Le deuxième trimestre 2014 s'est inscrit dans la même tendance baissière que celle de la courbe des taux, mais cette fois-ci sur un marché en net ralentissement en termes d'activités, et ce, à cause de la faiblesse des levées du Trésor et du niveau jugé trop bas de la courbe des taux d'intérêt. Le ralentissement de l'activité sur le marché des titres souverains et la baisse continue des taux d'intérêt sont les principaux faits marquants qui ont caractérisé le marché obligataire. C'est ainsi que les analystes de la société de gestion Marogest résument la situation sur le marché obligataire durant le deuxième trimestre de l'année 2014. Ainsi, le premier semestre de 2014 a consacré le retournement du marché obligataire après des années de hausse des rendements. En effet, «Après avoir vécu un premier trimestre foudroyant avec une forte demande des investisseurs sur le marché primaire des bons du Trésor (BDT) induisant par la même occasion une chute spectaculaire des taux d'intérêt, le deuxième trimestre s'est inscrit lui dans la même tendance baissière que celle de la courbe des taux, mais cette fois-ci sur un marché en net ralentissement en termes d'activité à cause de la faiblesse des levées du Trésor et du niveau jugé trop bas de la courbe des taux d'intérêt par un certain nombre d'investisseurs institutionnels», expliquent à cet égard les analystes de Marogest. Des niveaux de baisse record Ainsi, dans un contexte d'amélioration continue des finances publiques et de maîtrise de ses besoins de financement, le Trésor a dû limiter son recours sur le marché primaire des BDT en adjugeant seulement un montant de 13,4 MMDH contre 32,8 MMDH durant le premier trimestre, soit en baisse de 59%. Quant aux levées nettes du Trésor, elles se sont affichées à 2,2 MMDH durant le deuxième trimestre contre 10,4 MMDH durant les trois premiers mois de l'année. Fidèle à sa politique de prédilection ciblant les segments moyen et long termes de la courbe des taux menée durant ces derniers temps, le Trésor a concentré 43% de ses levées sur le moyen terme et 41% sur le long terme. Quant à la structure de la demande en titres des investisseurs (soumissions aux séances d'adjudication), elle reste dominée par le court et moyen termes avec 39% des demandes chacune. S'agissant de l'évolution de la courbe des taux d'intérêt sur le marché primaire des BDT, celle-ci a continué sur la même trajectoire baissière du premier trimestre avec un rythme moins prononcé pour le court et moyen termes et plus marqué sur le long terme. Ainsi, les maturités 52 semaines et 2 ans s'affichent respectivement à 3,20% et 3,26%, soit des niveaux record depuis l'année 2006. Les autres maturités ont suivi le même pas avec des baisses depuis le début d'année de 128 points de base (pb), 126 pb et 84 pb respectivement pour le 5ans, 10 ans et 15 ans. Seule la maturité de 20 ans a augmenté au terme du premier semestre par rapport à fin 2013. En effet, la dernière séance d'adjudications du mois de mars a été marquée par la souscription, pour la première fois depuis août 2012, de bons du Trésor 20 ans et pour pas moins de 2 MMDH, un montant dix fois supérieur à celui de 2012. Sur le compartiment secondaire du marché des BDT, les investisseurs ont été moins dynamiques que durant le premier trimestre. Le volume global des transactions est passé de 67 MMDH à 45 MMDH. Ainsi, la répartition des volumes par segment de maturité pour le premier semestre ressort à 63% pour le court terme, 10% pour le moyen terme et 27% pour le long terme. Dynamisation de la dette privée Pour ce qui est du marché de la dette privée, étant donné «la baisse des taux qui a laminé l'intégralité de la courbe, les émetteurs de la dette privée se sont en toute logique jetés sur l'occasion en multipliant leurs sorties. La batterie d'instruments de financement dont ils disposent et qui vont des certificats de dépôts, des billets de trésorerie, des bons de sociétés de financement, aux obligations, ont pour l'occasion accusé une hausse importante de leur encours» souligne à ce propos, Mouhammed Mariane, directeur de Marogest. Seuls les certificats de dépôts «émis exclusivement par les établissements de crédit» ont dérogé à cette règle, grâce à l'amélioration de la situation de la liquidité du système bancaire. «On peut alors avancer avec certitude que tant que les taux d'intérêts campent dans ces bas niveaux, le marché de la dette continuera de séduire les émetteurs privés, qui privilégieront cette voie de financement moins onéreuse que le mode de financement classique via la voie bancaire», affirme le directeur de la société de gestion. Ceci dit, les souscripteurs sont de plus en plus regardants aux risques et préfèrent même laisser passer certaines émissions plutôt que de s'engager dans un risque non maîtrisable. «Des mécanismes de protection additionnelle, comme ce qui vient de faire Addoha, qui assortit son emprunt obligataire d'une hypothèque sur un bien, doivent faire partie des pratiques courantes pour intéresser les souscripteurs aux émissions», nous confie Mouhammed Mariane. Pour mémoire, les levées au titre des certificats de dépôts ont atteint à fin juin 26,9 MMDH contre 20,6 MMDH durant la même période de 2013. Quant aux émissions de billets de trésorerie et de bons de sociétés de financement, elles ont connu sur les six premiers mois de l'année une nette amélioration comparativement à la même période de l'année précédente, passant de 5,6 MMDH à 7,7 MMDH. Au total, les émissions de titres de créances négociables ont atteint 5 MMDH en juin et demeurent dominées par les certificats de dépôts avec une part de 63%. Suite au remboursement d'un montant de 8 MMDH, l'encours de ces titres a atteint 75,8 MMDH, en légère baisse de 0,6% par rapport à 2013. Une correction à la hausse envisageable En conclusion, le Trésor semble jusqu'à présent bien gérer ses besoins de financement pour l'exercice 2014. En effet, les deux marchés de la dette interne/externe lui ont facilité la tâche dans la mesure où d'un côté sur un plan interne la demande en bons du Trésor a été phénoménale suite à des besoins importants en termes d'allocation des actifs pour les institutionnels locaux et de l'autre coté la souscription réussie des investisseurs étrangers à l'émission obligataire lancée par le Maroc, dans un contexte marqué par la volonté déterminée des pouvoirs publics d'entamer des réformes en vue d'une amélioration certaine de ses indicateurs macro-économiques. La situation donc sur le marché obligataire laisse à constater une baisse importante de la courbe des taux d'intérêt depuis le début de l'année même excessive au goût de certains institutionnels de la place, une amélioration continue des conditions de liquidité sur le marché monétaire et une demande sur les titres monétaires et obligataires, y compris la réallocation des actifs due aux remboursements des titres dans les portefeuilles. «Il se dégage ainsi, suite à ces données, un large consensus de la place autour d'une stabilité des taux d'intérêt pour le reste de l'année», commentent les analystes de Marogest avant d'arguer : «toutefois, une correction technique des taux à la hausse n'est pas à exclure» et ceci en raison d'un mouvement vendeur sur le marché secondaire qui peut se déclencher à la suite d'importantes opérations de rachat dans les OPCVM «OMLT».