une hausse de 11,9%, sachant que les recettes de l'IS réalisées à fin mars 2013 avaient enregistré une baisse de 21,5% ou -3,3 MMDH par rapport à l'année précédente. Les dépenses ordinaires, elles, ont diminué de 13,3% à 52,7 MMDH résultant principalement de la baisse des charges de la compensation (6,6 MMDH contre 16,5 un an auparavant). Les premières mesures de réforme de la Caisse de compensation (suppressions des subventions par l'Etat de l'essence super et du fuel ) donnent d'ores et déjà leurs fruits. Ainsi le solde ordinaire est ressorti négatif de 2 MMDH comparativement à -11,4 MMDH durant la même période en 2013. Cette amélioration significative a contribué à l'allègement du déficit budgétaire, qui passe à 15,4 MMDH à fin mars 2014, après avoir frôlé 22,5 MMDH au terme du premier trimestre de l'année passée. Ainsi, en maîtrisant bien ses besoins de financement, le Trésor a eu recours de moins en moins au marché des adjudications, en dépit d'une demande phénoménale de la part des investisseurs. En effet, ces derniers ont formulé pourtant une soumission trimestrielle pour le moins énorme, égalant 243 MMDH. «Ceci nous donne une soumission moyenne par séance adjudicataire de 18,7 MMDH. Tandis qu'en 2013, la moyenne des soumissions des investisseurs n'a même pas dépassé 8 MMDH. Pour expliquer cette situation, on avancerait le retour de confiance des investisseurs, qui croient à une amélioration des finances publiques», développent les analystes de Marogest. De son côté, le Trésor n'a levé que 32,8 MMDH, comparativement aux 45,9 MMDH mobilisés pendant les trois premiers mois de 2013, soit une baisse de 29%. Les BDT à 10 ans pèsent 75% des levées de mars En face d'un remboursement en capital de 22,4 MMDH, la levée nette du Trésor au cours des trois premiers mois a ainsi atteint 10,4 MMDH, à comparer avec 19 MMDH pendant la même période en 2013. «Pour ce faire, le Trésor a commencé par délaisser le segment court terme au profit du moyen terme. La demande des investisseurs a été si importante qu'il s'est permis de privilégier les maturités 10 et 15 ans», notent les même analystes. La strate [2 à 5 ans] ne représente que 15% des levées de mars, contre 48% et 72% en février et janvier respectivement, alors que les BDT de maturité supérieure ou égale à 10 ans pèsent 75% des levées de mars contre 46% en février et 20% en janvier. In fine, le Trésor a dicté sa loi. Il s'est financé principalement sur les segments moyen (44%) et long termes (48%). Naturellement, les rendements concédés par le Trésor ressortent en forte baisse comparativement à fin 2013 (voir tableau). Seul le ténor 20 ans a augmenté au terme du trimestre écoulé par rapport à fin 2013. La dernière séance d'adjudications du mois de mars a été marquée par la souscription, pour la première fois depuis août 2012, de bons du Trésor 20 ans, pour pas moins de 2 MMDH, montant dix fois supérieur à celui de 2012. En définitive, le taux de rendement de cette maturité se bonifie de 115 points de base, à 5,97%. Par ailleurs, les investisseurs ont été plus dynamiques sur le compartiment secondaire du marché des BDT pendant le premier trimestre de 2014, avec un volume transactionnel de près de 67 MMDH, contre 29 milliards il y a un an. «Cette situation s'explique par l'anticipation de baisse des rendements», affirment les analystes de Marogest. Aussi, notons le poids des opérations de rachat ou d'échanges de bons auxquelles le Trésor a procédé dans le cadre de la gestion active de la dette intérieure, en vue de réajuster le profil de la dette (voir www.leseco.ma /Trésor : Retour en force des séances d'échanges). Ces opérations ont porté sur un montant global de 17,6 MMDH.